Chapitre 68 - Séparation

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Le Soleil n'était même pas encore levé, lorsque Lenwë se réveilla en sursaut, un cri tout juste retenu. Autours de lui, il n'y avait plus de flammes ou de corps ensanglantés, mais de l'herbe, des arbres, et Gïlraen qui dormait paisiblement, face à lui. Vinia, ainsi que Firandhïl, semblaient absents, toujours à faire les guets afin de prévenir le moindre danger. Il était en nage, et soupira, se mettant le revers de sa main sur le front, et se laissa tomber sur le dos, allongé dans l'herbe, une discrète larme coulant alors sur sa joue. Son cœur battait à tout rompre.

« Encore ce cauchemar... ? Fit Dark en sortant de l'ombre.

...Encore et encore et toujours...Il ne disparaît pas...

Je pourrais t'empêcher de faire ces rêves, si tu le désires. Mais je n'estime pas avoir le droit de te les enlever.

M'empêcher d'en rêver...ou plutôt d'en cauchemarder, ne changera pas grand chose...Ce souvenirs revient aussi bien la nuit que le jour. Après tout, c'est l'événement déclencheur de tout ce qu'il se passe aujourd'hui...et puis, ça me rappelle ce que je suis. Un rescapé.

Mais tu as été retrouvé, et tu as été sauvé.

Sauvé ?....En quelque sorte. Il est vrai que je suis plus en paix avec moi-même, depuis quelques temps...Mais malgré la mort de cette ordure....ce passé continue de me hanter...

Tu devrais continuer à te reposer. Aujourd'hui, nous partirons à la recherche de la première partie de la relique Reïca. »

Dark rentra dans l'ombre, laissant Lenwë respirer calmement, réfléchissant et revivant ce cauchemar. Il regardait le ciel d'un regard vide, terne. Les étoiles ne disparaissaient pas encore. L'aube commençait à peine à éclaircir légèrement ce ciel sombre tout juste parsemé de quelques nuages solitaires. Il se leva, regardant Gïlraen avant d'aller un peu plus loin vers la rivière, à l'écart, hors de la clairière. Des sandroles volaient encore autours de lui, et il partit s'asseoir sur la berge, regardant son reflet à la surface de l'eau. Il se fichait d'être encore fatigué. Ce rêve occupait tout son esprit. Ce cauchemar qui revoit encore et encore, malgré le fait qu'il ait vaincu celui qu'il a encore vu abattre sa lame sur sa chère petite sœur. Cette scène en particulier le terrifiait. Revoir ce regard vide, mort, posé sur lui, des larmes coulant tout juste sur ce visage. Mais non, ce n'était pas le visage d'Irae...c'était celui de Gïlraen ! Le visage qu'il avait vu lors du combat. Lorsqu'il avait transpercé Gïlraen, qu'il l'avait vue tomber à ses pieds, raide morte. Il ne se rendait pas compte qu'il pleurait, et se mit les mains sur les yeux, comme pour cacher l'illusion qu'il avait devant lui. Celui du cadavre de son amie. Il entendait encore ce rire, derrière lui, et finit par se recroqueviller, larmoyant, les mains alors sur les oreilles, et les yeux fermés. Il sentit alors une main sur son épaule.

« Lenwë ?

Il écarquilla les yeux et sursauta avant de s'écarter violemment, sa main frappant ce qui le touchait.

NON !

Lenwë !

Il leva les yeux, et vit alors Gïlraen, qui était devant lui, surprise comme jamais, et elle observait son ami, qui était tremblant, sa main tendue devant elle.

Gïl...Gïlraen... ? Je...

Qu'est-ce qui t'arrive ? Que fais-tu ici, hors de la clairière ?

Le dernier elfe noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant