Le dernier elfe noir

Chapitre 20 - Sentiments cachés

        Après cette conversation qui fut rapidement stoppée, Gïlraen et Lenwë dormaient tout deux comme des masses. Jamais ils n'auraient pu croire que ce maudit poison ré-apparaîtrait ainsi, alors que tout le monde pensait qu'il était neutralisé pour encore quelques jours. Même Dark pensait que ce n'était plus un danger. Et Lenwë avait eu peur que ce dernier soit découvert. Très peur, même. Heureusement que Gïlraen avait trouvé des arguments suffisamment convaincants, menant Jyll et Alwë sur une piste totalement fausse, mais qui semblait bien plus solide que ce qu'elle pensait. Il est vrai que Dark était la cause de cette puissance accrue du sortilège. Il est sa puissance magique en personne, et il a grandit avec Lenwë, tant en force qu'en endurance. Et il influe donc la puissance des sorts que Lenwë lança. Mais pourquoi voulaient-ils absolument qu'il lance un sort devant eux ? Dark ne serait plus un secret si bien caché et serait découvert ? Après tout, il est vrai qu'il devrait encore être inconscient, après ces blessures qu'ils a subies.

Le matin arriva vite, et comme à son habitude, Cendarth vint leur apporter de quoi manger. Sauf qu'à présent, c'était Lenwë qui lui laissait de quoi payer les frais supplémentaires. Après tout, Cendarth est un humble artisan vivant seul, vivant au premier niveau. Il n'est pas assez riche pour payer autant de choses pour trois personnes aussi longtemps. À son arrivée dans la chambre, il ne fut pas surprit de voir qu'ils étaient encore tout deux dans un profond sommeil. Après tout, l'une avait encore veillé un bon moment de la nuit sur Lenwë après son évanouissement de la veille, et ce dernier dormait encore, sans doute encore à cause de l'effort de celui-ci, et du poison qu'il l'a de nouveau affaibli. La fiole d'antidote était encore bien pleine, et d'après la taille du flacon et son contenu, il songeait qu'il y en aurait suffisamment pour deux semaines. Il se rassura en se disant qu'Arros ne devrait pas tarder à trouver le bon antidote, avec Alwë pour l'épauler. Et c'est le meilleur dans ce domaine. Les plantes même les plus rares n'ont plus aucun secret pour lui, et avec un mage blanc elfe pour l'aider, ce sera chose rapide. Cendarth déposa le plateau sur le chevet entre le bureau vers le pied de lits de Gïlraen, et s'assit sur la chaise, toujours entre eux deux. Aujourd'hui étant son jour de repos, il n'ouvrira pas son échoppe. Il regarda Gïlraen dormir paisiblement, mais Lenwë semblait un peu plus agité. Derrière ses paupières, ses yeux bougeaient, et il semblait un peu tremblant, et fiévreux. Serait-ce dû au poison ? Ou a un rêve ? Il n'en savait rien. Peut être même que les deux réponses sont justes. Le gaze sur son front était chaud, et il partit le remplacer par un autre qu'il avait mit sous l'eau. Mais sa fièvre semblait moins forte que la veille lorsqu'il avait été ramené. Il avait eut sacrément peur en le voyant ainsi évanouit. Le maître l'avait porté sur son dos, et Gïlraen l'accompagnait, l'air affolée, et il avait directement commencé à lui humidifier le visage qui était brûlant. Mais à présent, tout semblait être calmé. Il soupira en repensant à cette arrivée quelque peu houleuse, et resta un moment à veiller sur eux. Mais Lenwë se réveilla quelque temps après, visiblement encore un peu sonné.

« Tu es déjà réveillé, Dark ?

Difficile de rester endormi, avec le boucan que tu faisais fit-il en esquissant un sourire.

Eh bien, si tu as la force de plaisanter, c'est que tu es en forme, non ? Et puis je n'ai pas fais tant de bruit que ça, regarde. Gïlraen dort encore.

Tout deux regardèrent vers la jeune fille qui dormait encore à poing fermé. Elle leur tournait le dos, mais ils voyaient bien qu'elle dormait d'un sommeil paisible.

Eh bien dis-moi, fit Cendarth en se tournant vers Lenwë qui continuait de fixer Gïlraen, j'ai bien l'impression que tu tiens à elle, hein ? Et ça m'a tout l'air réciproque, ria-t-il.

De quoi parles-tu, encore ?

Allons, tu ne vas quand même pas me dire que tu as remarqué ? Elle n'arrête pas de rougir quand on lui fait ce genre de remarques. Mais forcément, toi, tu ne dis rien, et ne fais montre d'aucune réaction quand ça arrive.