〖 Prologue 〗

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27 décembre 1978, Manoir Izolat, Roumanie

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27 décembre 1978, Manoir Izolat, Roumanie

Cela fait plus de deux cents ans que l'Europe de l'est n'avait pas connu de tempête aussi glaciale que celle qui envahissait les Alpes de Transylvanie depuis presque une semaine. Les rares petits paysans qui habitaient les montagnes ont été contraints de quitter temporairement les lieux, le gouvernement ayant annoncé à la télévision moldue qu'une alerte météo était déclenchée dans le sud du pays et qu'il se déresponsabilisait dès lors de tout préjudice subi par les habitants ayant choisi de rester en altitude.

À l'extérieur du Manoir, tout était gelé. Un vent glacial et meurtrier soufflait tout autour de la demeure, à tel point qu'il fut difficile pour Ferdaous, la mère de Marius, de savoir si l'heure de servir le dîner était arrivée.

Au troisième étage du Manoir se trouvait la chambre de Marius de Suroj et de son épouse, Liv Rosier, que ces derniers occupaient lorsqu'ils venaient rendre visite à sa mère. Seules trois des six bougies du lustre éclairait la pièce, dont les murs blancs étaient teintés du même bleu que celui des monts glacés entourant la bâtisse.

- "Très bien, ce sera donc Erzsébet Rose pour la première". Marius prononça ces mots, tourné vers la fenêtre, l'esprit à moitié ailleurs.

Liv était allongée sur le lit, encore plus pâle que le permettait son teint de demi-vélane, caressant du bout de ses doigts fins et gracieux son ventre anormalement gonflé. "Oui, c'est très bien ainsi."

- "Mère a proposé Feryel pour la seconde."

- "Qu'est-ce que ça signifie ?"

Marius mis du temps à répondre, bien que se rappeler du nom que sa mère n'avait cessé de lui proposer depuis le début de grossesse de Liv ne lui demandait pas beaucoup d'effort. "Justice, en arabe. C'est le nom de sa propre grand-mère, une sainte femme d'après maman...".

À l'entente du prénom, le corps faible et presque insensible de Liv s'anima doucement d'un remous dans le bas du ventre. Elle reprit doucement les caresses que l'épuisement l'avait obligé à cesser.

Marius se tourna vers son épouse. Elle lui souriait, presque amusée. "C'est très joli, je crois qu'elle aime beaucoup".

Personne ne savait plus que lui ô combien il n'avait pas envie de rire ce jour-là, parler sans laisser entendre le serrement dans sa gorge s'avérait déjà être une tâche ardue. Pourtant, à la vue du sourire de son épouse, l'âme de Marius se réchauffa un peu. La pièce lui paraissait plus lumineuse, comme si le reste des bougies du lustre s'étaient allumées, accentuant les reflets de la lumière dans les longs cheveux blonds et brillants de Liv. Il n'eut d'autre choix que de répondre au doux sourire de sa femme par un autre sourire plus discret, plus rapide, moins sincère.

Avant que son époux ne se remette à penser l'état de santé dans lequel elle se trouvait depuis son retour de Russie, Liv ajouta : "J'ai pensé à Madalina pour le deuxième prénom".

Unutma ✞  𝚃𝚘𝚖 𝙹𝚎𝚍𝚞𝚜𝚘𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant