Jour 5-1

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            Le week-end fut ennuyeux au possible pour Vincent, entrecoupé par les taches ménagères et les courses, seul dans ce studio chargé de souvenirs. Le réveil du lundi matin sonna comme une bénédiction pleine d'espoir et de renouveau.

Après le sempiternel rassemblement du matin, le militaire se retrouva à attendre devant le bureau du Capitaine, accompagné d'Arthur et d'autres collègues dans un silence légèrement inquiet. Quand enfin ce fut à son tour de rentrer dans le bureau, Vincent se présenta mécaniquement. Cet acte, devenu un réflexe, était une formalité purement militaire et pesante, mais malheureusement obligatoire.

Lorsqu'il se décida à regarder le bureau devant lui, il vit non pas le, mais la Capitaine, assise au bureau du Commandant d'Unité, avec le dossier du jeune homme ouvert devant lui. Sans lever le nez du dossier, elle le mit au repos et l'enjoint à s'assoir sur la chaise mise face à elle, ce qu'il fit.

<< — Soldat de première classe Vincent Mordu, vingt-six ans, en couple.

— Ha non, plus depuis jeudi.

La Capitaine releva la tête, un sourire compatissant sur les lèvres et un visage triste et fatigué.

— Ha ? Vous aussi ?

Le soldat ne releva pas, mais répondit au sourire de la Capitaine par un autre chargé d'amertume.

— Bien, je vais corriger votre dossier tout de suite.

Se saisissant d'une gomme, elle apporta la modification et reprit sa lecture.

— Je vois un personnel assez atypique, dans ce dossier.

— Je vous demande pardon ?

— Et bien, vous avez eu votre bac ES avec mention "Très Bien", ensuite vous avez fait des études de management des unités commerciales, vous êtes militaire depuis deux ans et avez déjà reçu des lettres de félicitations, mais vous êtes assez mal noté. Et pour finir, je vois que vous êtes l'un des rares militaires du rang de ce régiment à être qualifié en anglais, espagnol, allemand, italien, russe et même japonais. Je ne comprends pas que vous ne soyez pas déjà parti pour Saint Maixent afin de devenir Sous-officier semi-direct... Vous pouvez m'éclairer sur tout ceci ? Et si vous êtes en désaccord avec votre dossier, n'hésitez pas à me le dire.

Vincent pinça les lèvres avant de répondre avec un détachement forcé.

— Ho, c'est assez simple, quand on y pense. Mes parents voulaient que je fasse des études. Mon père ne voulait surtout pas que je sois militaire, soit dit en passant. Il était totalement contre, il pense que c'est un métier de fou.

— Un rageux du service militaire ?

— Non, malheureusement... Un Major.

— Le Major de la réserve active ? Le Major Mordu ?

— Affirmatif... Pour mon plus grand malheur...

— Pourquoi ?

— Parce que vivre dans l'ombre de quelqu'un, être le fils de, ce n'est pas facile. J'ai eu mes lettres de félicitations pour mes examens de langue parce que je suis le fils de mon père, et ça m'a fait honte... Alors à côté de ça, si je suis mal noté c'est parce que je me suis permis de remettre en cause le commandement de mon chef de peloton. Je pensais que mes études pouvaient l'aider, et qu'il accepterait mon aide. Grand bien m'en prit. Je n'ai pas été puni, à cause de mon nom, mais j'ai été saqué... Vous comprenez ce que je veux dire ?

— Oui, plutôt. Après tout, je suis la fille du Général Monterry.

— Je me disais bien que ce nom ne m'était pas inconnu. Et donc c'est pour ça que vous n'avez jamais pris de commandement avant aujourd'hui. Parce que vous ne vouliez pas que les hommes se sentent obligés de vous obéir à cause de votre père. ?

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant