Jour 47

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Le lundi matin, quand le couple arriva à l'escadron avec l'attitude professionnelle qu'ils adoptaient jusque là, Vincent fut littéralement ovationné par la quarantaine de ses collègues présents. Rougissant, il serra les mains qu'on lui tendait et encaissa les tapes dans le dos sans broncher, jusqu'à ce que ce soit le tour du Lieutenant de se présenter devant lui, entraînant un silence immédiat et lourd, tandis que les deux hommes se dévisageaient.

— Mordu, félicitations pour votre coup d'éclat.

— Merci, Mon Lieutenant.

Tous retenaient leur souffle, attendant le moment inévitable où ces deux hommes commenceraient leur joute verbale.

— Je pense toujours que vous n'êtes qu'un prétentieux qui ramène sa science, mais je sais maintenant que vous ne devez vos examens et récompenses qu'à votre seul mérite, et non à votre nom.

Vincent fit une drôle de moue en opinant lentement du chef avant de répondre.

— Pour ma part, je pense toujours que vous n'êtes qu'un emmerdeur, mais je sais maintenant que vous n'êtes pas aussi imbu de votre personne que vous le sembliez, puisque vous savez changer d'opinion. Après tout, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis.

Le Lieutenant serra les dents dans un sourire contraint, avant de répondre.

— Justement... Nos querelles ont commencées quand vous m'aviez fais des suggestions pour améliorer ma manière de commander... Peut-être faudrait-il que je reconsidère ma position et que nous reprenions le débat. Après tout, vous avez réalisé une prouesse de charisme, et avec les pires soldats que je connaisse.

— Sauf votre respect, Mon Lieutenant, ce ne sont pas de simples soldats. Il faut apprendre à composer avec ces hommes, car ce sont LES BOUGRES !

En disant cela, il leva les bras bien haut, immédiatement imité par les intéressés qui crièrent leur joie, puis par le reste de l'escadron. Même la Capitaine se prit au jeu, et le Lieutenant finit par les rejoindre dans la liesse collective. Le service de semaine les rappela alors à l'ordre, et tous embarquèrent dans le bus. Le Lieutenant reteint néanmoins Mégane et Vincent, et leur demanda de monter dans sa voiture.

— Mégane, Mordu, je dois vous présenter mes excuses. C'est un peu à cause de moi que tout a été si difficile ces derniers jours.

Vincent le regarda avec surprise avant de répondre.

— Je vous demande pardon, Mon Lieutenant ?

— Mordu, je pense que vous êtes au courant, l'ex-compagnon de la Capitaine est actuellement mon compagnon...

— Je sais...

— Quand il a apprit que je n'étais pas l'OA (Officier Adjoint, le numéro 2 dans la chaine hierarchique de l'Escadron) de remplacement, il a vu ça comme une vengeance. Du coup, il a fait tout ce qu'il a pu auprès du CDC (Chef de Corps) pour que tout ce passe mal pour notre escadron, à commencer par le point de départ de votre expédition de ce week-end. Et là, il est d'autant plus énervé que son groupe, qu'il a dirigé lui-même, est arrivé dernier après avoir été capturé cinq fois... J'ai bien essayé de lui faire comprendre plusieurs fois que vous n'y étiez pour rien, et que vouloir passer ses nerfs sur vous était inutile, il ne m'a pas écouté. Nous nous sommes même séparés ce matin...

Mégane ne répondit rien, et ne ressentait aucune peine pour le Lieutenant. Non pas qu'elle ressente encore grand-chose pour son ex, mais c'était quand même, selon elle, à cause de lui qu'ils s'étaient séparés. Vincent rompit le silence gênant qui s'était installé.

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant