Jour 1016 - 2

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Mégane finissait de se sécher les cheveux dans le bureau de Vincent et Arthur après le parcours naturel. Pour éviter de salir la voiture, elle avait pris des affaires de rechange et s'était lavée à l'instruction directement, profitant de ce temps passé avec l'encadrement pour éclaircir certains points. Alors qu'elle débranchait son sèche-cheveux, elle aborda le sujet qui lui tenait le plus à cœur.

— Parlez-moi de Detarce.

Arthur sourit avant de répondre.

— C'est Vincent avec un vagin.

L'intéressé haussa un sourcil interrogateur tandis que Mégane rigolait, et Arthur reprit.

— Elle n'a pas froid aux yeux, rien ne semble capable de l'arrêter, et elle donne l'impression de vouloir bouffer la terre entière.

— Seulement elle essaye trop de prouver ce qu'elle vaut, comme si elle n'avait pas confiance en elle.

— C'est bien ce que je dis, Vincent. C'est toi avec un vagin.

Vincent soupira.

— Je ne passe pas mon temps à essayer de prouver ce que je vaux.

Curé le coupa.

— Non, tu n'essaie plus, nuance. Ce qui nous permet de nous dire que tu as fini par comprendre ta valeur pendant que tu étais à Saint Cyr. Mais avant, t'étais comme elle, le diable au corps et la rage au ventre.

— Suffit de voir le challenge évasion ou ton combat contre le Capitaine...

Bras croisé, Lavalik dévisageait son Lieutenant sans sourciller, et celui-ci ne put qu'acquiescer.

— OK, disons que vous avez raison... Maintenant on peut en revenir à Detarce ?

Sortant un dossier de l'armoire à côté de son bureau, il le posa devant son ordinateur et commença à lire à haute voix.

— Detarce Annette, dix-neuf ans, originaire de Toulouse, des études pour être infirmière qu'elle n'a pas mené à terme, père gendarme, mère institutrice, un frère pompier et une sœur infirmière, son profil psy dit qu'elle a grandi dans un milieu où servir son pays est la norme qu'importe l'uniforme. J'ai peur qu'elle ait choisi l'armée par dépit... Et si quelqu'un me compare de nouveau à elle, ça va chier.

Mégane déroula la serviette qui enserrait ses cheveux avant de répondre.

— Moi, je crois que tes peurs à son égard reflètent l'incertitude te concernant quand à ton propre engagement.

Vincent la foudroya du regard mais Mégane n'en tint pas compte et demanda.

— Ses notes ?

Vincent tourna deux pages dans le dossier avant de répondre.

— Dix-neuf et demi de moyenne à l'écrit, vingt au tir, onze en sport mais s'acharne pour faire monter son niveau. Sa détermination frôle l'obstination. Elle a dit qu'elle finirait major de promo, et elle s'en donne les moyens.

Mégane sourit.

— Elle a d'autant plus de mérite que ce n'est pas facile d'être une femme dans ce métier machiste. Partant du principe que ses résultats sportifs datent de ses premiers jours ici, à combien l'estimez-vous maintenant ?

Curé fut le premier à répondre, un sourire presque admiratif aux lèvres.

— Un bon quinze. Elle se donne vraiment à fond. Elle a toute mon admiration.

Lavalik le poussa du coude.

— T'es amoureux ?

Le sourire de Curé disparut immédiatement.

— Ta gueule.

Le reste du peloton se mit à rire avant que Mégane reprenne.

— En clair, cette jeune femme damne le pion à tous ces gros balourds.

Vincent fit non de la tête.

— Elle pêche un peu au combat et au TIOR. Mais elle ne manque pas de combativité pour autant.

Mégane croisa les bras en réfléchissant pendant quelques instants avant de parler.

— Vous lui suspendez ses QL.

Tout l'encadrement ouvrit de grands yeux étonnés alors qu'Arthur s'écriait.

— Mais pourquoi ?

Un léger sourire au visage, la jeune femme expliqua.

— Vous allez lui faire faire des heures supplémentaires. Vous n'allez pas la lâcher, elle va combattre et se battre sans relâche jusqu'à la fin de la FGI (Formation Générale Élémentaire, les classes quoi...).

Vincent croisa les mains devant la bouche.

— Ca va se savoir, et ça va hurler au favoritisme... Nous allons leur proposer ça sur une base de volontariat, et la prendre elle entre quatre yeux pour lui dire qu'elle n'a pas le choix. De toute façon, je pense qu'elle sera volontaire quoi qu'il arrive.

Mégane opina avant de reprendre.

— A l'issue de la FGI, vous ne me la lâchez pas. Elle a deux ans pour devenir encore plus performante pour être major de FGE (Formation Générale Élémentaire, permettant d'obtenir un CME [Certificat Militaire Élémentaire], permettant lui-même de devenir Brigadier/Caporal et/ou de postuler à Saint Maixent l'École pour devenir Sous-Officier semi-direct) et mettre la nique à tous les gars du régiment.

Arthur rigola.

— Ca sent l'esprit de compétition ici. Enfin, je dois reconnaitre que tu as raison. Elle a du potentiel.

Finissant de ranger ses affaires dans un sac de sport, Mégane conclut.

— Bien, l'affaire est entendue. Sur ce, bonne journée.

La Capitaine partit embrasser son fiancé avant de quitter le bureau, puis Vincent se releva pour aller donner un cours sur les mines et les explosifs.

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant