Jours 627 et 628

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— Donc, exception faite des rations et de l'armement, personne n'a accepté de vous laisser percevoir ?

Mégane observait son fiancé changeant leur fils, soucieuse du calme dont il faisait preuve face à cette déconvenue.

— C'est exactement ça... On ne va pas chialer, on a de la bouffe, de l'eau, des armes et des munitions... C'est mieux que rien...

Depuis le début du week-end, il n'avait pas souri une seule fois, mais gardait toujours à portée de mains un carnet dans lequel il notait toutes les idées lui traversant l'esprit. N'y tenant plus, Mégane s'en saisit pour le feuilleter tout en dépliant la carte au format A4 à l'intérieur.

— Hey, tu fais quoi ?

Sans un regard pour lui, elle lui répondit.

— Je regarde, ça ne se voit pas ?

Alors qu'il finissait d'enfiler son pyjama à Elliot, Vincent murmura.

— Je ne suis pas sûr que ça va changer grand choses...

Mégane lui lança un regard courroucé.

— Pourquoi je te prie ? Tu es le seul génie ici, c'est ça ?

— Quoi ? Ah non ! Ça n'est absolument pas ce que j'ai voulu dire !

— Je préfère ça. Alors expliques toi.

— Je planche dessus depuis des jours sans trouver la queue d'une solution... On est samedi soir j'ai perdu espoir...

Mégane bu une gorgée de sa bière avant de répondre.

— Et tu ne t'es pas dit que justement parce que tu es dessus depuis trop longtemps, tu ne vois plus rien ? tu as besoin de regards neufs. Commandes des pizzas, je m'occupe du reste.

— Mais...

— On s'exécute, Lieutenant ! Huit en tout.

— Reçu Capitaine...

Penaud, Vincent redéposa Elliot dans son landau avant de partir vers la cuisine en maugréant, tandis que sa fiancée se saisissait de son téléphone portable pour écrire un message.

Dans la demi-heure qui suivit, une personne sonna chez eux, et Vincent, persuadé qu'il s'agissait du livreur de pizzas, ouvrit la porte avant de la claquer d'un coup sec et de s'adosser à elle, visiblement pris de panique. Mégane lui lança un regard dubitatif auquel il jugea utile de répondre.

— Je viens de voir un truc horrible...

— Quoi donc ?

— Une vision d'horreur... Loïc et George qui se roulaient une pelle devant notre porte... j'ignorais que c'était Halloween...

— Tu es ridicule... Ils viennent essayer de t'aider. Et il n'y aura pas qu'eux.

Vincent cligna des yeux quelques secondes avant de répondre.

— Pardon ?

— Tu as bien entendu. Allez, ouvre-leur cette porte.

— Oui madame...

Penaud, le jeune officier se retourna pour rouvrir la porte et faire face au jeune couple qui le dévisageait avec surprise.

— Loïc, Mon Lieutenant, je suis désolé, mais votre arrivée m'a pris au dépourvu dans la mesure où... Bah où je n'étais pas prévenu...

Le lieutenant mit une pichenette sur le front de Vincent avant de répondre.

— Alors maintenant que tu es des notres, c'est George tout le temps. Ensuite... Halloween ?

Un léger sourire se dessina sur le visage de l'hôte.

— Mettez-vous à ma place, j'ouvre la porte et je tombe sur vous... Y a de quoi se faire pipi dessus...

— Petit con.

— Oui Mon Lieutenant !

Vincent s'écarta en rigolant tandis que Mégane écartait grand les bras pour accueillir ses convives en les embrassant. Le jeune homme n'eut pas le temps de refermer la porte qu'un bras la bloqua, et il se retourna en garde pour se retrouver face à Arthur et Antinéa.

— Vous aussi ? Et bien... Je dois vraiment être au bord du gouffre...

Arthur rigola avant d'enlacer son ami puis sa sœur et de les laisser entrer en refermant derrière eux pour rouvrir dans la minute qui suivit afin de réceptionner les pizzas tandis qu'Arthur se moquait de lui en le renommant le portier.

Ils travaillèrent sur les plans, évoquant diverses stratégies potentielles jusqu'au lendemain midi quand Vincent se prépara pour se rendre à la gare.

Alors qu'ils s'apprêtaient tous à monter dans leurs véhicules respectifs, Loïc se dirigea vers lui avant de lui parler.

— Tu sais quel est ton plus gros problème, Vincent ?

Celui-ci fit mine de réfléchir avant de répondre.

— Je suis une effroyable tête de con ?

— Non, ça c'est ton second plus gros problème. Le plus gros de tous, c'est que tu veux réussir tout seul parce que tu penses systématiquement qu'il te reste tout à prouver.

— Et ce n'est pas le cas ?

— Je ne pense que tu te retrouverais seul contre tous si c'était le cas... Et toi ?

Pour toute réponse, Vincent haussa les épaules avant de monter dans la voiture.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant