Jours 187 à 190

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            Deux jours plus tard, Vincent était sorti d'affaires. Même si les blessures avaient été impressionnantes à voir, aucun organe vital n'avait été atteint, ni aucun os brisé, et il n'avait eu à subir que l'ablation d'un morceau du gros colon et de nombreux points de suture. Il garderait quelques cicatrices sur le visage et le corps. Au troisième jour, il était sorti de son coma artificiel et reçu ses premières visites.

Mégane passa sa journée avec lui, tandis que leurs deux familles se succédaient à son chevet. Quand Antinéa passa avec Arthur, Vincent lui présenta un sourire prédateur.

— Je t'avais dit que je survivrais juste pour te casser la gueule...

Les larmes aux yeux, Arthur enlaça son ami.

— Putain, mais je suis prêt à encaisser tous les coups juste pour ça, juste pour te voir debout à ce moment-là !

Au quatrième jour, Vincent tenait debout et commença sa rééducation. Les muscles avaient été déchirés par les balles, et bien qu'ils aient été réparés, il fallait les faire travailler doucement. Il souffrait le martyre en silence, ne souhaitant qu'une seule chose, sortir de cet hôpital au plus vite.

Quand Mégane vint le rejoindre en fin de journée, ils se promenèrent dans le jardin de l'hôpital Bégin. Vincent boitait légèrement, mais sa démarche était assurée et son bras semblait ferme, et le regard de Mégane était rempli d'amour pour lui.

— Les caméras de sécurité ont confirmés vos versions, au fait...

Vincent ne put s'empêcher de rigoler.

— C'est cool. Je n'irais pas en prison pour homicide volontaire.

— Oui. Et le président a fait une allocution dans laquelle il disait que de toute façon il t'amnistierait si tu venais à être condamné.

— S'il savait que je n'ai pas voté pour lui...

Un ange passa avant que Mégane se décide à aborder un sujet qui la taraudait et qu'elle craignait sensible.

— Tu veux qu'on parle de ce qu'il s'est passé ?

D'un ton extrêmement neutre, son conjoint répondit.

— Pour dire quoi ?

— Je ne sais pas... Parler du traumatisme que tu dois avoir ?

— Je n'ai pas de traumatisme...

— Les infirmières disent que tu ne dors presque pas...

— Parce que je n'ai pas l'habitude de ne rien faire de mes journées... Je te jure que je vais bien.

Mégane l'arrêta pour le fixer droit dans les yeux.

— Vincent... Tu as été blessé par balles et tu as abattu un homme avant de manquer de mourir... Tu as au moins eu peur, non ?

Le convalescent sembla réfléchir avant de répondre.

— En faite, même pas...

— Pourquoi ?

— On a peur de ce qui peut arriver... Moi, je savais que j'allais mourir. J'ai eu l'une des plus grosses surprises de ma vie quand je suis revenu à moi...

Fronçant les sourcils, comme plongé dans ses pensées, il ajouta.

— Non, je n'ai pas eu peur...

— Tu n'as rien éprouvé ?

— Ho si... De la peine et de la colère, majoritairement...

— Pourquoi ?

— À cause de ce que j'avais mal fait, pas fait en entier, voire pas fait du tout...

Devant le regard d'incompréhension de sa fiancée, Vincent développa.

— Je n'ai pas fait un enfant à la bonne personne, je n'ai pas pu t'épouser, je n'ai pas vu grandir mon bébé ni pu lui faire des frères et sœurs avec toi... Je n'ai vraiment été serein que quand tu m'as pris la main... Là, tout s'est apaisé, et je n'attendais plus que la fin...

Mégane fit une moue dubitative avant de répondre.

— C'est glauque... Romantique, mais glauque...

Son fiancé lui répondit dans un sourire.

— Désolé... Le chirurgien pense que je sortirais mardi matin, au fait.

— Ça, c'est une excellente nouvelle.

Mégane l'enlaça alors pour l'embrasser.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant