Jour 635

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Après une longue douche au début de laquelle l'eau qui s'évacuait était noire, Vincent regagna sa chambre en boitant. Les brulures du taser sur ses cuisses le faisaient encore souffrir, comme sur son torse d'ailleurs, et chaque mouvement était un acte masochiste à ses yeux. Lorsqu'il eut franchi la porte, vêtu simplement de son caleçon, sa serviette posée sur une épaule et sa trousse de toilette ballottant au bout d'une main, Joseph l'interpella.

— Tu aurais dû te raser.

Vincent grogna.

— Lever les bras me fait mal... J'espère que l'Adjudant ne me cassera pas les couilles...

— Ce qui est certain, c'est qu'Orton n'était pas ton plus grand fan. Tu as trouvé mieux.

— Un putain de grand malade ce type... Je crois qu'il aurait pu me tuer à force...

— Et ça ne t'a pas fait peur ?

Vincent tourna la tête lentement, et Joseph vit un homme épuisé, le dos et les épaules voutées, le regard vide, les lèvres abaissées.

— Pourquoi tu crois qu'on a pris de tels risques pour s'évader ? Pour épater la galerie ?

— Oui.

— ... Bah non, enfin, pas principalement...

Joseph rigola avant de sortir une boite de sa poche et de la lui jeter.

— Tiens, pommade cicatrisante. Tartine-toi bien, tu es supposé être en débriefing dans trente minutes.

Vincent sourit en opinant du chef avant de s'assoir en gémissant sur son lit, arrachant un soupire à son binôme.

— OK, c'est bon... Je vais le faire...

Vingt-cinq minutes plus tard, Vincent frappait à la porte du bureau qui lui avait été indiqué, vêtu de sa TDF, avant d'entrer sur ordre et de se présenter. Face à lui se tenaient, tous assis derrière une immense table en bois et en arc de cercle, la Générale, puis répartis à gauche et à droite en fonction de s'ils s'occupaient des élèves directs ou semi directs, les deux Colonels responsables de l'instruction, les Capitaines Commandant d'unité concernés et enfin les chefs de pelotons et leurs cadres, et Vincent constata avec surprise que le Capitaine de l'Escadron qui l'avait retenu prisonnier siégeait parmi eux, en bout de table et le visage marqué d'un d'un énorme œil au beurre noir ne lui permettant de lancer qu'un demi regard assassin.

Se retenant de rire, ou même simplement de sourire, le jeune homme resta debout au garde à vous, immobile et tête levée jusqu'à ce que la Générale lève enfin la tête de son dossier.

— Repos, Sous-Lieutenant, et venez vous assoir.

Sans un mot, Vincent se rendit à la chaise au centre de l'arc de cercle et s'y installa en serrant les dents. Il ne voulait pas émettre le moindre signe de douleur, il ne ferait pas ce plaisir à son geôlier, car même s'il n'était pas celui qui l'avait passé au taser, il avait laissé faire et l'avait lui-même roué de coup, comme son visage tuméfié le laissait encore paraitre. Oh non, pensa-t-il, je ne te ferais pas ce plaisir.

— Bien... Vous avez menée votre mission à bien dans un temps très court, et je dois vous en féliciter.

— Merci Générale.

— Mais il y a quelques problèmes. Dans l'exécution de votre mission déjà. Le bilan humain est trop élevé, vous en avez conscience j'espère. Sur le nombre de personnes ayant pu prendre part à la mission, vous avez plus de soixante pourcent de blessés ou de morts, et c'est beaucoup trop. Comment l'expliquez-vous ? Votre diversion n'était-elle pas exagérée ? D'ailleurs, en valait-elle la peine ?

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant