Jour 53

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            Le lendemain matin, quand Vincent et Mégane se joignirent au reste de la famille pour prendre un petit déjeuner, le jeune homme constata que tous les adultes les regardaient avec un sourire en coin. Perplexe, il s'assit en prenant une tasse, avant de parler à l'assemblée.

— Bonjour... Vous avez bien dormi ?

Le Général répondit de sa voix forte.

— Si on exclut le volume auquel vous avez regardé votre film d'action hier soir ?

Vincent recracha son café dans sa tasse et Mégane tenta de disparaitre derrière sa tranche de brioche. Le Général fixa Vincent stoïquement, et celui-ci, commençant à se sentir mal à l'aise, bafouilla.

— Je suis désolé... Nous ne voulions importuner personne...

Un silence pesant s'installa et Vincent se fit tout petit sur sa chaise, jusqu'à ce que Mégane et ses parents, suivis du reste de la famille, se mettent à rire. Posant une main délicate sur l'épaule de son compagnon, la jeune femme lui adressa un large sourire.

— Mon chéri, bienvenu dans une famille militaire. Ça s'appelle un bizutage.

Vincent resta bouche bée tandis que le Général enchérissait.

— Primo, nous ne nous serions jamais permis de parler de votre vie sexuelle. Deuxio, si tel était le cas, pourquoi t'en voudrais-je de procurer des orgasmes à ma fille ? Tertio, comme me l'avait dit Mégane, tu ne marches pas, tu cours. Et puis, elle est une femme adulte et libre de vivre sa vie.

Vincent en lâcha son croissant dans son café. Jamais il n'aurait jamais cru qu'un Général pouvait être aussi cool, décontracté et jeune dans sa tête.

Mégane en profita pour raconter comment Vincent avait réagi quand elle avait dormi chez lui, et Marianne expliqua comment il l'avait confondu avec sa sœur et l'avait serré dans ses bras alors qu'il était encore nu. Le jeune homme, quant à lui, se terra dans un silence honteux et se dissimula derrière sa tasse de café.

Après le petit déjeuner, Mégane et Vincent allèrent se glisser dans la piscine chauffée, vite rejoints par les enfants, Marianne et le Général qui s'amusa avec eux. Quand il saisit Mégane et qu'il la jeta un bon mètre plus loin, Vincent la jalousa tant il aurait aimé passer des moments comme ça avec son propre père. Quand il se rendit compte que le Général fendait l'eau dans sa direction, il leva le bras droit en criant.

— Pas moi ! Même si je n'ai pas mes bandages, je suis quand même blessé !

Souriant, le vieil homme leva les bras en signe de paix.

— Je sais, calme-toi. Dis-moi comment tu as su quel code utiliser pour la porte.

Vincent haussa les épaules.

— La photo de Mégane était au-dessus de toutes les autres, alors que celle de Charles était tout en bas. J'en ai déduit que cet ordre avait été choisi sans le vouloir de manière réfléchie, comme un lapsus mental, et que ça représentait l'ordre de préférence de vos enfants.

Le silence et l'air songeur du Général furent des réponses positives à auxquelles Vincent ne s'attendait pas. Il y vit néanmoins une opportunité qu'il décida de saisir.

— Vous savez, vous devriez peut-être lui en parler...

— Pourquoi ?

— Elle est persuadée de valoir moins que votre fils à vos yeux... Surtout depuis sa rupture avec Loïc...

Le visage du Général s'assombrit.

— Vraiment ?

— Vraiment. Et je suis bien placé pour savoir le mal que ça fait... Ainsi que le bonheur qu'on imagine recevoir en découvrant que ce que nous pensions est faux...

— Je... J'y penserais.

Le Général avait les yeux rouges, et le chlore n'était pas le seul responsable.

— De quoi vous parlez, tous les deux ?

Mégane les avait apostrophés du bord de la piscine, et les deux hommes répondirent ensemble.

— De rien d'important, ma chérie !

Ils se regardèrent et se comprirent, puis le père de Mégane sortit de l'eau et alla enlacer sa fille. Vincent ne put voir s'il lui parlait, mais Mégane se mit à pleurer doucement en lui rendant son étreinte. Après plusieurs secondes, alors que Vincent envisageait d'aller les rejoindre, le Général prit Mégane dans ses bras et courut se jeter à l'eau tandis qu'elle rigolait comme une gamine, éclaboussant copieusement tout le monde au passage. Après le déjeuner, le couple fit ses au revoir et reprit la route. Toute à sa conduite, Mégane embrassa la main de son compagnon blessé.

— Merci mon chéri.

— De rien. De quoi ?

— De t'être très bien tenu, de t'être débrouillé pour que ma famille t'adore... D'avoir parlé à mon père...

Vincent haussa les épaules comme à son habitude.

— En faite, ça s'est fait comme ça... Une histoire de serrure à code...

Mégane lui lança un regard d'incompréhension, mais n'eut pour seule réponse qu'un sourire amoureux.

— Tu ne me diras rien ?

— Non.

— Tu as promis ?

— Non, j'ai juste un secret avec ton père, c'est tout...

— Et si je te torture ?

— D'abord, c'est interdit par la Convention de Genève. Ensuite, tu n'égaleras jamais ma famille...

— Et si je te fais une grève du sexe ?

Vincent répondit avec empressement et précipitation.

— OK, alors ta date de naissance est le code de la porte blindée du stand de tir et de l'armurerie de ton père au deuxième sous-sol. Je l'ai deviné parce que ta photo est celle qui est accrochée le plus haut sur les murs du salon, une façon involontaire d'avouer qui est la préférée. Je l'ai deviné en voyant la photo de ton petit frère tout en bas alors que la disposition des photos ne correspondait pas à l'ordre des naissances. Quand je l'ai expliqué à ton père et qu'il en a été troublé, j'en ai profité pour lui dire qu'il devrait t'en parler parce que tu es persuadée d'être la moins appréciée de ta fratrie, et que ça ne pouvait que te faire du bien et te rendre heureuse de l'apprendre, ce qu'il a fait. Voilà, tu fais plus grève ?

— Vraiment ?

Mégane semblait de nouveau sur le point de pleurer tandis que Vincent souriait à s'en fendre les joues.

— Vrai de vrai, ma chérie... Juré craché.

— Merci...

— Mais de rien. Je veux juste que tu sois heureuse...

Mégane reprit son sourire mutin.

— En tout cas, je note que tu as été facile à persuader...

— Faut dire aussi que tu m'as pris par les sentiments... Face à de temps arguments, je ne faisais pas le poids...

La jeune femme rigola tandis que son compagnon la dévorait du regard.

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant