Jour 44

627 28 8
                                    

            Vendredi matin, huit heures et quarante-cinq minutes, le groupe de Vincent attendait le départ pour le challenge évasion. Ils avaient été, ainsi que leurs sacs, et dépouillés de tout sauf de leurs tatous* et de leurs sacs de couchage, avant de recevoir des rations de combat et de l'eau pour quatre jours, en plus d'un poste radio. Après quoi, ils avaient embarqués dans un camion de transport, et attendaient maintenant que leurs geôliers leur donnent l'ordre de départ.

Le groupe avait provoqué une certaine agitation quand il s'était présenté. Il était le seul à ne pas contenir d'officier ou de sous-officier. Pire, il ne contenait rien de plus gradé que deux premières classes. La Capitaine, qui les avait accompagnés, s'était faite signalé par le Chef de Corps que cette décision était assez malvenue, et que si elle ne parvenait pas à avoir de volontaires désignés d'office, c'était surement qu'elle n'était pas capable de commander. Alors que les autres commandants d'unités, son ex en tête, commençaient à rire, le première classe Mordu fit un pas en avant et répondit que dans son escadron le comandant d'unité était suffisamment respecté pour qu'il ne soit pas nécessaire que les volontaires soient désignés d'office. Tous les Officiers se turent, vexés et il rejoignit son groupe et son escadron qui l'accueillirent en applaudissant sous le regard courroucé du Colonel et de son major de père. La Capitaine lui remit son PA* de sécurité et les munitions qui allaient avec, et il s'en équipa en lui souriant fièrement. Sourire qu'elle lui rendit.

Maintenant il était là, à l'orée d'une forêt avec ses collègues, et tous avaient la rage de vaincre au ventre. Se tournant vers son équipe, il les arrangua.

— OK, vous êtes prêts ?

— OUAIS !

— Vous avez vu ? Ils ne nous prennent pas au sérieux.

— Ouais...

— Alors montrons leur la puissance des MDR* !

— OUAIS !

De la P4 à coté d'eux, l'ordre du départ fut donné, et Vincent reprit.

— Allez, vous savez comment ça se passe, on s'est bien préparé, c'est parti !

Et dans un cri de rage, ils prirent la route à marche soutenue. Vincent vérifia que le podomètre accroché à ses rangers tenait bien en place, et Arthur lui sorti la carte. Tout en marchant, il y jeta un coup d'œil et confirma son itinéraire. Ils allaient traverser la forêt au plus vite, et en longer la lisière aussi longtemps que possible, ce qui leur offrait ainsi le temps de repérer toute escouade ennemie arrivant par la route, les champs ou la forêt, et de partir en sens opposé. Il prit ensuite le transmetteur radio et changea la fréquence, avant de lancer un message.

— Secrétaire à big boss, parlez.

La voix de Mégane, parasitée, se fit entendre en retour.

— Big boss.

— Sommes en route. Rendez-vous en point cinq pour livraison dans vingt minutes. Parlez.

— Bien pris, parlez.

— Terminé.

La veille au soir, ils avaient étudié une carte des environs du régiment et noté douze points où faire la livraison d'alcool, en fonction de leur zone de largage. L'équipe avait hérité de la pire zone qui soit, et Vincent ne pouvait ignorer que sa sortie cinglante au chef de corps en était la cause. Ravalant sa fierté, il prit la parole.

— Allez, on ne va pas se tuer d'entrée de jeu. J'ai donné vingt minutes à la Capitaine, c'est pile le temps qu'il nous faut pour nous rendre au point de rendez-vous. Ça va nous permettre de nous chauffer les jambes.

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant