Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'Unité

Jour 11680

            Dans le batiment d'État-Major du régiment, Arthur et Vincent se tenaient en treillis de défilé aux côtés de Mégane et Sylvain, bien moins stressés qu'eux. Souriant, Sylvain finit même par clamer.

— Arrêtes, de quoi tu te plains ! Tu vas laisser un souvenir impérissable, et tu as mis la barre tellement haute que je ne vais jamais pouvoir rivaliser...

Vincent lui sourit avant de répondre.

— Tu n'as pas idée de ce que ça signifie pour nous aujourd'hui...

Mégane intervint.

— Mais si... Tu as fondé une dynastie ici, et tu vas la quitter... Mais tu le sais, toutes les bonnes choses ont une fin... Allez, messieurs, en piste.

Mégane se mit en route pour la place d'arme régimentaire, suivie de peu par Vincent, Arthur et Sylvain, jusqu'au pupitre. Elle y mit le régiment au présentez armes avant de passer les troupes en revue, toujours suivie de près par les trois hommes. Instinctivement, ils ralentirent devant le deuxième escadron, à la tête duquel se trouvait Friedrich. Jacques et Elliot y dirigeaient chacun un peloton, de même que le Lieutenant par le Rang Curé et l'Adjudant-Chef Lavalik, tandis que l'Adjudant Mendez en était l'Adjudant d'Unité, alors qu'Ortance et Louis y étaient maintenant de jeunes Sous-Officiers.

Chaque personnel de cet escadron bomba le torse avec fierté. Tous, même les plus jeunes recrues, connaissaient l'histoire du Colonel Mordu, du Major Bourri et des Bougres, et les soldats qu'ils avaient formés et qui étaient toujours militaires entretenaient la flamme comme les légendes. Depuis eux, cet escadron n'avait plus perdu un seul challenge régimentaire, mettant un point d'honneur à remporter les challenges évasions et les tournois de combat libre.

Arrivés au troisième escadron, ils sourirent à Detarce qui le commandait, et à Rivière son Adjudant d'Unité, puis continuèrent à avancer jusqu'aux invités et personnels hors rangs pour voir Ramon et Myrte maintenant mariés, Loïc et Georges, et le reste du peloton de Saint Cyr de Vincent. Quand le tour fut fini, Mégane se mit devant le pupitre et prit la parole.

— Officiers, Sous-Officiers, Militaires du Rang, civils de la Défense, invités, bienvenus. Bienvenus en ce jour particulier. Aujourd'hui, nous célébrons une passation de commandement, puisque le Colonel Mordu va transmettre le commandement de ce régiment au Colonel Orton, et nous allons en même temps dire au revoir à deux hommes. Aujourd'hui, en effet, Le Colonel Mordu et le Major Bourri font leur adieu aux armes. Ces deux hommes emblématiques de votre régiment, que dis-je, de notre régiment, car j'ai moi aussi officié ici de nombreuses années, ces deux hommes emblématiques disais-je, vont quitter notre merveilleuse institution après trente-deux années de service mouvementées. Je ne pense pas qu'il soit utile de les rappeler, mais peu importe, je vais le faire. Ces deux hommes, amis depuis leurs sept ans, se sont engagés comme militaires du rang, avant de battre le record du challenge évasion en volant des véhicules. Puis il y a eu Sentinelle, où le Colonel Mordu a failli perdre la vie... Son ami le Major Bourri l'imitera des années plus tard en Opex, survivant avec quelques uns de ses camarades à son escadron. Ils sont partis de rien, pour arriver tout en haut en entraînant les autres dans leur sillage. Je pense notamment à ces hommes surnommés les Bougres, qui étaient à l'époque perçus comme des moins que rien, qui maintenant gèrent des pelotons où sont Adjudant d'Unité. A travers tout le régiment, vous trouverez des hommes qui ont travaillé avec eux, qui ont même parfois été formés par eux, et tous vous diront la même chose. Ce sont des militaires d'exception, de ceux qui vous élèvent par l'exemple, et vous donnent le gout de l'effort. Je pense sincèrement que nous perdons beaucoup aujourd'hui, et je ne dis pas ça parce qu'il s'agit de mon époux et de mon beau-frère, je vous le jure. Aussi, après que les couleurs aient été levées, je vous demanderais, par respect pour ces hommes au parcours d'exception, de mettre tout votre cœur dans la Marseillaise.