Jour 1005

361 22 1
                                    

A l'issue d'une semaine intense pendant laquelle les jeunes recrues subirent sans céder tout ce que l'encadrement put leur offrir, Vincent et Arthur durent se rendre à l'évidence, aucun de leurs quarante candidats n'avait demander à abandonner. Pire encore, les élèves des autres pelotons semblaient envier les traitements qu'ils subissaient, désireux eux aussi de connaitre un entrainement plus militaire. Le vendredi après-midi, après que toutes les recrues aient été placées en quartier libre et soient parties du régiment, les quatre Lieutenant et le Chef se rassemblèrent pour faire le point.

— Donc, si je comprends bien, plus vous les avez martyrisés, plus ils ont aimé ça...

Vincent opina du chef alors qu'Arthur soupirait.

— Je leur ai fait fumer leurs clopes en faisant des pompes pendant deux jours. Vous savez ce qu'ils ont fait après ? Ils ont réclamé plus de pauses cigarette... Des masochistes...

Sylvain haussa un sourcil tandis que Noémie prenait la parole en se servant un café.

— Je ne suis pas surpris. Après votre mise en scène du premier jour, j'ai entendu certains de mes élèves discuter entre eux. Ils vous ont cherché sur internet et savent ce qu'il vous est arrivé à tous. Ils vous adulent, littéralement. Vous êtes des supers soldats à leurs yeux.

Vincent grogna.

— Chouette des groupies... Manquait plus que ça...

Ramon reposa sa tasse en rigolant.

— De quoi tu te plains ? Ce n'est pas toi qui te retrouve avec des élèves qui préfèreraient changer de peloton... Heureusement que ça ne porte pas atteinte à leur discipline, mais dès qu'ils voient passer le P1, ils ont les yeux qui brillent comme Sakura devant Sasuke dans Naruto... Même à l'instruction, tu arrives à nous surclasser...

Vincent haussa un sourcil interrogateur avant de répondre.

— Vous savez que je ne cherche pas à vous dévaloriser, j'espère...

— Oui, bien sûr, mais ça reste rageant de voir que tu es toujours au-dessus du lot... Et puis là, tu es en terrain conquis avec tes hommes... Tu as mis la barre très haute...

Arthur haussa les épaules avant de répondre.

— Dans ce cas, pourquoi ne pas les maltraiter autant que nous, puisque c'est ce qu'ils attendent ?

Vincent leva un index avant de préciser.

— Nous ne les maltraitons pas, soyons précis. Nous leur donnons un entrainement rustique et aguerrissant, nuance. Parce que sinon, c'est sanctionnable... Et moi, j'ai envie de garder un dossier disciplinaire vierge. Mais faites comme nous, en effet, passez en mode rustique et offrez-leur des classes dignes des années vingt. Ils se régaleront...

Ramon soupira.

— Oui, enfin qui dit rustique pour eux dit rustique pour nous aussi... Il faut montrer le bon exemple.

Arthur et Vincent partirent tout deux d'un rire puissant avant qu'Arthur réponde.

— Balek de l'exemple ! La semaine prochaine, nous partons quatre jours sur le terrain, ils seront sous bâche dans les trous de combat alors qu'on a commandé une tente modulaire, des lits de camp, un générateur électrique et un canon chauffant. Au contraire, ça leur collera la rage au ventre, a ces petits merdeux. Et puis qui dit trou de combat dit pas de cigarettes et rations froides, alors quand ils sentiront nos propres clopes et notre cuisine... Le premier soir, on a même prévu de se faire des pizzas. Ils sont demandeurs de mauvais traitements ? Pas de soucis, on va user leur moral.

Les trois Lieutenants dévisagèrent Arthur puis Vincent, et Sylvain acquiesça.

— Vous avez raison, donnons-leur ce qu'ils demandent. Si nous faisons ça bien, nous ne souffrirons pas autant qu'eux, et l'écrémage demandé par le commandement se fera tout seul. Je crois que je vais même modifier l'emploi du temps pour partir en bivouac avec vous. Nous pourrions nous amuser à les harceler toute la nuit en nous relevant entre nous, ou plus rigolo encore, les faire s'affronter pour voir quel peloton parvient à infiltrer le campement de l'autre...

Vincent rigola doucement avant de répondre.

— T'as pas changé, tu veux toujours te montrer le meilleur, hein ?

Haussant les épaules, l'intéressé se défendit.

— On ne veut battre que les meilleurs, alors vois ça comme un hommage.

— Soit. On va leur briser le moral, à tes gamins.

Noémie et Joseph échangèrent un regard entendu avant que la jeune femme ajoute.

— On veut voir ça nous aussi, alors comptez-nous dans les rangs des joyeux campeurs !

Prenant des notes, Arthur conclut sans relever la tête de son calepin.

— C'est entendu. Je vais prévenir le magasin pour qu'ils augmentent le nombre de tentes, de chauffages et de lit, et on va bien s'amuser. Allez, sur ce, j'ai une femme enceinte qui m'attend pour une échographie. Bon week-end à tous.

Arthur se leva, vite imité des Lieutenants, et sous partirent chez eux en pensant à la drôle de semaine à venir.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant