Jour 634

325 21 2
                                    

Lorsque la porte s'ouvrit vers l'extérieure ce matin-là, elle entraina à sa suite une ficelle qui libéra un balai fixé au plafond par l'extrémité du manche. Celui-ci bascula alors vers l'avant, et le bois maintenant la brosse balaya l'air orienté vers l'avant pour aller frapper sa cible à la hauteur calculée, arrachant un cri aigue à sa cible. Tarm recula de quelques pas en se tenant l'entrejambe tout en gémissant.

— Sortez les de là !

Les militaires responsables des détenus entrèrent dans la salle en se dirigeant vers les couchages aménagés par les prisonniers tout en mugissant.

— Debout les merdes !

L'un d'entre eux tira sur une couverture pour découvrir des traversins entassés, avant d'être jeté à terre par un monstre rugissant de colère, et en un rien de temps les deux hommes furent maitrisés par quatre des cinq détenus tandis que le cinquième courait vers Tarm, bras levé, prêt à frapper.

— Manges ça batard !

Le poing de Vincent s'écrasa sur la tempe de son geôlier qui s'effondra immédiatement, inconscient.

— C'est bon, je l'ai eu ! Et vous ?

— Nous aussi. On continue !

Sylvain aida Vincent à trainer sa victime avec les deux autres dans la fourre avant de les dépouiller de tout ce qui pouvait leur être utile à commencer par leurs clés, puis ils sortirent dans le couloir du sous-sol et s'apprêter à sortir du bâtiment quand ils entendirent des bruits de pas dans les escaliers.

— Hey, Tarm, tu branles quoi ?

Vincent et les autres échangèrent quelques regards furtifs avant que les rangers apparaissent dans leur champ de vision. Dans la seconde qui suivi, une chaise traversa l'espace pour atterrir dans les jambes descendantes, entrainant dans leur chute le corps qui y était attaché, ne laissant échappé qu'un simple hoquet de surprise avant d'atterrir lourdement sur le sol, le souffle court. A peine l'inconnu avait-il relevé la tête que Sylvain était sur lui pour l'assommer d'un violent coup de poing sous le regard ahuri de Vincent.

— Merde, t'as fumé leur Capitaine.

Orton haussa les épaules.

— Je n'ai jamais pu le blairer.

Vincent se retint de rire avant de répondre.

— Tu feras attention, tu commences à retrouver ta liberté de penser. Aller, on se casse.

Le groupe se remit en route en urgence, le palier des escaliers donnant immédiatement sur la porte de sortie latérale du bâtiment qu'il franchirent en l'ouvrant d'un coup d'épaule avant de détaler comme des lapins de garenne alors qu'au loin un cri d'alerte retentissait. Dans la seconde qui suivie, un rassemblement de soldats se lançait à leur poursuite, tandis qu'un bruit de moteur de voiture démarrant se faisait entendre.

— C'est moi où ça pue ?

Vincent ne tourna même pas la tête vers Sylvain avant de répondre.

— Puer, c'est un euphémisme je croie... Donc ta gueule, économise ton souffle et cours !

Le groupe quitta la route, espérant que de passer par les champs ralentirait leurs poursuivants, mais ceux-ci ne s'embêtèrent pas à prendre soin des trottoirs ou des parterres de fleurs, poursuivant leurs cibles sans relâche. En désespoir de cause, Sylvain les guida vers un détail qui avait attiré son regard, et les cinq militaires y filèrent en urgence juste avant d'être rejoins par la première P4 qui tomba dans un fossé tout à la fois large et profond qu'elle n'avait pas eu le temps d'éviter. La seconde et la troisième, trop proche pour réagir à temps, s'encastrèrent dedans, et la quatrième n'eut que le temps de déraper pour ne pas les percuter. Après avoir couru une vingtaine de minutes de plus, les cinq fugitifs ralentirent en rigolant.

— Putain Sylvain ! Tu es en train de révolutionner mon avis sur toi.

— Comme si j'en avais quoi que ce soit à branler, Mordu !

Dix kilomètres plus loin, les cinq hommes atteignirent le point d'extraction. Se jetant dans un couvert, ils prirent le temps de complètement retrouver leur souffle avant de chercher le transmetteur dissimulé et de l'allumer. Le combiner en main, Vincent l'observa quelques secondes avant de le tendre à Sylvain.

— Vas-y toi. La majorité du plan vient de toi, et sans tes réflexes et ton audace, on se serait fait chopper à l'évasion, alors tu le mérite.

Sylvain le regarda quelques instants avant de prendre le combiner et de le porter à sa bouche.

— Nid d'Aigle, ici Pigeon Voyageur, parlez.

Un silence d'une minute environ s'installa avant qu'une voix s'élève du combiné.

— Ici Nid d'Aigle, parlez.

Les cinq militaires soupirèrent de soulagement avant que Sylvain parle.

— Putain, je suis heureux de vous entendre. On est au point d'évac. Venez nous sortir de là !

— Ici Nid d'Aigle, bravo les gars. Nous vous transmettons des coordonnées pour une grappe, à vous.

— Reçu, on attend.

Sylvain nota les coordonnées ainsi que le délai imparti avant de mettre le transmetteur sur son dos.

— Allez, en route.

Les rescapés avancèrent à marche forcée pour avaler les quatre kilomètres dans l'heure qui leur restait quand Sylvain demanda.

— C'est quoi une grappe ?

Un des hommes présents lui répondit.

— Un hélico, un câble, des harnais, on s'équipe et on décolle. On ressemble à une grappe de raisin, alors voilà, la grappe...

— OK... Ça fait peur ?

— Moins que ce que je craignais quand vous partiez vous faire taser les couilles...

Ils arrivèrent au site quelques minutes avant l'hélicoptère et l'entendirent avant de le voir. Le puma vint se mettre en vol stationnaire au-dessus d'eux, puis un câble descendit à pleine vitesse pour s'écraser au sol à leurs pieds alors que Vincent hurlait pour couvrir le bruit des rotors.

— On s'équipe !

Les Harnais furent enfilés, puis Sylvain tira sur le câble, et dans la seconde, l'hélicoptère prit de la hauteur tout en avançant en même temps que le câble s'enroulait sur le treuille, arrachant un cri de stupeur ou d'extase aux corps ballottés par le vent après avoir été arrachés au sol. Le vol ne fut pas long, plus pour le principe qu'autre choses, et quinze minutes plus tard ils reprirent contact avec le sol sur l'emplacement de rassemblement de l'escadron de Vincent. Alors que celui-ci se déséquipait, les pelotons de Vincent et Sylvain arrivaient en courant, hurlant de plaisir, applaudissant, sautant, exprimant leur joie sans mesure avant de porter leurs amis à bout de bras puis de les enlacer tour à tour.

Dans le bâtiment, à une fenêtre du premier étage, les deux Lieutenant et la Générale tenant son téléphone portable à la main les observaient par la fenêtre, quand une voix s'éleva du smartphone.

— Ce mec est un sacré phénomène...

La Générale répondit en souriant.

— C'est ton gendre, pas le mien. Tu en dis quoi ?

— Ce serait dommage qu'il retourne dans son arme originelle, mais je doute qu'il accepte de s'éloigner de son meilleur ami ou de ta fille.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant