Jour 630 - 1

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— Donc, l'OP (Officier de Permanence, « Chef de Corps de la nuit », remplacé toutes les vingt-quatre heures) vous a sortis de votre cellule improvisée à trois heures du matin lors de sa ronde parce qu'il était étonné de ne pas voir de planton devant la prison. C'est bien ça, Sous-Lieutenant ?

Le chef d'équipe gardait la tête piteusement baissée en murmurant sa réponse, ce qui énerva la Générale.

— Regardez-moi dans les yeux quand je vous parle !

Se redressant tout en tachant de se montrer aussi digne que possible, l'intéressé reprit.

— Affirmatif, Générale !

— Bien... Donc, dans les faits, vous avez quatre personnes, dont trois visiblement très alcoolisées, voir même une en coma éthylique, qui viennent vers vous, neutralise votre équipe, vous font prisonniers et libèrent leurs amis tout en vous volant votre véhicule... Comment l'expliquez-vous ?

L'élève cherchait un soutien parmi ses hommes du regard, les yeux rougis par les larmes, avant de répondre en tentant de se contenir.

— Les plantons se sont laissés avoir par l'allure des assaillants. Ils ne semblaient pas être une menace, et n'ont pas été traités comme tels...

— Pourtant, ils connaissaient le scénario, n'est-ce pas ?

La Générale lança un regard suspicieux vers le chef de groupe qui resta droit.

— Oui Générale.

— Mais avez-vous suffisamment insisté sur l'importance de celui-ci ?

L'élève ouvrit la bouche et bégaya avant de se reprendre.

— Je... Je commence à me dire que non, Générale... Et je crois comprendre ce que vous essayez de me dire...

Croisant les bras, Irma Drancy le toisa du regard.

— Je vous écoute.

— Je voulais rejeter la faute sur eux, mais c'est moi le chef de groupe, et j'aurais dû m'assurer qu'ils avaient pleinement conscience des enjeux de cette situation... S'ils ont échoué dans leur mission, c'est parce que je n'ai pas su accomplir la mienne... En résumé, c'est moi qui ai permis cette évasion de masse en ne prenant pas assez cette surveillance à cœur.

La Générale tendit une main verticale devant elle pour le faire taire.

— Halte avec les violons, pas la peine de se fustiger avec des orties fraiches. De toute façon, les détenus ont atteint le point d'évacuation. Mais le scénario n'est pas encore terminé, alors vous avez encore toutes vos chances de sortir faire vos preuves. Dégagez !

Le groupe de combat se mit au garde à vous sur ordre de son chef qui salua, puis ils firent tous un demi-tour droite avant de sortir tandis qu'Irma prenait son téléphone cellulaire pour composer un numéro. Après deux tonalités, une voix endormie s'éveilla.

— Oui ?

— Ton futur gendre est plein de ressources. Alors comme je n'ai pas le numéro de ta fille, je vais t'en raconter une bien bonne, et tu lui transmettras pour moi.

*

Dans un appartement en Ile-de-France, un téléphone portable sonna sur une table de chevet tout en vibrant et en illuminant la pièce de son écran tactile, tirant une jeune femme blonde des bras de Morphée. D'une main peu alerte, elle saisit l'appareil démoniaque et regarda le nom écrit sur l'écran avant de décrocher.

— Papa... il est quatre heures du matin...

A l'autre bout du fil, une foix puissante et hilare se fit entendre.

— Je sais, mais je dois te raconter une bonne blague !

Se redressant pour s'adosser à la tête de lit, Mégane passa une main dans ses cheveux.

— Qu'est-ce que mon andouille de fiancé a encore fait ?

*

Sur l'emplacement du rapport, au rassemblement matinal, la Capitaine rapportait les derniers exploits de l'Élève Officier Mordu à son escadron originel sous les rires de celui-ci. Nombre des personnels le composant rigolaient sans retenu alors qu'elle-même chassait une larme au coin de ses yeux.

— Maintenant, il ne reste qu'à espérer qu'après avoir obtenu ses galons, il parvienne à être affecté chez nous. Sinon, pour le départ en Opex, sachez qu'il a été quelque peu avancé, et que les équipes ont été remaniées. Rien de grave, mais vous aurez une réunion à ce sujet ce jour à quinze heures dans l'amphi régimentaire. Escadron, garde à vous ! A disposition des chefs de peloton !


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant