Jour 1

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            Encore une journée bien fatigante, et pour cause : Elle avait duré soixante-douze heures, passées à combattre dans la forêt, sous la pluie et dans le froid. Son escadron allait partir en détachement plusieurs mois sur l'ile de la Réunion, et ceux qui allaient participer à ce séjour avaient besoin de s'entrainer. Alors les quelques personnels qui resteraient en base arrière servent de plastron, ennemi improvisé. Et lui venait de passer deux jours et deux nuits, à harceler ses collègues armes aux poings, à leur poser des pièges, sans répit. Et enfin il avait passé la journée à nettoyer son arme.

Enfin, il rentrait enfin chez lui. Il avait faim et froid, tombait de sommeil, et se sentait sale, avait hâte de rentrer chez lui serrer sa compagne dans ses bras.

Pourtant, lorsqu'il ouvrit la porte de son studio, il constata que si elle lui avait manqué, le sentiment d'absence n'était pas réciproque. Il la vit là, nue, en train de s'envoyer en l'air avec un autre homme que lui. Atterré, il laissa tomber son sac au sol tout en les regardant l'œil hagard et la mâchoire pendante.

Quand enfin ils le virent, elle n'eut pour seule réaction que de pousser un soupir d'exaspération, tandis que son amant se retirait à la hâte, la laissant nue et à quatre pattes devant le canapé-lit.

Se ressaisissant, le militaire fit un pas en avant, le regard noir et les lèvres retroussées dans un rictus haineux.

L'amant s'avança, les mains levées en signe de paix, et s'adressa à lui.

<< — Écoutes, man, ce n'est pas ce que tu crois. Elle m'a dit qu'elle était célib'.

Sans regarder l'homme, le soldat lui répondit d'un ton calme, mais sans appel.

— Dégages, avant que je ne t'arrache la mâchoire et la bite, et que je te fourre la deuxième à la place de la première.

— OK, pas de soucis !

L'amant effarouché prit ses affaires et sortit de l'appartement nu sans entendre la femme lui dire de la rappeler avant de claquer la porte derrière lui, laissant le couple à sa rupture.

Elle, toujours nue, s'assit sur le canapé, jambes croisées, avant de s'allumer une cigarette sur laquelle elle tira une longue bouffée qu'elle recracha par le nez, en regardant son compagnon officiel comme s'il était le seul fautif de la situation actuelle. Quand enfin elle prit la parole, son dégout transpirait dans chacun de ses mots.

— Je croyais que tu ne rentrais que demain.

— Je t'ai menti pour te faire une surprise. Tu étais supposée être à divers entretiens d'embauche, aujourd'hui. Je comptais arriver avant toi, me faire beau, te préparer un bon diner dans l'espoir de te faire plaisir. Mais je vois que tu n'avais pas besoin de moi pour te remonter le moral. Bravo.

Il se sortit une cigarette de la poche de son treillis et l'alluma, écoutant sa compagne infidèle se justifier.

— Peut-être que si tu étais plus souvent à la maison, je n'aurais pas à aller chercher du réconfort ailleurs.

De surprise, il bégaya et dut s'y reprendre à deux fois pour répondre.

— Pardon ? Je te demande pardon ? C'est la première fois que je m'absente aussi longtemps ! Bordel, t'es même pas capable de garder les cuisses serrées pendant trois jours et deux nuits ! T'es vraiment qu'une trainée...

La femme bondit du canapé.

— Ho bah oui, bien sûr ! Tout est de ma faute !

— Bien sûr que tout est de ta faute ! Ce n'est pas moi qui suis infidèle !

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant