Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'Unité

Jour 1078 - 1

Le peloton se tenait droit et fier au Présentez Armes et en treillis de défilé sur la place d'arme régimentaire. Leurs bérets venaient de leur être retirés pour être remplacés par leurs képis, signe que leurs classes étaient terminées et qu'ils étaient maintenant des militaires. À leurs côtés, Vincent et Arthur les observaient du coin de l'œil, le cœur gonflé de fierté de savoir que le peloton avait été le meilleur des quatre. À son pupitre, le Chef de Corps prit la parole pour le traditionnel discours.

— Officiers, Sous-Officiers, Militaires du Rang, personnels civils de la Défense, invités et familles, c'est un honneur pour moi de vous avoir à mes côtés en ce jour de fête. Nous recevons parmi nous cent-vingt nouveaux militaires, et je sais pour connaitre particulièrement bien certains de leurs cadres que leur formation a été tout à la fois de grande qualité et particulièrement difficile. Mais surtout, je suis heureux de pouvoir dire qu'il n'y a eu aucune défection dans leurs rangs, car aux vues de ce qu'ils ont subi pendant ces trois mois, le fait qu'ils soient tous présents signifie qu'ils ont compris l'importance de leur engagement et des valeurs impliquées. Nous avons là un contingent de qualité qui fera honneur à notre étendard et notre régiment, et qui portera nos valeurs à bras le corps. Je tiens tout particulièrement à féliciter la première Classe nouvellement promue Detarce, qui s'est vue remettre cette distinction pour avoir été major de promotion.

La jeune femme ne put s'empêcher de bomber le torse en levant le menton encore plus haut à l'appel de son nom tandis que le Chef de Corps continuait son discours.

— Cette jeune femme au gabarit bien inférieur à celui de ses camarades a pourtant tenu le haut du pavé tout au long de la formation, prouvant que la volonté était une arme bien supérieure aux muscles, et ses résultats lors des tests écrits, pratiques et sportifs ont frôlé l'excellence. Nuls doutes qu'elle fera encore parler d'elle très bientôt, pour son CME, et pourquoi pas un départ à Saint Maixent, voir à Saint Cyr comme son chef de peloton avant elle. Maintenant, je vais rendre ces jeunes soldats à leurs commandements et inviter les familles à nous rejoindre au foyer du soldat afin de pouvoir célébrer leurs admissions autour du pot de l'amitié.

Après que les chefs de peloton aient repris protocolairement le commandement de leurs hommes, les quatre pelotons repartirent au pas et en chantant en direction de l'armurerie pour réintégrer leur armement. Quand ce fut fait et qu'ils se tinrent tous face au bâtiment au repos réglementaire, Vincent les regarda avec bienveillance avant de prendre la parole.

— En notre nom à tous, bienvenus parmi nous. C'est un honneur pour nous de compter des gens aussi courageux parmi nos frères d'armes. Pas un seul d'entre vous a abandonné, et pourtant on a tout fait pour.

— Ça, c'est clair.

Arthur, qui leur avait fait vivre l'enfer, les dévisageait en souriant, bras croisés, et Vincent reprit.

— Maintenant, sachez que le plus dur vous attend. Mais nous verrons ça à votre retour de permissions. Là, vous allez savourer votre succès avec vos familles. Et encore bravo.

Vincent se mit à applaudir, vite imité d'Arthur puis de tous les cadres, et les jeunes recrues, après un temps de surprise, les imitèrent, tandis que l'encadrement venaient leur serrer la main et les féliciter de vive voix. Arrivé devant Detarce, Vincent souriait à pleines dents.

— Alors pisseuse, fière et heureuse ?

Pour toute réponse, la jeune femme lui sauta au cou pour l'enlacer, prenant le Lieutenant au dépourvu pendant que les autres soldats rigolaient.

— Ça doit vouloir dire oui...

Quand il réalisa qu'elle pleurait, Vincent lui rendit son étreinte et Detarce murmura.

— Je vous déteste à un tel point, Mon Lieutenant...

— C'est mon boulot, gamine.

— Merci de m'avoir amené aussi loin...

— C'est aussi mon boulot. Allez, dégages de là, tu mouille mon col.