Jour 1002

340 21 2
                                    

Pendant toute la matinée, les jeunes recrues furent déposées devant le bâtiment de l'instruction où ils furent pris en charge par les personnels des quatre pelotons afin de prendre possession de leurs chambrées sans que Vincent quitte son bureau une seule fois. Au déjeuner, ils furent emmenés à l'ordinaire par les Brigadiers et Brigadiers-Chefs des pelotons pour ensuite être ramenés au bâtiment et mis en rangs par pelotons sur l'emplacement du rapport. Les cent-soixante jeunes recrues échangèrent quelques regards étonnés sans comprendre ce qu'ils faisaient là sans ordres ni cadres pour les encadrés, jusqu'à ce qu'un groupe d'hommes et de femmes sorte du bâtiment pour s'avancer jusqu'au centre de l'emplacement du rapport où ils se séparèrent en silence pour se positionner face à leurs troupes.

Les jeunes recrues de Vincent regardèrent leur commandement avec étonnement, essayant de comprendre pourquoi leurs cadres étaient tous en shorts et torses nus, jusqu'à ce que Vincent prenne la parole d'une voix puissante et pleine d'autorité.

— Bonjour jeunes gens. Je suis votre chef de peloton, le Lieutenant Vincent Mordu. A ma droite, mon Sous-Officier Adjoint le Chef Arthur Bourri. A ma gauche, le Brigadier-Chef nouvellement promu Curé et les Brigadiers Rivière et Lavalik. Vous devez vous demander pourquoi nous vous accueillons aussi peu vêtus, et je vais vous le dire. Vous voyez ces cicatrices sur nos corps ? Ce sont les plus belles médailles de notre profession, mais aussi les plus mortelles. Du genre à n'être reçues qu'une seule fois. Donc oui, votre commandement est composé de miraculés.

Vincent sortit du rang pour aller se placer entre Lavalik et Rivière, avant de poser une main sur l'épaule du guerrier Maori et de continuer son discours.

— Le Brigadier Lavalik a reçu une balle dans l'abdomen, ce qui ne l'a pas empêché d'extraire ses camarades du site où ils étaient lors qu'ils ont été attaqués en Opex.

Il posa ensuite son autre main sur l'épaule de Rivière.

— Le Brigadier Rivière a pris une balle dans la cuisse le même jour, dans le même contexte, mais a malgré tout réussi à courir chercher des renforts tout en sonnant l'alerte.

Retournant à sa place initiale, il reprit.

— Curé a eu une commotion cérébrale et a malgré tout tenu son poste pour ensuite aider le Chef Bourri à évacuer. Le Chef bourri a de son côté été éventré par des éclats de shrapnel et reçu quarante centimètres de points de suture. Quant à moi, j'ai reçu une première balle dans le bras, une seconde dans la cuisse, la troisième a explosé le carrelage à côté de mon visage d'où mes balafres, alors que la quatrième m'éventrait. Je vous l'ai dit, votre commandement est composé de miraculés. Quand nous aurons reçu nos renforts d'effectifs, ce ne sera peut-être plus le cas, mais si je vous dis tout ceci, si nous exhibons nos blessures de guerre, c'est pour que vous preniez conscience de ce qu'il peut vous arriver. Lors de cette Opex qui a blessé mes hommes, mes amis, l'un des nôtres a perdu une jambe, et les trois quarts de notre escadron sont mort ! C'est pour ça que vous êtes là, parce que nous avons besoin de chair fraiche capable de porter avec honneur le sacrifice de ses anciens ! Alors de fait, nous avons tous, et quand je dis tous, je parle des quatre pelotons, nous avons tous toute latitude pour virer les têtes de bite, les morals de hamster, les QI de poissons rouges, les faux rebelles, les vrais fainéants et les casse-couilles de première classe.

Un large sourire sadique se dessina sur les visages de tout l'encadrement tandis que Vincent marquait une courte pause, avant de reprendre.

— Et autant vous dire qu'on va se faire plaisir, et ne surtout pas vous ménager. Alors voici le deal : Vous avez jusqu'à la fin de la semaine pour être honnête avec vous-même et vous barrer si vous ne vous sentez pas à la hauteur, après il sera trop tard, on passera à la vitesse supérieure. Maintenant, nous allons percevoir vos effets militaires, le temps pour nous de nous habiller, ce qui vous laisse dix minutes. Je vous déconseille de fumer, le magasin d'habillement est à cinq kilomètres, et nous y irons et en reviendrons en courant. Car maintenant, vous ne vous déplacerez qu'en courant. Curé, je te les laisse.

Le Brigadier-Chef acquiesça alors que Vincent et Arthur s'éloignaient.

— Voilà un discours encourageant.

— Au moins, ils ont une idée des risques qui les attendent chaque jour de leur carrière.

— Et tu n'as pas peur de les avoir effrayé ? Ou de nous faire passer pour des sociopathes ?

Un sourire prédateur au visage, Vincent répondit en dévisageant son beau-frère.

— Oh, mais j'espère bien que c'est là cas, justement.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant