Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'Unité

Jours 246 et 247

            Vincent se tenait dans les rangs avec tous ses nouveaux camarades de promotion, dans la tenue réglementaire et en position de repos sur place. Il avait vu quelques regards s'arrêter sur son visage balafré puis son régiment, mais personne ne lui avait encore demandé s'il était celui qui avait été blessé en missions Sentinelle, mais il sentait que quelques curieux finiraient par aborder le sujet.

Un Lieutenant finit par arriver devant eux avec une pochette sous le bras pour rejoindre l'équipe d'encadrement qui faisait face aux stagiaires. Il devait mesurer presque deux mètres, et avait une chevelure brune coupée en brosse qui contrastait énormément avec ses yeux d'un bleu très clair lui donnant presque un regard d'enfant malgré son menton fier et sa mâchoire carrée.

— Bien. Bonjour à tous.

— Mes Respects Mon Lieutenant.

Le gradé sourit à la réponse unanime et forte qui lui était opposée.

— Je suis le Lieutenant Petit, et je serais en charge de votre instruction pendant ces deux prochaines merveilleuses années, bande de crapauds ! Alors je vais mettre les choses au clair dès maintenant ! Mon peloton est réputé pour deux choses : Fournir les meilleurs semi-directs, et avoir le plus fort taux d'abandons. Le second entraînant le premier. Alors surtout, si vous sentez que ce n'est pas fait pour vous, qu'on ne vous chouchoute pas autant qu'en unité, ou que bobonne vous manque trop, n'hésitez pas ! Ma porte est grande ouverte pour venir me signifier votre départ à l'aller, puis vous laisser repartir la queue entre les jambes au retour. Parce que soyons clairs, la moitié d'entre vous a du se la jouer dans son unité, et si vous échouez, ils ne vont pas vous louper. Quelqu'un a quelque chose à dire à ce sujet ?

Vincent en mourrait d'envie, mais il ne put s'empêcher de penser que se saborder dès la première minute de sa formation n'était pas une bonne idée, aussi s'abstint-il de tout commentaire ou même d'un éventuel rictus.

— Parfait, je vais laisser la place à mon équipe. Voici mon Sous-Officier Adjoint, l'Adjudant Coller.

Un homme trapu s'avança, le regard espiègle et observa les jeunes gens face à lui avant de parler d'une voix forte, autoritaire mais posée.

— Bienvenu à Koh-Lanta en version réelle, mes chéries. Comme l'a si bien dit le Lieutenant, ici, on écrème. Personnellement, j'ai fait personnellement parti quatorze des quarante précédents candidats, et pourtant je n'ai été présent que neuf mois. Ma spécialité, c'est le TIOR, et je peux vous garantir que le sport avec moi va devenir comme Freddy Kruger à Elm Street. Un synonyme de cauchemars, de sang, de violence et de mort !

Cette fois-ci, Vincent ne put se retenir de rire, et même s'il essaya d'étouffer le son au maximum, l'Adjudant l'entendit et fendit le peloton dans sa direction.

— Toi, là, sale con ! Je te fais rire ?

Retrouvant instantanément son calme, Vincent répondit.

— Non, Mon Adjudant !

— Alors pourquoi tu te marres comme le sale con que tu es ?

— C'est à cause de la référence à Freddy Mon Adjudant.

Tournant son visage souriant vers le gradé, il ajouta.

— Elle était admirablement placée !

Une veine palpitante apparut sur la tempe du Sous-Officier Supérieur tandis que celui-ci se mordait la lèvre inférieure, se retenant visiblement de lui casser la gueule dès le premier jour. Se collant au Brigadier, l'Adjudant reprit.