Jour 529

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Le challenge dura tout une semaine et, comme l'année précédente, l'escadron de Vincent et celui de Loïc se disputèrent le podium avec acharnement pour voir le vendredi matin Mégane conserver le trophée pour sa plus grande joie.

Le week-end qui s'en suivi, la petite famille avait rendez-vous dans la famille de Vincent, et celui-ci semblait particulièrement excité. Tandis que la voiture avalait les kilomètres, Mégane l'observait en souriant.

— Je ne t'ai jamais vu aussi heureux d'aller voir tes parents. Ta grand-mère doit vraiment être une femme extraordinaire.

Le sourire du jeune homme devint légèrement triste quand il lui répondit.

— Elle a été la seule forme d'amour maternel que j'ai reçu... Alors oui, pour moi, elle est extraordinaire. Ajoutes à ça que je ne l'ai pas vu depuis longtemps et que j'ignore combien de temps il peut lui rester à vivre, et je veux en profiter.

La jeune femme posa délicatement sa main sur celle de son compagnon avant de se rassoir correctement.

— C'est quand même super agréable de t'avoir de nouveau tous les soirs à la maison.

— Je plussois ! La vie de famille à distance, c'est nul !

Le couple se mit à rire de bon cœur avant que Mégane ne mette son doigt sur la bouche de son fiancée.

— Chut... Si tu réveilles Elliot, je te bouffe !

— Reçu Capitaine. De toute façon, on arrive dans deux minutes. On pourra dire à Friedrich d'assumer son rôle de parrain au pire...

Mégane rigola de plus belle.

— Tu es horrible...

— Je sais.

Vincent s'engagea dans l'allée avant d'arrêter la voiture, et Mégane récupéra le petit tandis qu'il vidait le coffre en marmonnant.

— Heureusement que ce ne sont pas des jumeaux, ma clio aurait morflé sinon...

Mégane lui sourit sans répondre et se rendit vers la porte d'une démarche chaloupée.

— Mais elle me snobe !

Quand Vincent entra enfin dans la maison, il retrouva sa fiancée aux côtés d'une dame au visage marqué par les années, les cheveux blancs comme la neige attachée dans un chignon magnifiquement ordonné et tenant Elliot dans ses mains ridées aux ongles parfaitement manucurés. Sans qu'il n'ait dit un mot, la vieille femme releva la tête et ses yeux bleu glacier se posèrent avec sévérité sur Vincent, avant qu'un large sourire vienne adoucir le portrait et glisser une touche d'humour dans celui-ci.

— Vincent, mon chéri. Viens m'embrasser.

— Oui mamie.

Le jeune homme s'avança prestement pour aller enlacer sa grand-mère qui déposa un baiser sonore sur sa joue, puis il s'écarta pour la regarder tandis qu'elle en faisait autant de son arrière-petit-fils.

— Il a l'air sage et calme, petit chanceux... Ton père ne me laissait pas une minute de répit... Et il est beau... On dirait toi... Ou Friedrich...

Vincent et Fried échangèrent un regard amusé. Ils avaient toujours pu compter sur leur grand-mère pour les mettre en avant lors des réunions de famille, rappelant silencieusement les injustices qu'ils vivaient au quotidien. Relevant la tête en souriant, elle ne regarda cette fois-plus Vincent mais Mégane avec un intérêt non dissimulé.

— Alors, mon enfant, si vous veniez vous assoir à mes côtés pour me parler de vous ?

Surprise, Mégane se tourna vers Vincent mais la vieille dame les coupa immédiatement.

— Ce n'est pas à Vincent que je fais cette demande, je le connais depuis son plus jeune âge, et il n'y a pas grand choses qu'il puisse faire qui ne me surprenne pas...

Le concerné prit un air surpris avant de répondre.

— Tu te trompes !

— Tu te bats toujours pour ce que tu crois juste, au sens propre comme au sens figuré, et tu te fourres toujours dans le pétrin mais tu t'en sors comme un grand ? Et tu cherches toujours ta place sur terre ?

La grand-mère dévisageait son petit-fils qui baissa piteusement la tête.

— Oui mamie...

— Bien, donc rien de nouveau sous les tropiques. A vous jeune fille. Mégane, c'est bien ça ?

La Capitaine opina humblement du chef.

— Oui madame, Mégane Monterry.

— Ne me donne pas de la madame, je me sens vieille après. Je suis peut-être arrière-grand-mère, mais je n'ai que quatre-vingt-six ans ! Allez, viens t'assoir, c'est un ordre !

Mégane s'exécuta, et les deux femmes passèrent le plus gros de la journée à parler ensemble, riant ou pleurant parfois de concert ou séparément à l'évocation de certains souvenirs, sans jamais se fâcher ni accepter Vincent dans leur conversation. Le soir venu, le couple embrassa tout le monde après avoir mis Elliot dans la voiture puis prit la route dans la joie.

— De quoi vous avez parlé avec ma grand-mère ?

— Mon chéri, quel sujet d'intérêt commun pouvons-nous avoir, à part Elliot et toi ? Elle s'inquiète beaucoup pour toi, et voulait me connaitre pour savoir si j'étais digne de toi.

Vincent manqua de s'étouffer avant de répondre.

— La vraie question serait plutôt : Est-ce que moi, je suis digne de toi ?

Mégane se mit à rire.

— Nous avions toutes les deux parié que tu répondrais ça !

Caressant délicatement la joue du conducteur, elle ajouta.

— Ton manque d'estime de toi est quelque chose qu'il va falloir soigner, mon amour... Tu es un homme bien doublé d'un homme bon.

— Merci ma chérie.

Profitant d'un feu rouge, le couple s'embrassa tendrement avant de continuer son chemin.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant