Jour 633 - 2

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Le captif émergea d'un néant partagé entre l'inconscience et le sommeil, brumeux et confus, pour découvrir qu'il était de retour dans la fourre, allongé et bordé par ses coéquipiers. Il voulut se redresser lentement mais ceux-ci l'en empêchèrent, l'obligeant à rester couché, quand celui qui avait rompu le silence la veille prit la parole.

— Tu es resté assommé près d'une heure, et t'as vraiment une sale gueule... Repose toi.

Vincent ferma les yeux avant d'inspirer un grand coup en souriant.

— Déjà, si je peux faire ça, c'est que mes côtes sont intactes. T'entends ça Orton, même pas mal ! Orton ?

Le militaire ouvrit les yeux pour regarder ses collègues qui se mirent à fuir son regard. Il se releva alors en titubant, la tête lui tournant tandis que son estomac se nouait.

— Où est-il ? J'ai dit : Où est-il ?

— Ils l'ont emporté quand ils t'ont déposé ici... Quand il a vu ton état, il est parti en vrille et il a chargé dans le tas...

— Quel con...

— Oui... Mais il en a mis deux KO avant d'être maitrisé.

Vincent se retourna en dévisageant les trois hommes assis par terre.

— Et vous dans tout ça ?

— Tu as dit d'attendre demain matin. Être tous dans le même état que toi ne nous apportera rien d'utile.

La forte tête ne put s'empêcher de sourire, ce qui rouvrit une de ses lèvres déchirées et entraina un nouveau saignement.

— Vous avez raison. Voici mon plan.

Une demi-heure plus tard, des pas résonnèrent dans le couloir, suivis de peu par le bruit de la barre d'entrave, avant que la porte s'ouvre. Deux militaires tirèrent Sylvain en le tenant sous les épaules tandis que celui-ci, à demi inconscient et le nez en sang, se laissait trainer sans réactions pour être jeté sans ménagement sur le sol. Vincent fit un rapide signe de la main à ses coéquipiers qui vinrent le récupérer tandis que Tarm entrait dans la salle à leur suite.

— Alors, à qui le tour ?

Son regard balaya la pièce avant de se poser sur Vincent, droit et fier devant lui.

— Je suis prêt à jouer de nouveau avec toi. A toi de voir si tu veux me mettre de nouveau un handicap pour avoir une chance de gagner, ou si tu veux essayer d'homme à homme... Dans tous les cas tu vas continuer à t'humilier. A l'inverse du chêne, le roseau plie mais ne rompt pas.

— Oh, un moine shaoline... Parfait, en route pour le second round alors. Apportez-le.

Les deux gardes firent chacun un pas en avant, et Vincent se saisit de leurs poignets, avant de les tirer à lui et de les lâcher pour les frapper en manchette à la gorge et les faire tomber sur le dos, sans quitter Antonin du regard.

— Je suis assez grand pour me déplacer sans escorte, merci. A moins que ça ne te fasse peur...

L'élève officier direct regarda les hommes au sol qui peinaient à respirer tout en se relevant, avant de reporter son regard sur le prisonnier.

— Bien, avance dans ce cas.

Il s'écarta pour laisser Vincent sortir, et les deux victimes leur emboitèrent piteusement le pas tandis que Sylvain recevait quelques soins. Une fois de retour dans la popote, Mordu vit la chaise en bois dont les accoudoirs et le dossier avaient fini par se briser, et se tourna vers Tarm.

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant