Jours 84 à 89

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            Le lendemain matin, quand Vincent se réveilla, son premier constat fut que malheureusement la colle tenait toujours. Rejoignant Mégane dans le salon, celle-ci le regarda avec stupeur.

— Tu ne peux pas te promener nu !

Haussant un sourcil, le jeune homme la regarda sans comprendre et demanda.

— Ça ne te gêne pas, d'habitude.

Mégane s'énerva.

— Va au moins passer une de mes chemises de nuit !

— Pour quoi faire ?

Cette fois-ci, elle cria.

— Parce que le fils des voisins fume une clope au balcon ! Tu ressembles à une femme, et cette nuit il va se masturber en pensant à toi !

Tournant lentement la tête vers la fenêtre, Vincent constata en effet que le jeune homme l'observait, et qu'il se permit même un clin d'œil complice. D'un inexplicable réflexe, Vincent cacha sa fausse poitrine et courut dans la chambre alors que Mégane mettait ses mains en porte-voix.

— Elles sont dans le dernier tiroir de la commode.

Quand Vincent revint dans une nuisette Hello Kitty, il trouva Mégane en train de rire comme une baleine sur le canapé. Vexé, il lui prit la cigarette qu'elle avait dans les mains en s'asseyant à ses côtés.

— Ce n'est pas drôle... Qu'est-ce que je vais faire, moi ?

Mégane le regarda, partagée entre la peine et l'amusement.

— Garder ton rôle de Kelly un peu plus longtemps... En moins gourde bien entendu, et moins vulgaire.

À voix basse, elle ajouta.

— En plus, on doit faire les courses aujourd'hui.

Vincent se raidit instantanément avant de se mettre à hurler en se levant du canapé.

— Ha non, je ne sors pas comme ça, même pas en rêve !

La jeune femme prit un air piteux avant de faussement supplier.

— Ce sont les grosses courses, tu sais que j'ai besoin d'aide...

Bras croisés sous ses prothèses, Vincent grogna.

— Non !

Mégane joignit les mains, implorante, avant d'argumenter.

— Chéri... C'est l'affaire de deux heures maximum... Si tu te rases très bien, que je te maquille, et que tu reprends ta petite voix d'hier tout en essayant de parler le moins possible, ça devrait largement passer...

Secouant la tête mollement, Vincent répondit.

— Tu ne peux pas m'imposer ça...

Mégane haussa un sourcil septique avant de poser une seule et unique question.

— D'accord, et on mange quoi ? Et puis, nous n'avons plus de bières...

— Tant pis ! Je suis prêt à jeuner.

— Je t'offre un jeu vidéo et un Blu-Ray.

Vincent soupira.

— Il n'y a vraiment plus rien du tout ?

— C'est aussi vide que la tête d'Arthur...

La tête de Vincent bascula en avant, signe de résilience.

— Ça craint... Je veux une tenue et un maquillage soft !

— Ce sera forcément une jupe ou une robe. Tu ne rentreras jamais dans mes pantalons. Tu as vu tes cuisses et tes mollets ?

Vincent lui lança un regard désespéré.

—... Un truc soft, débrouille-toi... Après tout, c'est toi qui m'as piégé dans ce corps de Bimbo...

Mégane bondit du canapé en hurlant.

— Merci !

Et tandis qu'il partait se laver, elle lui prépara des affaires en ayant l'impression de jouer à la poupée. Une heure plus tard, légèrement maquillé, coiffé d'un chignon agrémenté de discrètes boucles d'oreilles assorties d'un solitaire, vêtues d'une robe blanche lui arrivant mi-mollets, de collants chaire et de ballerines blanches, Vincent sorti de l'appartement derrière une Mégane pleine d'encouragements et de fou-rire intérieur

Ils firent leurs courses dans un centre commercial différent du leur, éloigné de cinquante kilomètres de chez eux, dans lequel Vincent se fit mater, siffler, et prit même une main aux fesses à laquelle il répondit d'un crochet du droit qui fit tomber le goujat sans qu'il se relève.

Il dut attendre le mercredi soir pour qu'enfin la colle cesse de remplir son office. Cinq jours de calvaire, pendant lesquels il se demanda même s'ils ne devraient pas annuler leurs vacances, alors que Mégane, prévoyante, avait préparé une valise de vêtements féminins supplémentaire pour lui et lui avait acheté des bikinis. Cinq jours pendant lesquels elle fut également l'homme de la maison, se découvrant un côté dominateur frôlant le machisme et la misogynie qu'elle ne se connaissait pas. Aussi, dès qu'il eut finit de tout décoller, Vincent s'empressa d'aller jeter les accessoires à la poubelle, et Mégane alla tout récupérer dès qu'il eut le dos tourné pour les ranger dans sa valise à sex toys.

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant