Jour 1014 - 2

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            Arthur et Vincent venaient de sortir de la maternité quand Vincent sortit deux cigares de la poche intérieure de sa veste.

— Tiens, ça se fête, pas vrai ?

Arthur opina en portant le cigare à ses lèvres tandis que Vincent sortait une boite d'allumettes avant d'en allumer une et de porter la flamme aux cigares. Une fois les deux amas de feuilles séchées et roulées allumés, les deux comparses expirèrent par les narines avec soulagement pour rester silencieux une bonne minute, avant que Vincent se racle la gorge sans pour autant regarder son ami.

— Je voudrais que tu prennes ton congé paternité et tes permes dans la foulée.

Arthur dévisagea son beau-frère avec surprise.

— Pourquoi ça ? Tu as peur pour ta sœur, ou pour le bébé ?

Haussant les épaules, Vincent répondit.

— Non, en fait, avec la fausse couche juste avant, je pense que vous avez besoin de temps à vous aussi... Vous trois, et rien que vous trois, à vous habituer à ce grand changement qu'est l'arrivée d'un enfant...

Ce fut au tour d'Arthur d'hausser les épaules.

— Je ne dirais pas qu'on a fait le deuil de la première grossesse... Mais ce qui est certain, c'est que l'arrivée de Jacques dans nos vies nous a aidé et nous aidera à nous en remettre... Je sais que tu n'aimes pas quand je parle de religion, mais pour moi, c'est un cadeau de Dieu, au même titre que le fait qu'on ait survécu à nos blessures mortelles...

Vincent grogna.

— En effet, je n'aime pas ça... Je suis trop athée pour voir des miracles...

— Oui, tu préfères invoquer la chance... Dans tous les cas, on en a déjà parlé avec Anthinéa. Et je suis au regret de t'annoncer que je ne prendrais rien avant la fin des classes de nos trous du cul.

Vincent observa son ami avec étonnement avant de demander.

— Mais pourquoi ?

Arthur rigola.

— Mais parce que sans moi, tu te fourres systématiquement dans la merde. Regardes tes deux années à Saint Cyr, et oses me dire que tu ne t'en serais pas sorti mieux avec moi.

Vincent rigola à son tour avant de répondre.

— Tu veux qu'on parle de ton éventrement en Opex... Sans moi...

Les deux amis se dévisagèrent quelques secondes sans rien dire avant de rire de concert, puis Arthur reprit.

— En fait, c'est dès qu'on se sépare que ça tourne à la catastrophe...

— Et c'est pour ça que tu ne veux pas prendre tes congés maintenant ?

— Je crois... Et puis je n'ai pas fini de faire roter du sang à ces peignes-cul. Tu es trop gentil avec eux, je dois contrebalancer ça.

Vincent dévisagea Arthur quelques secondes avant de répondre.

— Tu me jures qu'à l'issue de leurs classes, tu prendras ton congé paternité et tes permes ?

— Juré craché. Gueule de bois, croix de bière, si je mens, je la bois entière.

— Voilà qui me rassure. On a un deal, donc ?

Vincent tendit sa main et Arthur s'en saisit en répondant.

— Deal.

— Toi papa... je suis si heureux.

Sans un mot de plus, les deux hommes s'enlacèrent avant de finir leurs cigares en silence, les yeux rivés vers l'infini.

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant