Jour 5-2

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            << — MORDU !!!

Le Lieutenant, chef de peloton de Vincent, venait de débouler dans le bureau des capitaines comme une tornade en furie. Le soldat, relevant la tête de la note de service qu'il lisait, semblait bien calme comparé à l'officier qui lui faisait face.

— Lève ton cul de ce fauteuil, et viens tout de suite au bureau ! C'est quoi ces conneries ! Je peux te dire qu'on ne va pas en rester là ! Cette fois-ci, je te jure que tu n'échapperas pas au bulletin de sanction !

Comme étonné, Vincent répondit avec calme.

— C'est à quel sujet, Mon Lieutenant ?

— Tu te fous de ma gueule, j'espère ? Qu'est-ce que tu fous dans ce fauteuil ? Allez, lève-toi avant que ce ne soit moi qui te lève !

— Il est là parce qu'il en a reçu l'ordre, et il n'en partira que quand il aura fini son travail.

La voix de la Capitaine venait de derrière la porte, et c'était celle de la Capitaine. Sortant de sa cachette, elle tenait à la main le classeur qu'elle cherchait dans l'armoire située dans le coin de la pièce, invisible une fois que la porte était ouverte. Le Lieutenant se raidit avant de pivoter.

— Mégane ? Heu... Capitaine ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Ca veut dire que le première classe Mordu a reçu pour consigne de m'assister dans mon travail, jusqu'à la fin de la base arrière.

Comme le Lieutenant semblait perplexe, elle ajouta.

— Comme s'il était mon officier adjoint.

L'officier se figea.

— Mais... ça devrait être à moi de le faire...

— Aux vues de vos dossiers respectifs, il me semble plus indiqué que toi.

— Mais il ne peut pas être Officier Adjoint, il n'est pas officier !

— Il ne l'est pas à proprement parler. Mais il a le droit à la place de parking, et il est exempté de rassemblements et de services. Nous sommes en sous-effectifs, et lui est très qualifié et productif. Il me fera gagner du temps. Je compte donc sur toi pour lui foutre la paix.

— Mais... Mais...

La Capitaine croisa les bras en battant la mesure du pied.

— Ce n'est pas négociable. Alors, ne m'oblige pas à t'en donner l'ordre.

Le Lieutenant foudroya Vincent du regard.

— Tout ça parce que papa est gradé et ami avec des généraux.

La Capitaine intima immédiatement du regard l'ordre de se taire au première classe, et il la fixa avec un sourire innocent en prenant la parole, malgré le regard courroucé de la gradée qui en suivit.

— J'ai été choisi pour mes aptitudes, vous a-t-elle dit. Mais peut-être que mon nom en fait partie. Dans ce cas, je préfère être le « fils d'un gradé et ami avec des généraux », même si ça fait de moi un « planqué », plutôt qu'un sale fils de pute, ce qui pourrait faire de moi un rageux.

La tête du Lieutenant vira au rouge tandis qu'une grosse veine palpitait sur sa tempe.

— Tu as dit quoi ?

Toujours souriant, Vincent répondit.

— Vous voulez que je répète ?

Le gradé plaqua ses mains sur le bureau de Vincent.

— Tu viens de me traiter de fils de pute ?

La Capitaine eut beau hurler le nom du soldat de toutes ses forces, il ne se put se retenir de répondre en se levant, toujours affable, tandis que dans le couloir les militaires se regroupaient devant la porte pour entendre ce qu'il se passait.

— Si vous le prenez pour vous, c'est votre affaire. Maintenant, si vous permettez, j'ai du travail.

Et tandis que l'officier rageait, Vincent se rassit et reprit la lecture de sa note de service. Le Lieutenant lui jeta un regard mauvais, qu'il adressa également à la Capitaine, puis sorti en claquant la porte, injuriant au passage les hommes qui lui barraient la route. La Capitaine se rua alors vers le bureau du soldat et lui envoya une gifle qui le fit tomber de sa chaise.

— Êtes-vous idiot ?

Sur les fesses, Vincent se massait la joue, choqué.

— Non, mais ça ne va pas de me gifler comme ça ?

— Si vous avez accepté cette mission pour moucher le Lieutenant, vous pouvez partir tout de suite !

— Je ne l'ai pas choisi pour ça, mais il m'insultait !

— Et donc vous entrez dans son jeu ?

— Bah oui...

— Et comme ça, quand vous retournerez dans votre peloton, il se passera quoi ?

— Ha merde...

— Voilà. Donc maintenant, j'exige que vous soyez irréprochable, et que vous alliez lui présenter des excuses !

— Hey, mais ...

— Tout de suite ! >>


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant