Jour 640

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Arthur, ses parents, Antinéa, Mégane et Vincent étaient réunis sur le grand parking du régiment, au milieux d'autres militaires accompagnés de leurs familles, et tous se souhaitaient une mission aussi calme que possible. Le père d'Arthur, un homme au visage marqué par les années de travail sur les chantiers, étreignait son fils comme si c'était la dernière fois qu'il le voyait, tandis que son épouse, une femme aux mèches grisonnantes, pleurait toutes les larmes de son corps dans les bras d'Antinéa.

— Papa, maman... Ça devient gênant... Ce n'est rien qu'une Opex, ça va aller... Six petits mois... Ça va vite passer...

Sa mère lui répondit entre deux sanglots.

— Vas dire ça aux soldats qui n'en sont jamais revenus...

— Madame Bourri, je vous promets qu'Arthur ne risque rien. Notre régiment fait dans la logistique. Il va conduire des camions à longueur de temps, sous bonne escorte qui plus est.

Béatrice Bourri fusilla Vincent du regard.

— Si c'était à ce point sans danger, il n'aurait pas besoin d'une escorte ! Je te préviens que s'il ne rentre pas, je considèrerais que c'est de ta faute ! C'est parce qu'il t'idolâtrait qu'il s'est engagé avec toi !

Vincent recula d'un pas, la bouche entrouverte sous le coup de la réflexion, tandis qu'Arthur s'interposait.

— Maman ! Non seulement c'est faux, mais en plus je ne pense pas que tu aies envie qu'on se dispute le jour de mon départ, n'est-ce pas ?

Béatrice baissa la tête avant de se retourner vers Vincent.

— Excuses-moi... Je suis morte d'inquiétude et il fallait que je passe mes nerfs sur quelqu'un... Je suis désolée que ce soit tombé sur toi...

Tête baissé et regard perdu, Vincent murmura.

— Il ne faut pas, madame. Après tout, vous avez quand même un peu raison. Même si maintenant il commence à s'émanciper parce qu'il a compris qu'il était largement capable sans moi.

L'appel à embarquer dans les bus fut lancé, et Arthur étreignit une dernière fois les siens. Arrivé à Vincent, celui-ci lui glissa une enveloppe dans la poche arrière de son jean en lui murmurant.

— Si un jour tu doutes de toi, ouvres-la.

Les deux hommes s'écartèrent en se souriant, puis Vincent prit la main de sa sœur pour la donner à Arthur.

— Mégane veillera sur elle, et moi je la harcèlerais pour qu'elle retrouve son bon sens à chaque fois que je serais là.

Enlaçant sa fiancée possiblement enceinte, Arthur lui tendit un majeur vigoureux avant d'embrasser Antinéa avec tendresse puis de poser son front contre celui de la jeune femme.

— Je te jure de revenir sain et sauf, ma chérie.

— J'y compte bien, parce que je n'hésiterais pas à ne pas t'attendre !

Arthur afficha un air surpris jusqu'à ce que sa compagne lui fasse un clin d'œil lui arrachant un sourire. Se décolla d'elle à son corps défendant, il embarqua ensuite dans le bus qui démarra peu de temps après, et les familles se dispersèrent en silence. Antinéa prit ses beaux-parents avec elle pour les reconduire chez eux tandis que Mégane ramenait Vincent et Elliot à leur appartement tout en le scrutant du coin de l'œil.

— Tu sais qu'elle ne le pensait pas vraiment, hein ?

Vincent haussa les épaules.

— Ce n'est pas ça qui compte... Ce qui compte, c'est qu'elle a raison. Et quand je serais chef de peloton, ce sera pire encore... je crois que je ne n'en avais pas encore pris conscience...

— C'est pour ça que certains Officiers sont très distants. Ne pas s'attacher aux gens qu'on peut envoyer mourir sur ordre...

Pinçant les lèvres, Vincent opina lentement avant de se terrer dans le mutisme jusqu'à la fin de la journée, quand il reçut un message d'Arthur lui annonçant que son avion avait bien atterrit.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant