Jour 2178 - 1 - Le Mariage - La Mairie

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Quinze jours plus tard, Vincent, stressé, se tenait droit face à son père, tous deux en tenue Terre de France, tandis que Marcel grognait.

— Cesse de gesticuler, veux-tu ? Faire un nœud de cravate double sur un asticot n'est pas chose aisée.

— Désolé papa, mais je ne tiens plus en place...

Marcel se redressa en souriant.

— Je te comprend. Aujourd'hui est un jour important dans une vie, et ce que vous allez faire n'est pas anodin. C'est un engagement à vie, jusqu'à ce que la mort vous sépare.

Marcel marqua un temps d'arrêt pour finir le nœud de cravate avant d'ajouter.

— Ou un divorce, mais je ne vous le souhaite pas, vous faites un si joli couple.

— Merci papa...

Elliot entra dans le bureau de son grand père et les deux hommes lui firent face pour l'admirer dans son beau costume bleu nuit, ressemblant très pour très à Vincent au même âge. Eugénie le suivit de près avant de s'exclamer.

— Mes hommes, que vous êtes beaux ! je veux prendre une photo ! Trois générations de beaux Mordu, ça ne peut pas se laisser passer !

Vincent attrapa son fils et le mit sur son épaule en soufflant.

— Mon cochon, tu as grossi ! Bientôt, je ne pourrais plus te porter comme ça...

Pour toute réponse, Elliot rigola tandis que sa grand-mère finissait de sortir son téléphone portable.

— Ne bougez plus, et dites ouistiti !

— Ouistiti !

Un flash éclaira la pièce avant que la mère au foyer clame.

— Merci mes amours, ça va me faire mon fond d'écran de téléphone.

Vincent reposa son fils avant d'aller dans le salon au moment où monsieur et madame Dupont entraient dans la maison. Vincent se dirigea vers eux pour les accueillir et Liane lui sauta au cou. Surpris, le futur marié balbutia.

— Qu'est-ce qui me vaut l'honneur ?

En pleurs, la presque sexagénaire murmura.

— Cette invitation est pour moi un merveilleux cadeau ! Tu prouves ta véritable volonté de nous intégrer à ta famille.

S'écartant d'elle en souriant, Vincent répondit.

— Je vous avais dit que si vous n'étiez pas vacharde, vous seriez toujours la bienvenue. Vous avez été plus que gentille, alors pourquoi vous repousserais-je ?

— Merci... Oh, Elliot, mon chéri, tu es si beau ! Viens me faire un bisou !

Le garçon cria de joie avant de se jeter dans les bras de sa grand-mère maternelle tandis que René murmurait au futur marié.

— Elle pleure de joie presque tous les jours depuis qu'on a reçu le faire-part et l'invitation. Elle ne le dira pas, mais tu es devenu un fils à ses yeux, alors elle est infernale...

Vincent rigola de plus belle tandis que Marcel et Eugénie accueillaient leurs convives, puis le jeune homme sortit fumer. À peine eu-t-il fermé la porte qu'il se fit intercepter par Arthur, les Bougres et ses camarades Officiers de son escadron.

— Salut les gars, ça va ?

L'air sévère, Arthur répondit.

— Tu te tais et tu montes dans la voiture. La future madame Mordu arrive, donc on t'évacue à la mairie.

Vincent haussa les sourcils puis les épaules avant d'emboiter le pas à ses amis. Une fois à la mairie, Vincent découvrit son ancien peloton en train de guider les véhicules des convives pour faciliter le stationnement puis escorter les gens à la mairie, avant que la Brigadier Detarce vienne le rejoindre dans une magnifique robe. Vincent ne put s'empêcher de siffler.

— Il y a donc bien une femme qui se cache derrière cette emmerdeuse.

— Mes Respects Mon Capitaine. Oui, enfin faut pas déconner, c'est parce que je me suis sentie obligée... Rodrigue m'a dit que le survêtement, ça le ferait moyen...

L'intéressé rigola avant d'ajouter.

— Et oui les gars... Elle est parfois plus virile que moi...

Tous rigolèrent avant d'être rejoins par Antinéa, Charly et sa compagne. Le jeune homme n'avait pas replongé dans la drogue, et l'infirmière avec qui il avait engagé une relation lors de sa cure de désintoxication portait maintenant son enfant. Tous s'accueillir chaleureusement et discutèrent en attendant le début de la cérémonie, quand une magnifique Cadillac rouge s'arrêta sur le parking. Le Brigadier Vérou prit alors son poste de transmission pour prévenir les autres, et le Brigadier César courut avertir Vincent. Celui paniqua immédiatement, et Antinéa et Arthur durent le calmer tout en le conduisant à l'entrée du bâtiment, quand un grand silence se fit dans l'assistance qui s'écarta prestement pour libérer le passage à un des plus beaux spectacles qu'il ait été donné de voir au militaire. Face à lui, au bras du Général Monterry, Mégane se tenait droite dans une magnifique robe blanche faite de tulle et de dentelles, sertis de strass discrets et gonflée de jupons, dont le bustier sans manches mettait son magnifique cou ornementé d'un diamant solitaire en valeur. Le voile rabattu sur son visage ne parvenait pas à dissimuler son magnifique sourire, et derrière elle Elliot et Jacques portaient sa traine sous l'œil bienveillant des invités, touchés par ce magnifique spectacle. Quand enfin Mégane et son père arrivèrent devant Vincent, le Général aux yeux rougissants se mit au garde à vous et salua son futur gendre qui lui rendit le salut.

— Mes Respects Mon Capitaine. M'autoriserez-vous à conduire votre future épouse devant Monsieur le maire ?

Manquant tout autant de pleurer que son vis-à-vis, Vincent répondit.

— Tout l'honneur sera pour moi, Mon Général.

Cinq minutes plus tard, la salle était remplie, les mariés se tenant devant le bureau du maire qui put enfin commencer la cérémonie, encadré par Elliot et Jacques, vigilants et à l'affut, prenant très à cœur leur rôle de garçons d'honneur. Une demi-heure plus tard, après avoir signé différents papiers, le couple fraichement marié aux yeux de la loi put s'embrasser sous les applaudissements de l'assistance. Lentement, après que chacun ait pu féliciter les jeunes mariés, la salle se vida pour leur permettre de sortir, et Vincent s'immobilisa de surprise tandis que Mégane lui murmurait.

— Je me suis dit que ça te ferait plaisir qu'ils soient là.

Sur le parvis de la mairie, sabres au clair, son peloton de Coëtquidan leur offrait une haie d'honneur totalement inattendue. Ému, Vincent s'avança aux côtés de son épouse tandis que les sabres se redressaient sur leur passage jusqu'à ce qu'ils aient atteint la fin de la haie où ils s'immobilisèrent. Les deux derniers hommes en arme abaissèrent alors leurs lames pour mettre une fessée avec aux jeunes mariés sous les rires de l'assistance, puis ils rentrèrent tous leurs sabres pour aller les congratuler.

— Vous resterez bien pour le vin d'honneur, au moins ?

Delporte rigola.

— Donc ta femme ne t'a vraiment rien dit ? On est tous invités au mariage. Même ton peloton qui, là, fait la circu, on est tous invités.

Vincent, bouche bée, dévisagea sa femme qui embrassait les Officiers à tour de bras, réalisant difficilement la chance qui était la sienne. Arthur vint le tirer de sa torpeur en le saisissant par le bras.

— Allez, on doit finir de préparer l'église et tu dois te changer pendant que ta femme en fait autant chez tes parents. En piste !


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant