Jour 631 - 3

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— Tu ne fais pas la tronche, t'es sûr ?

Vincent dévisagea Joseph avant de marmonner.

— La dix-huitième fois, je suis agacé, éventuellement, mais je ne fais pas la tronche, non. Je crois qu'il était important que vous me remettiez les pieds sur terre. Maintenant, dépêchons-nous parce que je n'aime pas ne pas nous savoir à couvert !

Les hommes infiltrés avaient parcouru maintes et maintes fois le secteur de long en large et en travers pour finir de récolter les éléments leurs manquant et avaient transmis chacun des mots du message récupérés à leurs camarades.

Une – Longs – Monotone – L' – Blessent – De – Mon – Violons – Langueur – Sanglots –D' – Les – Cœur – Des – Automnes.

Ces mots ne cessaient de tourner en boucle dans la tête de Vincent sans qu'il ne trouve de solutions, jusqu'à ce que les transmissions se mettent à cracher la voix de l'élève directe Zette.

— Ici Annie, vous êtes cons ou vous le faites exprès ?

Le groupe de Vincent, qui venait de s'abriter dans un hangar, échangea quelques regards surpris avant que Joseph réponde.

— On repassera pour le protocole, mais on peut savoir pourquoi ces mots d'amours ?

La voix de la jeune femme revint sur les ondes, particulièrement exaspérée.

— Sérieusement, vous ne connaissez pas vos classiques ? Les gars, mais comment vous avez pu arriver jusqu'ici ? A se demander si vous avez eu ne serait-ce que le brevet des collèges !

A travers tout le camp, dans les bivouacs, les trous de combats, les cachettes et les embuscades, de nombreux regards honteux s'échangèrent discrètement tandis qu'Annie Zette continuait.

— Non mais sincèrement ! Vous allez me terraformer l'anus là ! Les mecs, merde, sérieux... Les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon cœur d'une langueur monotone... De Verlaine ! Ça a servi pour annoncer le débarquement en Normandie !

Joseph pressa le commutateur de communications avant de murmurer.

— Oh. Oui... Ces vers-là...

Annie inspira un grand coup avant de répondre.

— Je vous laisse dix secondes pour baisser le volume...

Inspirant une seconde fois, elle activa les communications avant de hurler.

— Oui, ces putain de vers-là bande de têtes de chibres ! Putain, mais de tous les élèves officiers du monde de la terre entière, il a fallu que je tombe sur la pire bande de crétins incultes du monde ! Vous me filez la gerbe, bordel de merde, la gerbe !

Prenant les transmissions des mains de Joseph en soupirant, Vincent prit la parole.

— OK, Annie, on a compris l'idée, et c'est vrai qu'on est franchement des buses sur ce coup, mais maintenant, tu peux arrêter de pourrir le réseau trans, qu'on puisse se reconcentrer sur la mission ?

— Je ne sais pas trop si vous le méritez, mais ce n'est pas comme si on avait le choix. Je vous pourrirais quand on aura fini la mission. Et je vous garantis que vous n'y échapperais pas !

— Oui Mam'zelle. Alors voilà maintenant ce que je vous propose, avant de passer au quatre fois cent mètres : On s'offre une bonne nuit de sommeil. Il faut qu'on récupère tous avant ce qui nous attend. Tout le monde est d'accord ?

Les groupes approuvèrent les uns après les autres, et Vincent reprit.

— Contrôlez votre matériel, mangez, reposez-vous, surveillez quand même vos secteurs, et tenez-vous prêts pour demain, huit heures et cinq minutes, pile pendant les rassemblements. Je doute qu'ils y aillent avec leurs armes FARS. Allez, on laisse les trans allumées mais on fait le silence radio. Bisous caresses.

Les membres de son commando dévisagèrent Vincent qui leur lança son plus grand sourire avant de reprendre.

— Ca va... Vous avez rien dit à la mère Anisette, alors foutez-moi la paix et allons au point de replis pour ce soir. J'en ai plein le cul, j'ai mal aux pieds, j'ai faim et j'ai envie de chier.

Sans un mot de plus, il sorti en rampant de leur couvert, suivi de près par ses coéquipiers, dépités au possible.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant