Jour 805

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Le lundi qui suivi, alors qu'il aurait préféré partir en voyage de noces, Arthur dut se lever pour se rendre au régiment vêtu de son treillis de défilé. La journée qui se préparait s'annonçait importante. Il était promus Maréchal des Logis Chef alors qu'il n'avait pas encore son BSTAT (Brevet Supérieur de Techicien de l'Armée de Terre) pour son acte de bravoure au combat. Cette idée le fit rire. Son seul acte de bravoure fut d'insulter un homme par radio lorsqu'ils ont été attaqués et que la chaine de commandement fut rompue. Dans tous les cas, cette promotion à très grande vitesse tombait à point nommé, mais il avait bien conscience qu'il serait attendu au tournant. Il était inscrit au BSTAT en urgence, et n'avait pas intérêt à rater l'examen.

Stationnant le véhicule, il repassa devant l'endroit où il avait été passé à tabac et laissé à demi mort presque deux ans plus tôt, et se mit à sourire. La roue avait bien tourné depuis, et chacun avait reçu ce qu'il méritait, en bien comme en mal. Et pour sa part, la vie l'avait gâté.

Lorsqu'il atteint l'escadron, il se dirigea vers le bureau de Mégane sur la porte duquel le nom de la jeune femme venait d'être peint à la peinture blanche, et celle-ci le salua avec enthousiasme.

— Alors, comment tu te sens ?

Arthur rigola avant de répondre.

— Forcément moins stressé que toi. Je ne prends pas de commandement, moi.

Mégane afficha un sourire malicieux qui fit subitement se figer son vis-à-vis.

— C'est quoi ce sourire en quoi ?

Se levant de son fauteuil, la jeune femme prit un sourire faussement peinée avant de répondre.

— Tu sais qu'un Chef peut être SOA (Sous-Officier Adjoint, N°2 d'un peloton) ? Mais là, nous n'avons plus d'Officiers subalternes ni de Sous-Officiers supérieurs pour tenir un commandement, mais assez de personnels pour refaire un peloton... Alors le temps de renflouer les rangs, te voilà chef de peloton intérimaire à compter de ta promotion au grade supérieur. Le Lieutenant étant devenu mon OA (Officier Adjoint, N° de l'escadron), tu prends le peloton en charge.

Arthur cligna des yeux plusieurs fois, la bouche grande ouverte, entrainant un rire puissant chez Mégane qui reprit.

— Bienvenu dans le monde des grands.

Arthur opina lentement du chef, avant de saluer puis de quitter le bureau pour rejoindre les autres survivants également promus, y compris Mendez à la démarche boiteuse due à sa prothèse à laquelle il n'était pas encore pleinement habitué.

Arthur le regarda en souriant avant de l'apostropher.

— Tu sais quoi ? Le Lieutenant avant raison... La mauvaise herbe ne se laisse jamais mourir. Et vous, vous êtes de la putain de mauvaise herbe... Je suis heureux que tu sois de retour, Mendez.

Mendez sourit avant de répondre.

— Ça n'a pas été simple, ces cons voulaient me réformer. Ceci dit, maintenant, j'ai un poste administratif et ça m'emmerde... Ça m'emmerde d'autant plus que j'avais renouvelé pour six ans juste avant le départ, alors je suis bloqué un long moment...

Curé ne put s'empêcher de rire.

— L'un de nous derrière un bureau, j'aurais tout vu !

— Oh ça j'en doute...

Les Bougres dévisagèrent Arthur qui ajouta.

— L'un d'entre nous chef de peloton, ça, c'était inimaginable !

Les quatres énergumènes mirent quelques secondes à comprendre avant de se relever en hurlant et de féliciter leur ami, jusqu'à ce que le service de semaine sorte de son bureau en cirant à son tour.

— Oh, vous allez fermer vos gueules, là ? Ce n'est pas la fête ! En route pour la cérémonie de toute façon, embarquez dans le véhicule !

Le groupe obéit, hilare, pour se rendre sur la place d'arme régimentaire. Là-bas, le chef de corps les décora et leur remit une lettre de félicitation, après quoi il promut en personne Arthur, avant de faire un discours les mettant en avant, les utilisant comme exemple du don de soi et du sens du sacrifice. Heureusement pour Mendez, le discours s'éternisant, une chaise avait été prévue pour lui et il ne se priva pas de narguer discrètement ses camarades.

Quand la journée fut enfin terminée, Arthur rentra chez lui retrouver son épouse et charger la voiture, avant de partir deux semaines aux Maldives faire leur voyage de noces.

Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant