Jour 18 - 1

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            Le lendemain, Vincent remercia le calendrier d'afficher un dimanche. Il se réveilla peu après midi, et se prépara lentement aux quelques heures de travail dominical à l'escadron.

Arrivé devant l'immeuble de la Capitaine, il la trouva déjà dehors, en train de se disputer violemment avec un homme, et lorsque ce dernier la gifla assez fort pour qu'elle tombe, Vincent perdit son sang-froid. Il bondit hors de sa voiture et s'interposa, repoussant l'individu de toutes ses forces contre le mur, avant d'enchainer avec une clé de bras pour l'amener face contre terre en hurlant.

<< — Ton père ne t'a jamais appris qu'on ne frappe pas une femme, sombre con ?

L'homme gesticulait dans l'espoir de se libérer, proférant insultes et menaces, mais Vincent ne l'écoutait pas. Faisant jouer leur position, il le força à se relever en tirant sur le bras qu'il tenait, puis, posant son pied sur les fesses de l'homme, il le repoussa aussi fort qu'il le put en avant tout en le lâchant, avant de se mettre en garde, prêt à se défendre ou à protéger sa Capitaine.

— Vas-y, sombre merde, avance. Avance que je te dérouille !

L'homme le regarda méchamment, semblant calculer ses chances de victoire, tandis que Vincent scrutait ce visage qui ne lui semblait pas inconnu. Mais la colère embrumait ses pensées, l'empêchant de réaliser à qui il s'adressait.

— Alors quoi, sale enfoiré, t'as pas assez de couilles pour t'en prendre à un homme ? Frapper une femme, t'as le courage, te battre avec un homme te fait claquer des fesses ? Allez, viens ! Viens, je te dis !

Les passants commençaient à s'attrouper, invectivant l'agresseur, et celui-ci jugea préférable de battre en retraite sous les insultes des badauds.

— Ouais, c'est ça, barre-toi, sale lâche !

Vincent, sous les applaudissements de la foule, baissa sa garde avant de cracher par terre, avant de rejoindre la Capitaine pour la relever et l'aider à se relever. Elle avait le visage légèrement gonflé, la joue écarlate, saignait de la lèvre, et pleurait à chaudes larmes, crevant le cœur du militaire. Il lui demanda doucement, tandis que les passants se dispersaient après la fin de l'affrontement.

— Vous le connaissiez ?

La Capitaine opina lentement du chef.

— Vous voulez porter plainte ?

Cette fois-ci, sa tête répondit par la négative, avant qu'elle ne fonde de nouveau en larmes et se blottisse dans les bras de son sauveur. D'abord surpris, Vincent lui rendit son étreinte pour la réconforter.

— Allons, allons... Allez, pas de boulot aujourd'hui, je vous ramène chez vous. On va s'occuper de votre visage avant que ce dernier soit gâché par un vilain coquard.

Et alors qu'il tenait la Capitaine par l'épaule dans un geste réconfortant pour la guider, cette dernière posa sa tête sur son pectoral, profitant du fait qu'elle devait faire une tête de moins que lui.

Arrivant devant l'appartement, Vincent trouva porte ouverte et la franchit avant de refermer derrière eux d'un coup de pied. Il aida ensuite sa supérieure à s'assoir sur le canapé, mais quand il voulut aller chercher des glaçons, celle-ci l'attrapa par la manche et refusa de le lâcher tout en fuyant son regard. Soupirant, il lui expliqua calmement ce qu'il s'apprêtait à faire, et son étreinte se desserra.

Arrivé dans la cuisine du somptueux trois-pièces, il ouvrit le congélateur et mit plusieurs glaçons dans un torchon qu'il enroula autour pour en faire une poche compacte, puis retourna l'appliquer sur le visage de la jeune femme en lui faisant un semblant de conversation.

— Qui c'était, ce gros con ?

La femme se mura dans le silence une bonne minute, tant et si bien que Vincent se releva pour prendre la direction de la porte. Ce ne fut que quand il s'apprêta à saisir la poignée qu'elle répondit.

— Mon ex... C'était mon ex...

Vincent s'arrêta en soupirant. Il savait enfin pourquoi le visage ne lui semblait pas inconnu, et senti qu'il venait de se plonger dans un océan de problèmes. Se retournant lentement, il afficha un sourire réconfortant avant de se rapprocher de la Capitaine, avant de reprendre le torchon plein de glaçons et de l'appliquer à nouveau sur le visage tuméfié, arrachant un léger gémissement à sa supérieure hiérarchique.

— Vous lui avez piqué son maquillage, pour qu'il vous cogne ?

La jeune femme souria avant de gémir de nouveau.

— Ne me faites pas rire, ça pique...

Vincent échappa un petit rire avant de répondre.

— Alors, ne vous cassez jamais de côte, c'est pire. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

La jeune femme soupira avant de répondre.

— Il est venu m'accuser d'avoir dit la vérité sur son état... Sentimentalo-sexuel... Au régiment...

— Sauf que ce n'est pas vous.

Le ton de la Capitaine montant d'un cran.

— Bien sûr que non. Mais il n'a pas voulu l'entendre.

— Alors ça pourrait être qui ?

— Son amant, bien entendu, même s'il refuse de l'admettre.

Vincent se figea. Il se dit qu'il s'enfonçait vraiment de plus en plus profondément dans la mer de catastrophes la plus opaque et dangereuse qui soi, avant de marmonner.

— Ça va être sympa, lundi...

La voix de la femme se brisa

— Je ne ferais pas le rassemblement. Je ne pense même pas sortir de mon bureau...

Vincent s'énerva immédiatement.

— Mais pourquoi ? C'est votre ex, la sombre merde, pas vous ! C'est lui qui frappe une femme, pas l'inverse !

La gradée explosa de nouveau en larmes, et Vincent vint s'assoir à côté d'elle pour enfouir son visage rougi dans ses bras, contre son torse. Les sanglots s'atténuèrent, puis cessèrent totalement, et il passa alors lentement sa main dans les cheveux de la jeune femme encore et encore, jusqu'à ce que le dernier reniflement soit évacué.

Ce fut à ce moment que la situation échappa à son contrôle. La jeune femme releva la tête pour l'embrasser à pleine bouche et pendant quelques secondes, Vincent s'abandonna à la passion de ce baiser volé, avant de se rappeler qui se tenait contre lui. Il se releva en trombe et s'écarta de la jeune qui, tête baissée, se remit à sangloter. Désemparé, il tenta de se rattraper.

— Non, mais ne pleurez pas...

S'approchant d'elle, il essaya de saisir son visage entre ses mains, mais elle se dégagea d'un mouvement de tête. Il l'attrapa alors une seconde fois, et elle se laissa enfin faire. Il dirigea alors son visage vers le sien et reprit avec autant de calme que possible.

— Vous jeter dans mes bras parce que je vous ai « sauvé » ou pour vous consoler, ce n'est pas une solution. Quant à moi, profiter de votre état de faiblesse de la sorte serait mal. Et puis vous imaginez l'ambiance au bureau, demain ? Déjà que la tension sexuelle entre nous est tellement intense qu'on pourrait la couper à la baïonnette...

La jeune femme explosa de rire avant de gémir en se tenant la joue, et Vincent rigola à sa place.

— Allez, je vous emmène au cinéma. Ils passent un film d'action bien pourri qui ne nécessite aucun neurone, ça vous permettra de vous vider la tête. Et n'oubliez pas votre carte de crédit, c'est moi qui invite !

Se levant du canapé, il alla chercher la veste de sa Capitaine et lui tendit alors qu'elle le regardait avec étonnement.

— Je suis très sérieux, Capitaine. Un bon film sans scénario pour se vider la tête, tout en se gavant de friandises et de soda, ça fait toujours du bien. Allez, en route ! >>


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant