Jour 1013

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La semaine continua sur ce schéma, à base de combat le jour et d'assauts sur le bivouac la nuit, d'épuisement physique en journée suivi de privation de sommeil tandis que l'encadrement se relayait pour ne pas se fatiguer inutilement. La nuit de jeudi à vendredi fut consacrée au nettoyage de l'armement, et lorsque les pelotons furent lâchés le vendredi après-midi, ce fut une horde de zombies qui se dirigea mollement vers la gare la plus proche Tandis que Mégane venait rejoindre l'encadrement composé de ses personnels.

— Bon, dites-moi tout, combien en avez-vous poussé à la démission ?

Les personnels présents dans la popote échangèrent quelques regards avant que Sylvain réponde.

— Visiblement aucun, Capitaine...

— Quoi ?

La jeune femme regarda son fiancé avec de grands yeux et celui-ci haussa les épaules, penaud.

— Plus on les fait chier, plus ils aiment ça... Cette nuit, j'ai essuyé l'huile de mon arme sur le visage d'un mec, et il m'a remercié... Je ne les comprends pas, je te jure... On nous aurait fait la même chose pendant les classes...

Arthur le coupa.

— Tu aurais réagis comme eux parce que t'es un malade, et tu le sais.

Sylvain, Joseph et Noémie rigolèrent en repensant à leur passage au Saint Cyr tandis que Mégane soupirait.

— Il nous reste à espérer que ça persiste même après les classes dans ce cas... Et peut-être que vous aurez-mis sur pieds l'escadron le plus dynamique, le plus combattif et le plus aguerrit de ce régiment... Parce que sinon, je ne sais pas ce que ça va donner...

Les bras croisés, Arthur afficha un sourire en coin.

— C'est pourtant simple. Il ne faudra pas baisser la cadence. On continuera l'entrainement encore et encore. Et si on a pas le budget pour les muns (munitions) à blanc, eh bah ils crieront banane banane. Et on les leur fera faire du PO (Parcours d'Obstacles, ancien parcours du combattant) jusqu'à en roter du sang. Ce qu'il ne faudra pas faire, c'est les laisser s'enfermer dans une routine d'ennuie où ils restent en chambre à longueur de journée.

Mégane haussa les sourcils avant de se tourner vers les Bougres.

— Comme certains avant eux ?

Curé et Lavalik haussèrent les épaules avant que Rodrigue réponde.

— Je ne vois pas du tout de quoi ça s'agit... On ne passait absolument pas notre temps à picoler en chambre tout en jouant à la console...

Le groupe rigola tandis qu'Arthur reprenait.

— Toujours est-il qu'il faut leur faire garder le rythme, mais sans tomber dans le rébarbatif. Et puis comme ça, ils seront prêts pour le CME (Certificat Militaire Élémentaire permettant d'accéder au grade de Brigadier/Caporale) ou Saint Maix...

Vincent dévisagea son ami quelques instants avant de bafouiller.

— Je... Mais... Quand est-ce que tu t'es mis à faire fonctionner ton cerveau comme ça, toi ? il est passé où, mon pote timide, introverti et légèrement balourd ?

Arthur Sourit avant de répondre.

— Il est resté à Saint Maix et au Mali. Le reste a fini de fondre en se préparant à être père.

Vincent opina longuement du chef, la bouche grande ouverte, avant de répondre.

— Bah écoutes, ça te va bien...

— Merci. Bon, à ce sujet, si vous n'avez plus besoin de moi... On a dit avec ma femme qu'on allait acheter les meubles pour le gosse aujourd'hui, alors bon week-end à vous.

Il fit le tour des personnels pour dire au revoir à tout le monde, surprenant toujours les trois jeunes officiers quand il fit la bise à Mégane, avant de serrer la main de Vincent.

— Embrasses ma sœur pour moi.

— Oh, ça, je n'y manquerais pas...

Et alors qu'Arthur appuyait son sous-entendu d'un clin d'œil, Mégane rigola devant la tête de son fiancé qui se décomposait lentement.

— Un jour, je vais te défoncer, mon ami...

— Je ne serais pas le premier beau-frère que tu boxes. Allez, à lundi.

Le militaire quitta la salle sous les rires de l'assistance tandis que Vincent l'insultait copieusement.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant