Jour 299 - 2

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Comment les deux soldats l'avaient anticipé, l'après-midi serait consacré aux réglages des armes et des éléments de tenues, ce qui ne prit au final que deux heures. Surpris par ce temps libre inattendu, Vincent rassembla tout le peloton pour parler de la situation, car pour lui, il était clair qu'un mauvais coup se tramait. L'une des rares femmes du peloton, une petite brune très effacée et un peu ronde, prit la parole d'une voix timide, tant et si bien que Vincent du appeler au silence pour l'entendre.

— Vas-y Myrte, on t'écoute.

Subitement paniquée d'avoir à faire face à un tel auditoire, la jeune femme rougit avant de se racler la gorge et de se ressaisir.

— Voilà, je réfléchissais à ce qu'il s'est passé à la sortie de l'ordinaire, et une discussion que j'ai entendue aux toilettes m'est revenue à l'esprit... La Maréchale des logis Jolie et la Brigadier-Chef N'Guyen parlaient d'un peloton de directes avec lesquels nous mettre en compétition... Il paraitrait que le leader charismatique là-bas serait...

La jeune femme sembla choisir comme expliquer la situation sans froisser Vincent, avant d'opter pour une solution simple.

— Ton jumeaux démoniaque... En forma égoïste et manipulateur, égocentrique et imbue de lui-même... Il a emmené tout le monde dans son sillage, en mode « On est les meilleurs parce qu'on est des directes », et n'hésite pas à écraser tous ceux qui s'interposent...

Vincent l'interrompit.

— Attends... Avant ce tableau flatteur, tu as dit qu'il était mon jumeau ?

— Mais démoniaque...

Le jeune homme se redressa.

— C'est comme ça que vous me voyez tous ?

A travers le groupe, de nombreuses négations s'élevèrent avant que Ramon n'ajoute.

— Oui, vous avez des traits communs, mais toi, tu le fais pour tous nous tirer vers le haut. Où en tout cas c'est le sentiment que tu donnes jusqu'ici, et t'inquiètes pas qu'on saurait t'arrêter si tu déconnais. Lui, il a déjà fait virer des gars de sa promotion parce qu'ils étaient en travers de sa route... C'est un peu... Drago malfoy... En militaire... Et moins riche... Et plus moldu...

Vincent opina lentement du chef.

— Ça donne envie... Et donc, ton idée, Myrte, ce serait qu'ils nous envoient les affronter ?

— Oui... Harceler leur bivouac, leur servir de plastron, ou l'inverse... Bref, nous faire les croiser...

Le jeune homme observa ses camarades, et tous lui rendirent son regard avec détermination.

— Vous pensez pareil ?

Une quarantaine de têtes opina silencieusement.

— J'ai cru comprendre qu'en mon absence, des groupes de combat avaient été constitués. Que chacun désigne un chef, et quand les sacs seront prêts, ces chefs viendront nous voir, Ramon et moi.

Se tournant vers son bras droit tandis que les autres élèves partaient, il reprit.

— Toi, tu vas me briefer sur la topographie des lieux et les zones utilisées pour le combat.

— OK !

Une demi-heure plus tard, le Lieutenant hurla le rassemblement en tenue de combat avant de sortir du bâtiment pour tomber nez à nez avec le peloton déjà prêt et équipé. Surpris, il lui fallut quelques secondes pour se ressaisir et donner l'ordre de se mettre en marche vers l'armurerie. Une fois sur place, il fit appeler Mordu tandis que les autres percevaient.

— C'est quoi cette connerie ?

— De l'anticipation, Mon Lieutenant.

— Et dans vos sacs ?

— Un sac d'alerte soixante-douze heures.

— Vous êtes prêts pour trois jours de terrain ?

— Affirmatif Mon Lieutenant.

— Bien... Et d'après toi, quel exercice ?

— D'après moi, le test du matériel coulait de source. Mais d'après eux, il y aurait un peloton qui nous ressemble et avec lequel vous voudriez nous voir jouer.

Le Lieutenant se mit à sourire.

— C'est bien d'écouter ses hommes.

— Ce ne sont pas mes hommes, Mon Lieutenant. Ce sont mes camarades.

— Ouais, à d'autres. Quand vous aurez fini de percevoir, embarquez dans le bus. Transmets l'info.

— Reçu Mon Lieutenant !

Et alors que l'Officier s'en allait en sifflant, Vincent rejoignit les siens en transmettant les nouvelles directives. Une demi-heure plus tard, le bus les arrêta au beau milieu de nulle part. une fois descendus et regroupés, les stagiaires firent face à leur commandement, et l'Adjudant Coller qui déroula une carte.

— Très bien les filles, voici la situation : On a une équipe d'insurgés retranchés au point Lima Charly 57. Votre mission, neutralisation. Pour ce faire, vos armes, des explosifs factices, et possiblement des drones et des frappes aériennes. Des questions ?

Vincent et Ramon échangèrent un regard avant que Vincent prenne la parole.

— Des règles d'engagement ?

— Aucune.

— Des civils ?

— Aucune idée.

— Recommandation Tactique ?

L'Adjudant soupira.

— Toujours aucune.

— Clairement, vous n'avez aucune information utile à nous transmettre...

— Voilà !

— Ce qui nous laisse les coudées franches, merci.

Vincent fit demi-tour et s'éloigna de la table, suivi du reste du peloton, laissant l'Adjudant derrière lui, complètement perdu.

– Non, mais, attendez... Revenez...

Sans lui prêter attention, le peloton s'éloigna de plusieurs dizaines de mètres sous les rires du reste de l'encadrement.


Comment J'Ai Épousé Mon Commandant d'UnitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant