La Dernière Étoile - Tome 2 : Chute

E. L'Inspiré - seconde partie

-Ici l'amiral Atorias, commença-t-il. Je m'adresse à tous les soldats, les spatiaux et les officiers de la flotte d'exploration depuis la salle de conférence de l'Inspiré.

Carlsson grimaça devant cette révélation de leur position, mais le chevalier s'en moquait. Il ne l'avait pas fait par maladresse. Il voulait montrer à tous qu'il ne se cachait pas, affichant l'assurance d'un vainqueur.

-Le commandant Nile se trouve près de moi, poursuivit-il. Il m'a conseillé de confisquer les réserves de deutérium de la flotte, puis d'employer les capacités furtives du Spectre pour fuir avec les officiers supérieurs en vous abandonnant ici. Je l'ai donc relevé de ses fonctions et placé aux arrêts en attendant qu'il passe en cours martiale.

Varig marqua une pause pour laisser le temps à ses auditeurs de mesurer les implication de ce qu'il venait de leur dire. Mais les discours n'étaient pas son fort, aussi décida-t-il d'aller droit au but.

-Voici ce que je vais faire, lâcha-t-il. Le Spectre va remplir ses réservoirs en siphonnant ceux des autres vaisseaux, puis il partira chercher de l'aide. L'Inspiré sera le nouveau vaisseau amiral de la flotte et je resterai à son bord. Je me rend d'ailleurs sur la passerelle d'où je dirigerais les manœuvres; suivez les ordres, et nous rentrerons tous chez nous. Atorias, terminé.

Le chevalier fit signe à Carlsson de couper la connexion.

-Vous voulez vraiment prendre le contrôle de l'Inspiré avec une seule escouade? demanda Red en souriant.

-J'ai déjà pris un destructeur de l'U-Nation tout seul au dessus de Firen, répliqua Varig.

-Frimeur, lâcha-t-elle juste assez fort pour qu'il l'entende.

Le chevalier haussa les sourcils.

-Souvenez vous que c'est un vaisseau thrawnien, reprit-il. Les mutins ne doivent être qu'une petite minorité, surtout maintenant qu'ils savent que leur chef est hors jeu.

-Ce serait mieux s'il était mort, déclara Carlsson en s'approchant. Surtout qu'ils savent désormais où nous nous trouvons et où nous allons; j'ai beau avoir brouillé les systèmes de sécurité de bord, ils vont quand même nous trouver.

Varig rechargea son pistolet.

-Alors on les recevra. Sergent, vous et vos hommes réglez vos armes sur tir paralysants. Direction la passerelle; ne laissez rien ni personne nous arrêter.

Le petit groupe se mit en marche, adoptant une formation agressive; Red et Valliez ouvraient la marche, arme épaulée, tandis que les deux autres soldats de l'escouade couvraient les arrières en traînant le commandant Nile, toujours K-O. Au centre, Varig et Carlsson se tenaient également prêts à tirer.

-On s'écarte! aboya Red à deux techniciens éberlués.

L'un d'eux ne réagit pas assez vite, et elle le poussa hors de sa route sans ménagement, poursuivant la progression. L'autre avait eu le réflexe de se coller à la cloison, mains levées.

Un officier apparut soudain au bout du couloir, une dizaine de soldats à sa suite. Le petit groupe braqua aussitôt ses armes droit sur lui; il s'arrêta et les scruta de longues secondes sans bouger. Puis il salua, poing sur le cœur.

-Lieutenant Till, chef du premier peloton de la troisième compagnie, seizième bataillon de choc, se présenta-t-il. Nous avons reçu votre message et nous venons vous escorter amiral.

Quand Varig pénétra dans la passerelle, les lieux étaient totalement sous le contrôle des soldats de choc. Ils occupaient tous les accès, surveillant les opérateurs et les officiers.

Le regard de ces derniers alla d'abord vers Varig, puis vers le commandant Nile, traîné par deux commandos en tenue de parade. Ses souliers cirés raclaient piteusement le sol.

-Qui commande ici? lança le chevalier d'une voix forte.

Un cadre de la flotte s'avança, l'air mal assuré.

-Amiral, je suis l'officier transmission Kal-driss, se présenta-t-il. J'étais... Euh... Je suis l'officier le plus gradé sur la passerelle.

-Je croyais que c'était moi, releva Varig pour détendre un peu l'atmosphère.

Loin de sourire, l'homme eut l'air épouvanté de sa bévue. Son regard passa sur les soldats qui le fixaient, comme s'ils allaient le fusiller sur place.

-Non non... bafouilla-t-il. Je veux dire amiral, c'est vous le...

-Repos, officier Kal-driss, le coupa le chevalier. Vu que le commandant est relevé de ses fonctions, vous assumerez désormais le rôle de capitaine de l'Inspiré.

-Euh... À vos ordres.

Loin de le réjouir, cette ''promotion'' semblait lui avoir fait tomber tout le poids du destructeur sur les épaules.

Sans attendre d'invitation Varig se dirigea d'autorité vers le fauteuil destinés aux officiels de marque, juste à côté de celui du commandant du vaisseau. Il activa le système tactique et se plongea dans les rapports, affectant le plus grand détachement.

Il avait enfin repris le contrôle de la situation, et de l'Inspiré. Bientôt, le Spectre aurait quitté la zone; il aurait alors tout le temps de traquer chaque racine malade plantée par Nile.

Carlsson l'y aiderait avec son zèle habituel. Et il ne serait pas le seul; Red était debout derrière son fauteuil, toisant les opérateurs comme pour les mettre au défis de faire quoi que ce soit d'hostile. Mais ces derniers semblaient bien plus distraits par la situation piteuse de leur ancien chef que par le nouveau.

-Emmenez le commandant Nile en détention, ordonna Varig. Il n'a rien à faire sur la passerelle.

-À vos o... Merde! jura soudain un soldat qui le tenait. Amiral, je... Je crois bien qu'il est mort.