K. Le destin de l'Empire - huitième partie

41 8 7
                                    

Au garde à vous, le capitaine était silencieux depuis qu'il avait terminé son rapport.


-Combien sont au courant? demanda enfin la voix sans visage.

-Je ne suis pas certain monsieur, lâcha-t-il prudemment.


Un silence lourd s'installa.


-Écoutez moi très attentivement, capitaine. Votre carrière est actuellement à la frontière entre un précipice glacial et le confort radieux des sommets. L'incertitude est un luxe que vous n'avez plus. Combien de personnes ont précisément entendu que le chevalier Atorias couchait avec elle?


L'officier déglutit, s'attachant à rester impassible, mais ses muscles se crispèrent compulsivement. La colère disputait à la peur; parce qu'il savait qu'il pourrait briser en deux le type qui le menaçait, mais que ce dernier serait parfaitement en mesure de détruire sa vie à des années lumière de distance.


-Certains de mes hommes et d'autres du détachement Bravo, finit-il par lâcher. Ils sont tous à bord du Vaillance, soit une dizaine de témoins directs au maximum. J'imagine que...

-J'ai ce qu'il me faut, merci capitaine. Hâtez vous d'oublier cette communication et cet incident et je vous prédit un bel avenir. Vous avez fait les bons choix pour vous et l'Empire.


L'interlocuteur coupa la communication sans lancer de menaces ou de promesses supplémentaires; c'était superflu. De plus il devait rapidement prendre des mesures... Sanitaires.


L'information était comme un virus; chacun des témoins direct avait pu parler à ses camarades, ou à n'importe qui à bord. L'urgence était de mettre en quarantaine le vaisseau de bataille, l'isoler complètement du réseau impérial sous un prétexte qui n'attirerais pas trop l'attention. Une mission spéciale par exemple, haut niveau de confidentialité. Ensuite disséquer toutes les communications parties ces dernières heures pour s'assurer que le secret n'avait pas quitté le bord. Censurer les rapports, maquiller les traces au plus vite.


Une fois tout risque de fuite étouffé, resterait une dernière question, potentiellement mortelle; à quelle autorité supérieure transmettre ce qu'il savait? La disparition de l'Empereur remettait en cause tous les rapports de force entre les gradés, le forçant à faire des choix désagréablement risqués... La moindre erreur d'appréciation et il perdrait sa carrière voir sa vie.


Tout ce dont il était sûr c'est qu'en ce moment un moyen de pression sur Varig Atorias n'avait pas de prix; une amante aux arrêts qu'on pouvait faire exécuter pour trahison et refus d'obéissance à tout moment c'était carrément le jackpot. Du moins si il parvenait à garder l'info secrète, sinon elle ne vaudrait plus rien.

La Dernière Étoile - Tome 2 : ChuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant