A. Le bout de l'univers - première partie

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En admirant le firmament parsemé de lumières étincelantes, on s'imagine avoir un aperçu de l'étendue infinie de l'univers.

Rien n'est plus faux. L'univers n'est pas constitué de lumière, mais d'immensités froides et sombres. Les étoiles ne sont que des anomalies, des îlots de matière et de chaleur surnageant sur les flots noirs du néant. 

Instinctivement effrayés par ce vide obscur et glacé les spationautes s'éloignent rarement de la lueur rassurante des astres. Même la technologie de l'hyperespace n'est qu'un moyen pratique de sauter par dessus ces gouffres sans fond.


Red était fière que son équipage l'ai suivit jusque dans ces limbes. Il leur avait fallut des mois de périlleuses recherches aux marges de l'univers connu, mais ils avaient finit par trianguler l'origine du signal capté par le Paladin: il provenait d'un monde errant, une planète tellurique éjectée d'un système stellaire et dérivant désormais à des années lumière de l'étoile la plus proche. Repérer un tel objet était quasi impossible; pour y parvenir, ils avaient dû dévaliser un centre de recherche de la TTC perché au bord d'un trou noir. Le Spectre s'était échappé in extremis alors que toute une escadre venait lui faire payer l'outrage.


Calculer une trajectoire vers la planète sans nom avait été étonnamment simple pour l'équipage de vétérans aidés par Delta, bien qu'il s'agisse d'une première d'après les bases de données historiques.

Le Spectre avait quitté l'univers connu; désormais le vaisseau orbitait à distance respectable d'une sphère d'un noir d'encre, se détachant à peine sur un horizon parsemé d'étoiles lointaines.


-Delta, qu'est-ce que tu vois? demanda Red.


Malgré la demi-douzaine d'opérateurs présents sur la passerelle dont elle avait pu constater la compétence et le docteur Leroy en qui elle avait toute confiance, l'intelligence artificielle avait pleinement accès aux systèmes du vaisseau et était plus à même d'analyser les relevés dans un temps raisonnable.


-L'essentiel de la structure planétaire n'a rien de très remarquable, oh très affable excellence doucereuse. Pas d'atmosphères, aucune trace de vie. Toutefois je distingue une structure artificielle couvrant une portion minoritaire mais non négligeable de la surface. Les relevés y sont... Incohérents.

-Tu peux afficher un visuel?


Le large écran de la passerelle diffusant l'image des caméras extérieures se colora alors que l'IA appliquait différents filtres. La surface de la planète se mua en un gris uniforme, sur lequel s'accrochait une tache noire ressemblant à un cancer. Des métastases débordaient sur des centaines de kilomètres, visibles même depuis l'espace. Tous les occupants de la passerelle se concentrèrent dessus.


-C'est vaste, observa Arius. Régulier. Une ville?

-Je ne détecte ni formes de vie, ni émissions radio, ni réseau de transport, informa Delta. En outre elle semble en expansion.

-Peut-être une formation naturelle atypique? tenta Carlsson. Une forme de vie minérale?

-Peu probable, releva le docteur Leroy. Les relevés... 

-Affiche une vue rapprochée, exigea Red en coupant court aux hypothèses.


La vue de l'écran principal se rapprocha du sol comme s'ils plongeaient droit sur la planète.


-Qu'est-ce que c'est que ça? lâcha Paige, résumant l'impression générale.


Éclairées artificiellement par les filtres de delta, de hautes structures de pierre noires formaient un paysage géométrique où le regard se perdait aisément. De hautes tours aussi lisses que si on les avaient découpées au laser surplombaient des gouffres profonds dont les parois dentelées se perdaient dans les ténèbres.  Certaines structures n'étaient que de simples rectangles, tandis que d'autres formaient des assemblages complexes de strates et d'angles empilés à l'infini, toujours parfaitement réguliers. Des pyramides noires côtoyaient des escaliers cyclopéens ne menant à rien. D'immenses plateformes émergeaient de la structure à laquelle on ne pouvait trouver aucune fonction apparente.  


-Je n'ai jamais rien vu de pareil, admit Leroy. Ni personne, à ce que je sache.


Red se leva, approchant de l'écran.


-Delta, localise la source exacte du signal du paladin.

-Le signal provient de l'intérieur de la structure, mais à mon grand désespoir j'éprouve des difficultés à le localiser avec la précision adéquate, madame la resplendissante déité humaine. Une interférence semble perturber nos sondes, et j'ai perdu le contact avec les drones envoyés en surface.

-Je m'en doutais, ça aurait été trop facile.


Elle se tourna vers Arius.


-Je vais réduire la distance entre l'émetteur et le receveur. Dites à Syrise de préparer le Paladin.

La Dernière Étoile - Tome 2 : ChuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant