La Dernière Étoile - Tome 2 : Chute

K. Le destin de l'Empire - première partie

Une fois le départ de l'armada pirate confirmé, des flottes de secours et de ferrailleurs rejoignirent l'orbite de Terranie. La situation était chaotique: les fréquences étaient saturées de messages de détresse automatiques mêlés aux appels à l'aide de milliers de capsules de sauvetage dérivant dans le vide, surchargées de blessés et manquant d'oxygène.

Dépassées, les premières unités sur place tentèrent d'établir des priorités, mais il y avait trop de débris, trop de blessés graves, trop de morts. Beaucoup ne survivraient pas.

Les restes de la flotte alliée ayant participé à la bataille rejoignirent l'orbite quelques heures plus tard. Encore sous la pression du combat, les équipages se mirent pourtant aussitôt au travail. La moindre hésitation et le moindre retard causaient de nouveaux morts; de plus agir empêchait les hommes de réfléchir et de se laisser écraser par l'ampleur de la débâcle qu'ils venaient d'encaisser.

La chaîne de commandement avait été décimée, complexifiant encore l'organisation des sauvetages. L'état-major de la deuxième flotte n'existait plus, englouti par la bataille.

Beaucoup de survivants appartenaient à l'ancienne flotte d'exploration et une nouvelle hiérarchie s'imposa naturellement. Le commandant Frallon était le plus haut gradé ayant survécu à la bataille, et Varig disposait encore de son autorité de chevalier impérial. Ensemble les deux hommes tentaient de réorganiser les forces impériales pour sauver un maximum de vies.

-Je vous tiens, lança Varig dans sa radio.

Tirant une capsule de sauvetage à la dérive, le Paladin exécutait un travail de précision. L'engin avait été endommagé par des débris et l'énergie comme l'oxygène baissaient rapidement; un nouvel impact serait fatal. Il fallait donc manœuvrer avec douceur, tout en évitant les collisions. La tâche aurait été impossible sans les calculs de Delta, qui l'aidait à ajuster trajectoire et vitesse via l'affichage.

-Les pirates restés sur Terranie semblent se regrouper, indiquait le commandant Frallon sur un autre canal. Ils prennent d'assaut les abris souterrains aménagés dans les mines pour la population civile. Je vais détacher les vaisseaux dont la capacités de transport est déjà saturée pour un bombardement orbital guidé par nos forces au sol et déployer des troupes de choc.

-Très bien, répondit Varig. Je vais soutenir le débarquement avec le Paladin. Toujours aucun signe de l'empereur?

-Non. On devrait abandonner les recherches; vivant ou mort, il n'est plus ici. Sinon il se serait déjà manifesté.

Frallon avait énoncé à voix haute les données d'un problème que Varig s'efforçait de nier.

-Continuez quand même à chercher, lâcha-t-il. Il pourrait être blessé ou...

-Monsieur, les plus gros débris qu'on a retrouvé dans la zone mesurent moins d'un mètre. Personne ne peut survivre à une telle explosion; si l'Empereur était encore à bord du vaisseau amiral quand elle s'est produite...

Dévié par un vaisseau de sauvetage, un panneau solaire déchiqueté vint rebondir sur l'épaule du Paladin, le faisant dévier sa trajectoire. Des signaux d'alerte s'allumèrent alors que son pilote corrigeait brutalement la trajectoire. Les mains de fer du mécha raffermirent leur prise sur la capsule pour ne pas la perdre, aggravant les fuites d'oxygène.

-Qu'est-ce qui se passe? demanda un des survivants via sa radio courte portée.

-Juste des turbulences, éluda Varig. Économisez l'oxygène.

Delta avait calculé qu'avec les nouvelles fuites, tous les hommes à bord suffoqueraient sous cinq minutes et mourraient ensuite rapidement. L'IA adapta son itinéraire à cette nouvelle donnée, conseillant d'augmenter la vélocité malgré les risques. Varig s'exécuta, glissant entre les obstacles en mouvement.

-Des nouvelles de l'amiral Verla ou du commandement central? demanda-t-il.

Avec la disparition de Thrawn ainsi que de l'amiral Kress, Verla était officiellement le plus haut gradé de la flotte thrawnienne. Malheureusement lui et ses hommes étaient en train d'escorter les convois de réfugiés à des années lumières de Terranie.

-Le commandement a demandé un rapport, mais n'a donné aucun ordre. Quand à l'amiral aucune nouvelle, on a...

Un parasite mangea la fin de sa phrase.

-Commandant? demanda Varig en vain. Delta, qu'est ce qui cloche avec les com?

-Le canal a été détourné, oh sirupeuse lumière solaire.

-Ici la directrice Nina Septime, déclara une voix familière. Pardonnez mon intrusion, mais je devais vous joindre de toute urgence. Vous devez rentrer sur Nirauran.

Le chevalier fronça les sourcils et ne répondit pas immédiatement. L'énorme carcasse d'un destructeur coupé en deux dérivait au milieu de sa trajectoire; il ne pouvait pas l'éviter sans perdre trop de temps, mais un étroit passage restait possible entre les énormes masses. Il accéléra au maximum de ce que la capsule pouvait supporter.

-Vous me recevez? demanda à nouveau la directrice.

-Je suis un peu occupé ici, répliqua le chevalier entre ses dents.

Un nouveau message d'alerte s'afficha; Varig esquiva de justesse une énorme poutre tordue, percuta un cadavre à la dérive mais parvint à s'extraire des restes du destructeur avant d'être écrasé par la carcasse du vaisseau.

-Je sais, lâcha la directrice. Mais vous devez rentrer sans délais à la capitale; le destin de l'Empire en dépend.

Cette annonce glaça Varig. Nina Septime n'avait pas l'habitude d'exagérer; quoi qu'il se passe à la capitale, il devait rentrer, maintenant.

-Très bien. Je vais laisser le commandant Frallon se charger des opérations de sauvetage ici en attendant l'arrivée de l'amiral Verla.

La silhouette effilée du Spectre approchait, mise en surbrillance sur l'affichage. Delta était aux prises avec des calculs inhumains, évaluant l'influence de chaque débris en mouvement, les trajectoires et vitesses des vaisseaux de secours tout en préparant l'appontage. Les corrections reposaient sur les réflexes de Varig et sa liaison neurale avec le Paladin.

-L'amiral ne viendra pas, annonça abruptement la directrice. Lui aussi est rappelé sur Nirauran.