-Ceci est la seconde partie d'une chronique complète en deux volets, et la lecture du premier tome est donc vivement recommandée-
Un empire, une guerre éternelle, une dernière étoile.
L'univers d'Androméda connaît enfin la paix. Ses galaxies se sont...
-Commandement d'avant-garde, la cible continue à accélérer en trajectoire de collision avec l'étoile... Commandement? Commandement vous me recevez?
-On approche de la zone critique, demande autorisation de désengager. Commandement!?
-Les unités d'abordage du vaisseau amiral rencontrent une forte résistance, on ne parvient pas à atteindre le seigneur Phobos! Les réacteurs sont coupés, on va...
-Les apôtres sont morts, repliez-vous!
-Traîtres! La victoire ou la mort, abattez le premier qui se repliera.
-Ici l'amiral Vanxis, je prend le commandement. Tous les vaisseaux doivent se désengager et rejoindre les coordonnées de regroupement prévu.
-De Galhvain, annulez cet ordre, la victoire ou la mort, loyauté au seigneur Hadès!
-Tous les vaisseaux doivent accuser réception de l'ordre de désengager. Les officiers qui refuseront cet ordre doivent être exécutés et remplacés sur le champ.
-Ordre reçu et compris amiral. On désengage.
-Trahison! Hérésie!
Décapitée et livrée au chaos, la chaîne de commandement des croisés se déchirait. Le brise-soleil atteignait la couronne incandescente de l'étoile de Ragnarok; la chaleur de l'étoile faisait rougeoyer les boucliers de son escorte, quelques milliers de vaisseaux légionnaires qui continuaient leur mission avec une détermination mécanique.
Face à eux, seuls quelques escadres fanatiques continuaient le combat dans des conditions apocalyptiques. La plupart s'étaient désengagées et avaient sauté dans l'hyperespace.
Assis à la surface de la mégastructure, Pytho observait la bataille avec détachement. Il ne portait pas de casque; la chaleur de l'étoile aurait dû le consumer instantanément, et le vide spatial aurait tué n'importe quel humain en quelques secondes.
Mais derrière son apparence frêle se cachait un esprit ancien, plus vieux même que l'étoile mourante qui ensanglantait l'horizon d'acier.
Auréolé de flammes, le Paladin noir survola Pytho et atterri face à lui. La machine ploya le genou, et son cockpit s'ouvrit.
Le pilote ne portait pas non plus de casque, seulement une armure noire aux jointures incandescentes. Il s'avança vers l'inquisiteur, une longue épée flamboyante au poing.
Il en a été selon la volonté des dieux, déclara silencieusement Pytho, par télépathie. Ainsi qu'il en a toujours été, ainsi qu'il en sera toujours. La dernière des guerres se termine. L'heure est venue.
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Oui, répondit Varig Appollyon dans le même langage silencieux. L'heure de ramener les dieux dans cet univers. L'heure du Jugement.
Pytho disparu. Varig leva la tête; l'étoile était de plus en plus massive, engloutissant le ciel. Bientôt la sphère entrerait en collision avec elle.
Autour d'eux, les derniers vaisseaux d'escorte et leurs adversaires les plus acharnés se consumaient, pris dans le souffle brûlant de Ragnarok.
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Il leva son épée. Auréolé par la tempête de feu, il récita en silence.
Les vrais croyants ne craignent pas la morsure de la flamme. Car ils sont la flamme incarnée.
Il abattit son épée, mettant dans ce coup toute la puissance surnaturelle dont il avait été gorgé. La frappe s'étendit démesurément sur des kilomètres et trancha la surface de l'étoile, ouvrant une brèche jusqu'à son cœur flamboyant.
La surface de la sphère brûla alors qu'elle s'enfonçait dans le corps de l'étoile. Le métal gémissait, se tordait et s'arrachait dans un vacarme insupportable.
Depuis sa crypte, Vulcain contrôlait une armada de drones qui s'activait pour maintenir la cohésion de l'ensemble de la mégastructure. Le colosse d'acier avait fort à faire; sa grande-œuvre devait tenir encore un peu. Le brise-soleil devait conduire son précieux chargement jusqu'au cœur de Ragnarok.
Dans la plus profonde chambre de la sphère, Pytho s'était assis en croisant ses jambes, attendant son heure. Autour de lui, des dizaines de fragments de Nihilithes flottait en brillant doucement. La paroi qui séparait Andromeda des créatures affamées était déjà affaiblie; au cœur de l'étoile, elle approchait son point de rupture.
Dans quelques instants, l'Inquisiteur abattrait cette frontière, ouvrant la voie à ses maîtres.
Les flots brûlants de l'étoile se refermèrent sur la sphère noire.
Pendant un long moment, Ragnarok connut enfin la paix; d'innombrables épaves dérivaient dans le silence de l'espace. Les étoiles brillaient au loin.
Et puis l'univers se déchira.
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