C. La dernière des guerres - quatrième partie

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L'arrivée de la flotte d'intervention après deux heures de combat avait forcé la flotte de la Légion à un repli général, laissant dans leur sillage des carcasses de centaines de vaisseaux plus ou moins endommagées.

Maîtres de l'espace, les nouveaux arrivants avaient déversé des troupes d'abordage sur leur propre station. La situation à bord était désespérée; les soldats d'Hadès ne contrôlaient plus que des poches assiégées par les robots tueurs de la légion. Des corridors étroits aux plus larges tunnels de fret, des laboratoires aux zones de vie, l'intérieur de la station s'était changé en champ de bataille. Les mécha d'Hadès avaient affronté les droïdes lourds de la légion sur les axes principaux, tandis que les soldats combattaient les vagues de robots sans âme lancées contre eux.

Les légionnaires ne se rendaient pas, sans doute parce que leur code ignorait jusqu'au concept de renoncement. Tous les robots encore actifs continuaient à se battre, et à tuer. La reconquête de la station se faisait pas à pas, au prix du sang.


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Mais aucune résistance ne ralentit la progression des escadrons d'abordage dans le secteur 08. Le large corridor d'accès était jonché de carcasse métalliques et d'impacts de tirs; au milieu du carnage se tenait le Paladin.

Même sans ses armes, la masse du mécha lui avait permis d'écraser des cohortes entières de fantassins. Les modèles comparables à des tanks avaient représenté une menace plus sérieuse, mais le bouclier du mécha avait permis à Red d'approcher assez près pour les mettre en pièces à mains nues.

Le Paladin aussi avait souffert du combat. Les légionnaires avaient démolis son armure blanche à plusieurs endroits, révélant la mécanique complexe tapie sous le blindage. Un des bras ne fonctionnait plus.


-Commandement, on a une unité active dans ce secteur? demanda le chef d'escadron dans son casque.

-Négatif. C'était hors du périmètre de défense.


La tête du mécha bougea, et les soldats le mirent aussitôt en joue.


-Pilote, sortez du cockpit! ordonna le chef d'escadron. Immédiatement!


Alors que les soldats se mettaient en position face au géant de métal, Red sentit un éclat tendre ses muscles. Elle pourrait en tuer des dizaines avant même qu'ils comprennent ce qui se passe. Disloquer, écraser, projeter ces pantins ridicules et fragiles, couvrir le métal de sang... Elle l'avait fait sur Nirauran. Ce serait facile.

Delta marquait déjà les cibles.


-Dernière sommation! asséna le chef d'équipe, d'une voix moins assurée qu'il l'aurait voulu.


Ils n'avaient pas d'armement lourd. Des renforts viendraient à bout de l'ennemi tôt ou tard, mais lui et ses hommes mourraient là. Pour rien.


Red soupira longuement, relâchant les commandes. Galhvain avait été clair; en cas de révolte, les représailles frapperaient aussi leurs planètes d'origine... Et même s'il bluffait, les sectataires les tueraient tous.

Elle espérait que ce salopard était mort. Trop de gens décents avaient perdu la vie pour qu'il survive...


-Ne tirez pas, je sors, indiqua-t-elle à travers les hauts parleurs de la machine.


Sa main hésita, puis elle ouvrit le cockpit.


Les soldats l'amenèrent avec les autres survivants du laboratoire, guère plus d'une dizaine de techniciens à l'air hagard, mains sur la tête. Leroy était le seul scientifique survivant.

Elle avait réussi à les sauver en retenant la Légion... Elle ne voyait pas Syrise. Peut-être que la sœur de Varig avait réussi à fuir. Plus probablement, elle était dans un des sacs mortuaires que les soldats alignaient dans le hangar.

Red n'arrivait même plus à se sentir triste. Elle se sentait vide. Épuisée.


-Ils vont nous tuer? demanda anxieusement Leroy.

-Ça ne servirait à rien, commenta un techniciens. On a plus de valeur viv...

-Vos gueules! s'énerva un soldats en s'avançant, menaçant.


Red serra les poings, mais le signal d'une annonce générale se fit soudain entendre, interrompant la confrontation avant qu'elle s'envenime.


-Votre attention, lança la voix rocailleuse de Galhvain.


Il avait donc survécu. Dommage. Mais on détectait une note de souffrance dans sa voix. Sans doute était-il blessé.


-Nous avons été trahis, exposa-t-il. Deux des apôtres censés nous guider se sont retournés contre la foi, entraînant avec eux leurs armées. Ils ne sont plus des croyants mais des hérétiques dont le nom ne sera plus jamais prononcé sous peine de mort et de damnation.


Ça va pas être pratique pour coordonner une riposte, pensa cruellement Red. Du peu qu'elle avait appris, les Tearkasten étaient assez fanatiques pour exécuter cet ordre à la lettre.

Elle aurait aimé en savoir plus sur la puissance de feu de ces "hérétiques". Après tout si on ne les exécutait pas sur place, on les enverrait sans doute en première ligne.

On les forcerait à combattre dans ce conflit qui n'avait aucun sens pour elle.


-... Cet acte criminel ne restera pas impunis; nos ennemis ont déclenché la fureur des Justes! s'égosilla Galhvain. Ensemble sous le commandement d'Hadès et de Phobos, tous les vrais croyants vont s'unir et mener une sainte croisade. Nous purgerons les impurs et les traîtres! Cette guerre sera la dernière d'Andromeda. Après notre victoire plus personne n'osera se soulever contre la divine Tearkasten! Pour les dieux, et pour le seigneur Hadès!


Quelques soldats lancèrent des acclamations, vite suivis par les autres qui n'auraient pas voulu être classé comme suspects d'hérésie par manque d'enthousiasme. Bientôt les cris emplirent la station, reprenant le nom de l'apôtre.


-Hadès! Hadès!


Red ferma les yeux. Elle aurait aussi voulut fermer ses oreilles. Fermer son esprit. Dormir. Oublier.

Ou replonger dans la bataille et tuer tous ces fanatiques des mains de métal du Paladin.

La Dernière Étoile - Tome 2 : ChuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant