Essoufflée, je claque la porte de mon studio derrière moi. Je laisse tomber mon sac à mes pieds avant de me laisser glisser contre la porte et je laisse mes émotions prendre possession de mon corps.
Je me mets à pleurer, à crier puis à jeter mon sac au loin, qui percute au dernier moment ma commode à quelques mètres de moi. Je suis une boule de nerf, une éponge emplie de sentiments extrêmes. Quoi que je fasse, ils finissent toujours par sortir. Plus je mets du temps à les extérioriser, plus cette crise empire. C'est dans ma nature. Ça ne sert à rien que j'enferme tout ça dans une boîte au plus profond de mon être, non, il faut que je les exprime, quelle qu'en soit la manière. Et ce, pour n'importe quelle émotion, allant de l'allégresse à la tristesse, de la tristesse à la colère, de la colère à la peur et j'en passe.
Mais pour ça, il faut que je sois seule. Au pire de passer pour une folle, je préfère rester avec moi-même pour me décharger complètement et me défouler sur tout et n'importe quoi, tout ce qui se passe à l'intérieur de moi ne concerne que moi et personne d'autre.
Je finis par me calmer quand une douleur aiguë se manifeste dans ma cheville, je grimace en la prenant entre mes mains et masse la région douloureuse pour me soulager. Je me déchausse pour me mettre à l'aise, balance mes pompes près de la commode et observe mon pied gauche légèrement enflé.
— Fais chier !
Il ne manquait plus que ça : une foulure. Petite, certes, mais tout de même. Il faut que je me soigne rapidement avant qu'elle n'empire. Je sèche mes larmes d'un revers de la main avant d'examiner brièvement ma petite chambre étudiante. Elle n'est pas bien grande, mais j'ai trouvé mon confort malgré tout. Je me redresse difficilement et boîte jusqu'à la pièce principale à quelque pas du couloir. Il comprend non seulement ma cuisine, mon petit salon mais également mon espace pour dormir, le tout uniquement séparé de ma table à manger.
Je me rends vers mon réfrigérateur, j'attrape un sachet de petit pois surgelé et le pose sur ma cheville gonflée une fois assise sur une chaise. Un bien-être m'envahit aussitôt, j'en grogne de satisfaction : le froid endort la douleur et absorbe presque l'inflammation. Ça fait du bien. J'attends que la souffrance disparaisse pour de bon avant de me réfugier dans la salle de bain pour me doucher et enlever toute cette crasse qui me colle à la peau.
J'en sors plus déchargée que jamais. J'enfile un pyjama en pilou et enroule mes cheveux mouillés dans un élastique puis je retourne dans le séjour pour attraper mon sac de cours. Je fourre ma salade intacte dans mon frigo, attrape une tasse dans un placard pour le remplir d'eau et le réchauffe au four à micro-onde. Pendant que ça tourne, je prends un sachet de tisane à la camomille et balance presque mon sac de cours à mon bureau au fond et à droite de la pièce.
Un léger sourire flotte sur mes lèvres en percevant que ce dernier tombe pile poil sur ma corbeille à papier, mais manque de pot : cette dernière se renverse totalement au choc, déversant la moitié de mes feuilles déchirées et froissées. Décidément, mon karma est vraiment à chier aujourd'hui.
Mon four à micro-onde sonne, je prends ma tasse fumante et plonge mon infusion dedans. Je titube jusqu'à ma table de bureau pour la poser et ramasse le bordel que je viens de mettre. J'en profite pour tasser des feuilles de cours et classer comme il se doit mes livres, mes stylos et empoigne la télécommande que j'ai laissée dessus. J'allume la télévision derrière moi et pivote les talons vers mon lit simple. Je m'affale brutalement dessus, le mouvement fait éclabousser l'eau bouillante sur mon haut de pyjama, j'en peste contre ma maladresse. En plus, j'ai oublié de prendre mon téléphone dans mon sac et je suis tellement bien installée que j'ai la flemme d'aller le chercher.
Je soupire d'exaspération, repose délicatement mon mug contre mon chevet et me redresse une nouvelle fois pour prendre mon portable. Je sautille jusqu'à mon lit quand c'est fait, je saisis ma télécommande et choisis une chaîne qui passe les informations. Pendant que l'animatrice de la météo nous informe qu'il va pleuvoir sur pratiquement toute la France, je me concentre sur mon téléphone et lis les derniers messages que j'ai reçus :
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NOUS Au-delà des envies
RomanceLorsque les envies se mêlent à la passion. Raffael, chanteur d'un groupe de Rock amateur, va faire une rencontre étonnante qui va bouleverser son existence. Au même moment, Chrystal, étudiante en école de danse, ne se doute pas un seul instant que s...