Eau de vie (2) ✔

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Voilà près de deux heures que la fête a démarré et aussi que j'évite du mieux que je peux Raffael. Je me suis réfugiée dans la cuisine pour me servir un verre de coca zéro bien frais. J'ai du mal à respirer à côté de ces mecs qui versent du punch dans leur gobelet. Je trempe mes lèvres dans le mien et essuie une trainée de sueur sur mon front moite. J'ai chaud, je suis mal à l'aise, je commence déjà à regretter ma venue à cette fête. De plus que je m'ennuie. J'aurais été mieux devant mon ordinateur à regarder la suite de Stranger Things, enveloppée dans mon pyjama en pilou.

Les rires gras à ma gauche me font sourciller, je tords mon cou vers les gars qui se sont foutus de l'alcool sur les vêtements, mais je capte surtout le regard d'un blond.

Celui-ci me sourit d'un air séducteur, et me dévisage un peu trop longuement. Mon malaise s'accentue, je comprends direct que je lui ai tapé dans l'œil, mais il ne me plait pas du tout. Je n'aime pas son rictus qui tente de me charmer, j'ai horreur de ses œillades répétées et son comportement envers moi me répugne totalement. D'autant plus que je viens de le surprendre en train de loucher sur mon décolleté. Je m'écarte pour mettre de la distance entre lui et moi et le snobe. J'espère que mon attitude est éloquente, je n'ai pas très envie qu'il m'aborde. Je veux rester seule.

Je me colle contre la cloison qui me sépare du séjour et observe les jeunes qui se défoulent sur la piste de danse. La fête bat carrément son plein, il y a tellement de monde que je ne vois personne que je connais. Même Raffael a disparu des radars. Je me demande si je ne devrais pas rejoindre la foule, histoire de m'échapper de l'attention de ce pauvre mec, bourré qui plus est. Mais je n'ai pas le temps de prendre une décision puisqu'une main se pose abruptement sur ma taille et qu'une haleine de rhum m'asphyxie l'air.

— Salut toi...c'est quoi ton petit nom, ma beauté ? Moi, c'est Louis.

Indignée, je le repousse d'un coup de coude. Il se met à grogner de douleur en se massant le bras, là où j'ai frappé. J'ai envie de vomir tellement qu'il empeste l'alcool. Je déteste cette odeur comme celle du tabac qui est imprégnée sur ses vêtements. Il n'a pas saisi que je ne veux pas lui parler alors je mets directement les choses au clair :

— Je ne suis pas ta beauté ! m'emporté-je, les sourcils froncés. Et je ne suis pas du tout intéressée. Donc laisse-moi tranquille.

J'ai horreur de ces mecs lourds qui pensent que tout leur ai acquis, y compris les filles qu'ils ne font que croiser leur chemin. J'ai subi tellement de harcèlements dans les transports en commun que je ne laisse plus passer, et c'est fou le nombre que j'ai rencontré depuis que j'habite à Lille. Les regards pervers et malveillants qu'ils me lancent, leur corps collé contre le mien quand le métro est bondé, la main sur les fesses ou encore les frottements incommodants.

J'essaie de les ignorer la plupart du temps, mais il m'est déjà arrivé de frapper là où ça fait mal lorsque ça allait trop loin. Je ne suis pas du genre à me laisser faire, alors des gars comme Louis, j'en ai vu des tas. J'en ai remis plus d'un à leur place et je n'hésiterais pas à le faire si cet abruti ne comprend pas le français.

D'ailleurs, il doit être sourd puisqu'il revient à la charge. Je me mets alors à penser plus sérieusement au cours de lutte de mon frère ainé pendant qu'il reprend la parole :

— Hm... tu ne te laisses pas faire hein, j'aime ça.

Il s'approche de moi. Je serre les poings tandis qu'il s'agrippe à mon bras droit. Je le fusille du regard, mais cela ne lui fait ni chaud, ni froid. Ça l'amuse même alors je suis obligée d'employer les grands moyens. Je le balaye cette fois-ci plus fort, ce qui le fait reculer de plusieurs mètres.

— Dégage et ne me touche pas ! Sinon, je vais te faire bouffer les dents !

— C'est qu'elle sort les griffes, la lionne ! rigole-t-il en s'avançant de nouveau vers moi et ses copains rient avec lui.

NOUS Au-delà des enviesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant