Toxique (4)

1K 84 163
                                    

Je fixe un instant sa penderie près de l'entrée, il l'a laissée entrouverte de sorte que je puisse voir quelques habits de couleur neutre encore accrochés. Max me pousse dans le dos pour m'inciter à m'asseoir sur son lit. J'avance dans un soupir. Sa couette noire n'a pas le moindre froissement, elle se trouve dans le même état qu'hier quand il a un peu rangé sa piaule. Ce qui confirme mes doutes : Maxim n'a pas passé la nuit ici, tout comme Owen.

Je pose lourdement mes fesses sur son matelas. Max attrape sa chaise de bureau qu'il fait rouler jusqu'à moi, il s'installe dessus pour me faire face. On reste à se fixer dans un silence absolu, on s'étudie chacun notre tour pour y découvrir n'importe quel indice qui dévoilerait un élément de cette nuit singulière. Je scrute son visage épuisé, sa peau blafarde, ses cernes si évidés que ça en parait affolant, pourtant il en a toujours eu d'aussi loin que je me souvienne. Toutefois, ceux-ci virent totalement au mauve foncé. Et puis il y a ses iris aussi. Malgré leur clarté, le blanc est en définitive strié de sang, ce qui atteste véritablement d'une intense fatigue, ou alors d'une grande ingurgitation d'alcool, mais je pencherais plus vers la première option vu l'état de ses cheveux. Ces derniers partent dans tous les sens, comme les miens j'imagine, mais comme ils sont beaucoup plus longs, ça saute plus aux yeux.

Une fois de plus, ses traits harassés me témoignent une chose : il n'a pas du tout dormi de la nuit. Ce qui ne lui ressemble pas.

Max pousse un profond soupir, il rejette plusieurs mèches noires en arrière et se pince l'arête du nez comme si ce geste pouvait l'éveiller. Il finit par se frotter frénétiquement les paupières avec ses paumes. J'ai un léger sourire.

- Toi aussi, tu es claqué.

Il se met à rigoler.

- Je me demande parfois comment tu fais pour tenir, mec, avec tes insomnies. Je fais une seule nuit blanche, une seule ! Et j'ai l'impression que mes paupières pèsent une tonne, en plus de piquer sévère.

- Question d'habitude. C'est fatiguant à la longue, mais si je dors trois heures, c'est presque suffisant.

Max me regarde sans ciller, presque surpris qu'on ait tous les deux une telle discussion autour du sommeil, puis il se détourne vers sa grande fenêtre où les rideaux ne sont nullement tirés. Il se triture les mains dans sa nervosité, ce qui me fait lever un sourcil. Max doit me parler de quelque chose qui le rend nerveux, mon cœur s'emballe un peu en remarquant son agitation. Ça ne dit rien qui vaille et mon cerveau plutôt lent parvient à comprendre quel sujet il a tant de mal à m'en faire part : Alex.

Je décide d'embrailler tout de suite, désireux d'en finir vite avec ce qu'il a à me dire :

- Tu voulais me dire quelque chose ?

Maxim pose de nouveau son regard sur moi, il se mord les lèvres.

- Euh ouais...mais ça ne va pas être simple parce que je sais que tu vas te braquer.

- Je sais que c'est en rapport avec Alex, alors finissons-en vite, s'il te plait.

La stupéfaction lui fait écarquiller les yeux, à croire qu'il ne songeait à aucun instant que j'étais parfaitement conscient au moment où lui et Enzo s'occupaient de mon ex. Je les ai vus même si je n'ai pas réagi, je les ai entendus s'insulter pendant qu'on m'emmenait à l'extérieur. J'ai juste fait la sourde oreille pour que leurs mots ne se répercutent pas contre moi, et un peu l'autruche également.

- Je sais que tu t'es jeté sur Alex, qu'Enzo et toi êtes occupés de son cas, alors n'y allons pas par quatre chemins. Qu'est-ce qui s'est passé par la suite ?

Max se frotte une nouvelle fois les yeux. La surprise a laissé place à de l'incertitude. Il m'observe longuement alors que ses lèvres se tirent en une vilaine grimace, mais il finit par pousser un soupir et prendre la parole :

NOUS Au-delà des enviesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant