La magie de l'amitié (2)

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Je cours à ses côtés alors que les nuages menacent de nous arroser.

Je pousse un drôle de rire en le voyant galérer avec ma valise, on se précipite tellement que cette dernière s'en retrouve méchamment secouée entre les coins des pavés du trottoir, ce qui ne nous fait que ralentir. Je reçois une goutte sur mon nez, je décide de nous traîner de l'autre côté de la chaussée puisque la plupart des boutiques peut au moins nous abriter de ce ciel plutôt assombri. Une voiture freine au moment où on traverse, le chauffeur se met à nous klaxonner dessus et vu la façon dont sa bouche se tord, il est en train de nous insulter.

- Désolée ! je m'écrie, malgré moi.

Raffael éclate de rire, quand bien même je discerne un petit sifflement dans sa respiration. Il est déjà essoufflé alors que nous n'avons couru que deux cents mètres. Je l'oblige alors à modérer son pas, de sorte qu'il calme son souffle intermittent. Je m'inquiète beaucoup de son état de santé, de cette maladie qui le handicape quelquefois dans son quotidien. En trois mois de temps, je n'ai aperçu que deux crises chez lui, et pourtant cela a suffi pour m'impressionner. Il a beau m'assurer qu'il n'en fait presque plus que lorsqu'il était enfant, que cette sensation d'oppression n'est que parfois très bénigne et que les crises sont plutôt rares. En dépit de tout ça, je ne cesserai jamais de m'en faire pour lui.

- Ralentis, Raff, on est presque arrivé !

Je nous réfugie sous un petit auvent alors qu'une pluie soudaine s'abat violemment sur le sol. Il sourit en déviant son regard vers le torrent d'eau, il reprend plusieurs inspirations avant d'empiéter de nouveau le pas en direction de sa résidence. On y accède en moins de deux, on profite que l'ascenseur soit ouvert et bien vide pour s'y engouffrer à l'intérieur.

- On a eu chaud ! s'exclame Raff en rabattant la capuche de son sweat.

Il semble encore bien époumoné de notre petite course. J'effleure tendrement le haut de son torse, comme si cette légère pression pouvait l'aider à reprendre normalement son souffle, mais tout ce que je sens c'est son cœur qui pulse puissamment contre ma paume.

- Respire, p'tit loup.

Il sourit et attrape ma main pour la presser encore plus contre sa poitrine. Je l'entends respirer plus profondément, m'écoutant attentivement par ce biais. Quand les battants s'ouvrent à son étage, je le sens beaucoup moins essoufflé. Il m'entraine vers son appartement tout en saisissant ses clefs au passage. Il déverrouille la porte d'entrée et me pousse dans le bas du dos pour que je m'y introduise en premier. Je fais à peine un pas dans le couloir qu'Emilie se jette dans mes bras :

- Milou ! je m'écrie, complètement stupéfaite par son geste.

J'oublie parfois à quel point la meilleure amie de Raffael peut se montrer très tactile envers les personnes qu'elle aime. Mon ventre remue étrangement à cette constatation, Emilie et moi nous sommes beaucoup rapprochées depuis ces dernières semaines, pour le plus grand bonheur de mon petit loup. Il faut dire qu'on traîne quasiment tous les jours ensemble et notre petit séjour à Bruges puis à Calais n'ont fait que resserrer ces liens qui étaient déjà bien étroits.

- Ma petite Chrys ! chantonne-t-elle, j'ai bien cru que Raff n'avait pas réussi à te convaincre pour ton tout premier Noël !

- Ah bah merci de la confiance, rouspète ce dernier dans mon dos.

- Ce n'est pas contre toi, p'tit chat, des moments Chrys est difficile à persuader.

- Tu crois ça ?

Emie me relâche pour fusiller son meilleur ami du regard. Je les dévisage un à un, totalement bloquée par la première phrase de la petite brune. Mon tout premier quoi ?

NOUS Au-delà des enviesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant