NOUS Au-delà des envies

Toxique (2)

Média : Angus & Julia Stone - Crash and Burn

Dans le présent (samedi 1er décembre 2018)

-        Essayer de te tuer, c'est-à-dire ? me reprend Chrystal, perplexe.

Je m'allonge nonchalamment sur le dos, les yeux rivés vers le plafond. Je n'ai raconté qu'une partie de mes souvenirs à Chrys, pourtant ils sont tout aussi douloureux que ce que je m'apprête à lui révéler. Plusieurs fois, j'ai ravalé mes larmes. J'ai senti mon cœur trembler en de nombreuses secousses. Ma gorge me comprime, tout comme ma poitrine. Mais j'ai continué malgré cette difficulté de retomber dans cette souffrance qui me définit si bien.

Je me revois à plusieurs reprises à ses côtés, dans nos moments de calme comme nos instants de doute. Il m'a soutenu, il est devenu cette personne que je chérissais à tout point de vue, mais nous n'étions pas faits pour être ensemble. Trop différents, trop nocifs, l'un comme l'autre, et ça a fini par nous perdre.

J'étais certainement trop jeune pour le comprendre. Mon ignorance m'empêchait de voir le mal partout, alors j'ai subi sans savoir que j'en souffrais, en songeant très sincèrement que c'était courant. La douleur que je ressentais en le percevant n'était pas anodine. Notre histoire ne l'a jamais été en fin de compte, et c'est ça qui m'a détruit, parce que je croyais vraiment en nous.

Mais ça n'a pas suffi. Il ne suffit jamais d'y croire pour que tout soit à notre portée.

Par moment, Chrystal s'est sentie obligée de me reprendre pour en savoir plus. Et plus j'approche de la fin de mon récit, plus elle va devoir être là pour m'encourager à poursuivre.

Je ne sais plus si j'ai encore la force de tout lui dire. Je n'ai jamais eu réellement les couilles pour tourner cette foutue page.

Je suis fatigué. Je me sens lamentable et faible. Et si vulnérable... Je me suis évanoui quand Alex a essayé de m'approcher et je n'arrive pas à retirer son visage de ma tête. C'est terrible. Je suis au bord du gouffre, et c'est avec grande peine que je suis parvenu jusqu'ici. Mais si j'en suis arrivé là, c'est grâce à Chrys. Sa force, sa combativité est telle qu'elle me donne envie de croire en moi. Et puis aussi, il y a cette connexion. Je la sens battre en moi, je la distingue malgré moi. Je ne pensais plus qu'un jour, je pourrais la toucher. A présent, loin de moi l'idée de ne plus jamais poser mes lèvres sur elle, de rester éloigner d'elle. De la douceur de sa peau, de la chaleur de ses baisers, de notre corps à corps un peu partout dans ma chambre.

C'en est si vital que je ne parviens plus à voir ma vie sans elle.

Mon cœur, est-ce que tu veux bien me réparer ?

Je détourne mon regard vers elle. Chrys est étendue sur mon lit, simplement soutenue par son coude. Elle m'observe silencieusement, le temps que je me décide de lui faire part de ma perdition. Voudra-t-elle toujours de moi malgré mes ténèbres ? Je me redresse légèrement, je rampe sur le matelas pour sentir la peau délicate de son bras sur mon visage. J'évite de trop frotter mon nez blessé et laisse les tissus de sa chair me caresser la joue.

-        Raff...

Son chuchotement me donne des frissons. J'attrape sa main libre pour l'enfouir dans mes cheveux, je soupire de contentement une fois que ses doigts me chatouillent délicieusement le crâne. Son toucher me détend, je résiste à l'envie de m'assoupir contre elle. Je n'ai pas terminé.

-        Je ne sais pas si j'aurais la force, Chrys.

-        Tu y arriveras, mon loup. Tu es plus fort que tu ne le crois.

Je passe un bras autour de sa taille pour la rapprocher de moi. Mon vieux tee-shirt qu'elle a enfilé mélange nos deux odeurs, je respire tant bien que mal le sien dans le creux de son cou tout en glissant une main sous son haut. Son corps appelle le mien. Je le sens dans sa façon de se secouer, ça me rend fou de savoir que mon effleurement ne la laisse pas indifférente. J'ai envie lui faire l'amour, de tout ce qui est en mon pouvoir pour lui faire plaisir, et tout mon organisme tremble de désir pour elle. Si seulement, elle ne voulait pas qu'on parle de moi, il y aurait longtemps que j'aurais écouté mes envies.