NOUS Au-delà des envies

Sentiments contraires (2)

Je relâche Emilie en la rassurant d'un regard et replace quelques mèches derrières ses oreilles. Ses lèvres se tordent en une véritable grimace, comme si elle craignait de revoir Maxim et de ce qu'ils avaient à se dire. Mes caresses sur son visage la détendent peu à peu, même si j'entends de l'autre côté les quelques paroles que s'échangent Chrystal et mon meilleur ami. Emie les distingue également, mais ses yeux encore un peu rouges m'explorent tout entier, à la recherche d'un quelconque apaisement. Ses mains se perdent dans ma petite barbe brune, elle pique un peu, mais elle ne semble pas en tenir rigueur, ce qu'elle veut c'est que je la rassure :

-        Parlez calmement et tout ira bien, d'accord ?

Elle hoche frénétiquement la tête, nerveuse. Je lui claque alors un baiser sur le front et me relève doucement. Je me tourne vers l'encadrement de la porte, là où Maxim apparait dans notre champ de vision avec Chrys. Je laisse mes yeux se perdre dans ceux de la jolie métisse un instant, et remarque son petit air chiffonné. Je fronce les sourcils avant de me rabattre sur mon meilleur ami.

Il a une sale gueule. Et elle est pire que la mienne.

Son œil blessé a désenflé, mais son hématome tout autour a viré au noir. Quand je me rapproche de lui, je m'aperçois que le blanc de ce dernier est devenu totalement rouge. Rouge sang. Il aurait pu perdre un œil avec ses conneries, mais heureusement pour lui, il ne s'agit que d'un afflux de sang à la suite du coup que lui a rendu son adversaire. Sa joue a aussi dégonflée, seulement elle est toujours aussi violette. Sa lèvre fendue se met à trembler perceptiblement alors qu'il tente un sourire.

Lui aussi voit que j'ai une sale tête, mais elle n'en sera jamais pire que la sienne.

D'un soupir, je l'attrape par les épaules et le serre contre moi. Il pue le tabac froid, mais je n'en ai que faire : mon frère a besoin de moi. Je le vois, je le sens. Son isolement n'a pas été très bon pour lui, il n'est pas fait pour rester seul. Il a dû s'intoxiquer à force de cogiter et de fumer, seulement il est là. Toujours là. Et s'il est venu jusqu'ici, c'est pour se faire pardonner, parce qu'il sait qu'il a déconné. Je lui donne une légère tape dans son dos, il se met à rire et en fait de même avec moi. Je lui chuchote :

-        Content que tu sois venu.

-        Je ne suis qu'un con, et tu le sais.

Je le relâche pour le regarder droit dans les yeux :

-        Non, tu es mieux que ça et tu le sais.

Il me sourit maladroitement, ne sachant pas quoi dire, puis j'entends Emilie nous murmurer :

-        Les garçons...

Je ne me retourne pas, même si Max a un regard désolé envers elle. Je pointe mon doigt sur son torse :

-        Je te préviens, tu te réconcilies avec Emie, ou sinon tu auras affaire à moi.

Cette fois-ci, il me sourit de toutes ses dents. Heureusement qu'il les a encore.

-        T'inquiète, je ne suis pas venu les mains vides.

Il tapote son blouson pour me signifier qu'il a apporté un cadeau pour notre meilleure amie en guise de paix. Je lui rends alors son sourire. Pour ça, je sais que je peux compter sur lui, il fera toujours tout pour recoller les morceaux. Je lui donne une légère tape à l'épaule pour l'encourager à se faire pardonner et décide de le laisser seul avec elle.

Je me pivote vers la table pour attraper mon verre dans la précipitation et adresse un petit clin d'œil à Emilie. Cette dernière esquisse une petite mimique et hoche la tête en comprenant que je vais les laisser parler en tête à tête. Je retourne alors sur mes pas et rejoins Chrystal qui est restée à l'écart. Mais elle ne me regarde pas, elle a les yeux rivés sur les cadres accrochés sur les murs. Je dis alors, comme pour la faire réagir :