Méchante cuite (1) ✔

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Raffael

Dimanche 23 Septembre 2018.

Lille (France), dans une chambre encore inconnue.


Je suis réveillé par un corps chaud qui gesticule dans mon dos, ce qui me fait grogner dans mon sommeil. J'ai la tête qui tourne, la langue horriblement sèche. Je mets un temps à comprendre quel jour nous sommes, mais surtout où est-ce que je suis. J'ouvre un œil avant de le refermer aussitôt dans un gémissement de douleur. Ma tête vient d'exploser. Littéralement. Ce misérable petit rayon de soleil vient de m'assommer, il martèle mon crâne si intensément que je peine à garder les yeux ouverts.

C'est aussi douloureux qu'un coup de batte en plein poire. Je n'en ai jamais reçu, encore heureux, mais la sensation dans mon crâne en est presque identique. La douleur s'accentue quand le lit grince. C'est beaucoup trop fort. Ça en est limite assourdissant. Je me mets à couiner comme un petit chien apeuré avant de réaliser pour la première fois que je suis sur un lit. Rien d'alarmant à priori, sauf que ce n'est pas le mien.

Les paupières closes, je palpe nerveusement le drap housse sur lequel je suis allongé. Je ne reconnais pas du tout l'odeur de cette lessive qui en est imprégnée. Je m'interroge d'autant plus sur le lieu où je me situe, mais tout ce que mon cerveau parvient à m'indiquer à cet instant est :

Alerte ! Alerte ! Méchante gueule de bois détectée ! Soirée arrosée confirmée ! Chambre non identifiée !

Opération souvenir en cours...

ERROR 404.

J'ouvre doucement les paupières quand ça bouge de nouveau derrière moi. Je ne suis pas seul dans ce lit. Je me rends compte avec un léger retard que je suis totalement nu sous cette fine couverture jaune. Je baisse les yeux vers mon ventre découvert, là où une main est posée. Je n'ai aucun indice quant à son propriétaire, mais l'odeur de sexe qui règne dans la pièce me met la puce à l'oreille.

Je crois que j'ai déconné.

Je m'efforce à fouiller dans mes souvenirs de la veille, quand bien même ce mal de crâne intempestif me fait redoubler d'effort, mais tout ce que je parviens à me rappeler est cette invitation que j'ai reçue pour l'anniversaire de Romane, une très bonne amie d'Emilie. Je dois me trouver chez elle. Je le pense, je le crois, j'en suis sûr. Je me revois encore me préparer avec mes colocataires, Max a pris un malin plaisir à me décoiffer alors que j'ai mis un temps fou à relever certaines mèches sur mon front. Quel enfoiré ! On s'est chamaillé avant de partir et ensuite on a pris le métro.

Je gémis en massant mes tempes. Ça cogne encore. Ça m'assomme pratiquement. Mais je n'abandonne pas, je cherche continuellement dans mes songes. Des bribes s'assemblent soudainement et m'éclairent dans ce noir absolu : karaoké, musique, bière-pong. J'entends le son lointain d'un morceau des OneRepublic. I Lived, si je ne me trompe pas. La chanson résonne dans mon être, elle s'en répercute à mes oreilles comme un magnifique écho. La mélodie fait dresser les poils sur mes bras. Je l'ai chantée, oui. J'ai adoré le faire. Ça, je m'en souviens parce que ça m'a fait vibrer.

Maintenant que je l'ai dans la tête, je me concentre vers le bière-pong. Ce dernier souvenir est malheureusement flou. J'écoute les rires de ce moment, les cris de défaite comme de victoire et je discerne aussi ces mots :

Tu as encore perdu, Raff ! Enlève ta chemise ! C'est le pari !

Je ne reconnais pas cette voix. Je l'ai sûrement imaginé. J'ai certainement avalé des shots de bières. Beaucoup même. Je me délecte de la saveur d'un alcool sucré, je ne sais plus lequel, peut-être du rhum ? J'ai encore le goût sur les lèvres, ça doit être ça.

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