Épilogue : Seconde chance

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Média : Angus & Julia Stone: Heart Beats Slow

Chrystal

Mardi 15 Janvier 2019

Lille (France), dans la chambre étudiante de Chrystal.


-          Raffael ! m'écrié-je en ouvrant la porte de la salle de bain, dépêche-toi, on va être en retard !

Je discerne son cri d'approbation en dépit de cette eau brûlante qui ruissèlent dans la cabine de douche, je pousse un soupir consterné à l'entente de son petit rire parce qu'il a failli glisser en raison de toute cette flotte sous ses pieds. Il n'est pas croyable...Je referme la porte derrière moi et me dirige vers la cuisine pour me verser un verre de lait, puis je songe à ma toute nouvelle vie.

Elle est devenue magnifique à ses côtés, même si ce n'est pas facile tous les jours. Mon cœur se fissure continuellement lorsque je pense à ma mère et à sa disparition, mais il se remodélise à chaque fois quand il me tient entre ses bras, m'apportant tout son amour, son réconfort et sa sérénité. Et c'est tout ce dont j'ai besoin, actuellement, pour apprendre à me reconstruire après son décès : qu'il soit toujours auprès de moi pour me rendre heureuse.

Et Dieu sait à quel point je le suis à ses côtés !

Cela ne fait qu'une semaine que j'ai retrouvé Raffael, pourtant j'ai le sentiment d'être avec lui depuis des années, quand bien même je découvre peu à peu son caractère qui m'était autrefois inédit. Il a changé, il me divulgue cette part en lui qu'il craignait dévoiler au grand jour, je mentirais si je disais que je ne profite pas de cette nouvelle attitude, qui m'affecte tout particulièrement. Je n'imaginais pas un seul instant qu'il pouvait se montrer aussi romantique et sensible, avec un soupçon d'une attention spécialement touchante.

En l'espace de quelques jours, Raffael m'a offert un énorme bouquet de fleurs à ma sortie d'école, qui trône encore fièrement sur ma table à manger, ainsi que cet ours en peluche qui serre un cœur contre sa poitrine, et qui se convient très bien sur mon chevet. Pour mon plus grand bonheur, il me chante quelques vers qu'il a lui-même écrit pour ma personne, et me répète chaque seconde, oralement ou non, son amour pour moi. A l'occasion de certaines de nos sorties, il me présente dès qu'il le peut à tout le monde comme étant sa petite-amie ; il me câline et il m'embrasse plus souvent en public et n'hésite pas à me prendre par la main lors de nos balades en amoureux.

Et bien évidemment, je lui retourne ses gestes et ses compliments pour qu'il sache lui-aussi à quel point je l'aime.

Nous nous sommes vus tous les jours, et nous trouvons toujours un moyen pour nous voir, ne serait-ce que quelques heures lors de la pause déjeuner ou le soir avant de se coucher. Raffael s'incruste très souvent dans mon appartement et s'endort fréquemment contre moi, il ne râle plus quant à la médiocrité de mon petit lit puisqu'il adore sommeiller à mes côtés ; et il n'est pas le seul. J'aurais pu le trouver collant, les premiers jours, mais il n'en est rien : je savoure chaque moment que je passe avec lui et je ne demande que ça. Sa présence apaise ma douleur encore bien omniprésente, et lorsque je me sens triste ou particulièrement vide, je trouve systématiquement mon réconfort entre ses bras. Grâce à lui, grâce à nous, j'arrive à supporter mon deuil et je pleure moins en songeant à maman.

Un sourire nostalgique collé à mes lèvres, je dépose mon verre dans l'évier puis je me tourne vers Raffael au moment où il m'appelle dans le couloir. Je découvre sa tête encore bien humide tandis qu'il me sourit de toutes ses dents :

-          Mon cœur, j'ai oublié mes fringues dans mon sac, m'informe-t-il, pas gêné pour un sou.

Je secoue la tête de droite à gauche et me déporte jusqu'à mon armoire où il a déposé son sac de cours, où ses vêtements de rechanges y sont empilés. Je souffle du nez lorsque je le lui donne :

NOUS Au-delà des enviesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant