Comme un air de déjà-vu

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Raffael

Dimanche 16 Décembre 2018

Lille (France), à l'appartement des garçons.

Deux jours sans elle, quarante-huit d'heures loin d'elle, d'une séparation à plus de quarante kilomètres, j'ai l'impression que ça fait une éternité que je m'isole dans cette putain de piaule, et pourtant non, ça ne dure que depuis hier matin. Depuis que je l'ai raccompagnée jusqu'à la voiture de son grand-frère, depuis cette toute dernière fois que j'ai posé mes lèvres sur les siennes. Dès la minute où elle est montée dans sa caisse et que Medhi a démarré pour décoller du trottoir, je me suis senti vide, tellement vide que j'en ai pleuré à peine rentrer chez moi.

Est-ce que j'imaginais qu'elle allait autant me manquer ? D'une certaine façon, oui, mais je ne pensais pas que j'allais vraiment me sentir aussi incomplet.

J'aurais pu l'accompagner, c'est vrai, mais par ma faute, par mes foutues obligations, je n'ai pas pu. Je devais faire ma valise pour mon séjour en Californie, au lieu de ça j'ai voulu passer le plus de temps en sa compagnie ces derniers jours. Je me suis incrusté chez elle pour me faufiler dans ses draps, j'ai senti de maintes et maintes fois l'odeur de son corps, j'ai admiré à chaque instant son sourire, je l'ai embrassé comme si c'était la dernière fois que je la voyais. Je le regretterais presque si ce n'était pas les plus beaux jours de mon existence. Et bon sang, oui, chaque minute passé à ses côtés a compté. Trop compté. Si bien que j'ai un terrible avant-goût d'inachevé. J'ai le sentiment de ne pas avoir assez profité de sa présence, tellement cette semaine a défilé d'une vitesse incroyable.

Putain, qu'est-ce qu'elle me manque !

Ce mot est clairement un euphémisme de ce que je ressens à ce moment-là. Et le fait que je pense à elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre n'arrange en rien à la situation, même lorsque je m'interroge sur ce qu'elle est en train de faire à l'heure actuelle.

Je m'allonge à côté de ma valise en soupirant. Je fixe un instant le plafond blanc de ma chambre, bien qu'il soit assombri par la nébulosité de la nuit. Je songe à la toute dernière soirée que j'ai passée avec elle. Je revois son sourire resplendissant, ses yeux noirs étincelants, les premiers instants à deux comme avec nos amis les plus proches. Mes souvenirs éclairent un peu plus mon esprit égaré, ils ravivent une petite ardeur, mais elle est suffisante pour me donner ce courage qui me faisait tant défaut.

Essentiellement cet instant où je lui ai offert ce collier qui me tenait vraiment à cœur.

Je n'oublierai jamais cette expression qu'elle avait sur son visage. De la stupéfaction, mais pas seulement, un grand désarroi mêlé à de l'affection. Ou plutôt son amour, comme elle me l'a souligné plus tôt.

Dans un petit rire, je l'emmène jusque dans ma chambre. Les filles sont enfin rentrées chez elles, il ne reste plus que mes colocs, moi et Chrys. Je referme la porte dans mon dos alors qu'elle retire le bonnet du père Noël.

- Alors, cette soirée ? m'enquiers-je aussitôt, tu as aimé ?

Elle opine dans un de ses beaux sourires.

- Magique, comme Emie nous l'avait dit.

Elle effleure le pendentif d'un geste purement instinctif, ce dernier tombe pile poil sur la naissance de ses seins et la couleur argentée de la chaine ressort sur sa peau mordorée. J'ai vraiment bien fait de le choisir quand je suis passé dans cette bijouterie accompagné de ma meilleure amie. Et nom d'un chien, le fait qu'elle l'adore me donne cette sensation d'être le plus heureux des hommes.

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