Je me réveille dans le noir absolu, sans réelle raison apparente. A part peut-être ce changement d'environnement qui ne plait sans doute pas à mon cerveau, trop obnubilé par mes petites habitudes. Quoiqu'il en soit, je change de position pour me retrouver sur le côté droit, là où je dois faire face à Raffael, si ce dernier ne me tourne pas le dos dans son sommeil. Je tapote mon oreiller à l'aveuglette et redresse ma jambe, seulement je me rends compte avec un léger temps de retard que je n'effleure absolument pas le corps chaud de mon petit loup.
J'ouvre un œil, perturbée par ces draps qui me semblent bien froids, et le découvre assis sur le rebord de son matelas, m'exposant par ce biais son dos nu en dépit de la pénombre bien omniprésente. Je me redresse sur un coude tout en arquant un sourcil, je me sens encore comateuse par mon indolence et mon bras me semble complètement ankylosé.
- Tu ne dors pas ?
Son corps tressaute à mon appel, il tord légèrement le cou pour me jeter un regard oblique.
- Non.
Il passe une main dans sa tignasse pour en gratter le cuir chevelu puis il pousse un long soupir.
- Je n'y arrive pas.
Il baisse la tête, mais je ne parviens pas à lire l'expression de son visage, je décide donc de m'extirper de la couverture pour aller le rejoindre. Je me glisse à sa droite et laisse ma poitrine nue lui frôler le bras. Sa réaction est immédiate. La peau de sa nuque se granule alors que ses poils se dressent. Je le vois même frissonner. On pourrait croire que son corps est en manque, pourtant il y a encore quelques heures, on a fait l'amour dans sa chambre d'adolescent. Je suis complètement subjuguée par ses réflexes à mon simple toucher, comme les miens au sien. C'est fou ce que notre connexion a amplifié depuis une semaine, c'est bien plus que mécanique, c'est totalement psychique.
Je soulève délicatement les mèches brunes qui se sont collées sur son front moite. Il a chaud.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
Je lui embrasse l'épaule tandis qu'il ferme étroitement les paupières, je roule un peu plus vers lui pour sentir sa peau contre la mienne. Ma main descend de ses cheveux pour atterrir dans le haut de son dos, je lui caresse tendrement l'omoplate pour l'encourager à me dire ce qui le tracasse. Je pressens que son insomnie est vraisemblablement liée à son état de santé psychologique, que s'il n'arrive pas à fermer l'œil pendant des heures, c'est parce qu'il pense trop et que quelque chose a réussi à s'infiltrer dans son esprit pour que ça l'empêche de trouver une certaine sérénité. Comme toutes les autres fois où il faisait semblant de dormir à mes côtés.
J'aimerai juste qu'il me dise ce qu'il essaie de taire, parce que je vois bien qu'il me cache quelque chose. Depuis dimanche dernier, en réalité.
- C'est cette chambre, finit-il par m'avouer, je n'arrête pas de penser à lui et ça me tue, putain.
A ses mots, il se recroqueville presque pour cacher son visage entre ses mains. Ma paume remonte vers sa nuque pour masser ce petit muscle qui me semble bien tendu, je l'entends soupirer d'aise, comme à chaque fois que j'étends mes doigts sur son corps bien contracté.
- Pourquoi ? Tu as des souvenirs qui te reviennent, c'est ça ?
Il hoche la tête en se redressant. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour gommer son passé.
- Bons ? Mauvais ?
- Les deux, tranche-t-il dans un sifflement.
- Et tu n'arrives pas à faire le vide, là-dedans ?
Je lui effleure le haut de son crâne et il me répond honnêtement qu'il en est incapable. Je me redresse pour m'asseoir sur lui à califourchon, il m'interroge du regard tout en haussant un sourcil, mais il ne me repousse en aucun cas. De mon côté, je me sens beaucoup plus à l'aise sur lui que sur ce matelas pas assez mou à mon goût, de plus qu'il me transmet une partie de sa chaleur. J'encercle mes bras autour de son cou et laisse perdre mes yeux dans les siens.
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NOUS Au-delà des envies
RomanceLorsque les envies se mêlent à la passion. Raffael, chanteur d'un groupe de Rock amateur, va faire une rencontre étonnante qui va bouleverser son existence. Au même moment, Chrystal, étudiante en école de danse, ne se doute pas un seul instant que s...