Dure réalité (1) ✔

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Chrystal

Samedi 20 Octobre 2018

Lille (France), chez Adélaïde


Confortablement installée sur le canapé, je regarde distraitement l'émission qui passe à la télévision. Perrine tenait absolument à la visionner parce qu'elle n'en ratait aucune depuis la rentrée. Et en effet, elle semble totalement obnubilée par la diffusion de Danse avec les Stars. Contrairement à moi. Je fixe sans réelle attention ces ombres qui bougent dans cet écran plasma, mes pensées sont dirigées ailleurs et ça ne m'arrange pas vraiment.

Je repense à la série que j'ai matée toute la journée, celle qui m'a fait perdre un temps fou, mais qui m'a donné énormément de fous rires. Mon ventre se tord d'une légère angoisse lorsque je songe à tous ces devoirs qui m'attendent de pieds fermes. Ce n'est pas dans mes habitudes de procrastiner ainsi, ni d'avoir une certaine baisse de motivation, pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé. C'est vrai que je suis en vacances, que j'ai tout mon temps pour m'y pencher là-dessus, néanmoins je sais que la deuxième semaine je serai fort occupée puisque j'assisterai mon ancienne professeure de danse, Mme Martin.

Une petite tape sur le genou me fait sursauter, je lève la tête et croise les yeux verts d'Adélaïde. Mes lèvres se retroussent d'elle-même lorsque je me décale pour la laisser passer, elle se laisse tomber à ma gauche et pose un bol de pop-corn entre mes cuisses.

— C'est sucré, au moins ? lui demandé-je, suspicieuse.

— Bien sûr, chérie, tout chez moi est sucré, tu le sais bien pourtant.

Je me mets à glousser alors qu'elle me souffle un baiser de sa bouche rouge.

Depuis quelques jours, Adé adore me balancer ce genre de phrases, tournant mes propres mots dans une allusion coquine. Je joue aussi le jeu en faisant mine de la séduire, si bien qu'un de nos camarades gay, Sullivan, était persuadé qu'on sortait ensemble. Sully a été particulièrement déçu en apprenant qu'on n'était pas lesbiennes, mais il en a beaucoup ri ; et à présent, il n'arrête pas de nous charrier là-dessus.

— Bien sûr, comment est-ce que j'aurais pu oublier, bébé ? minaudé-je en lui décochant un clin d'œil.

Elle me tire la langue tandis que je pioche dans le bol avant de le filer à Suzanne à ma droite. Je jette un coup d'œil vers la blonde de notre bande qui n'a pratiquement pas pipé un mot depuis tout à l'heure. Ce qui est plutôt inquiétant venant de sa part.

D'ordinaire, elle parle tout le temps et souvent pour ne rien dire, seulement, il y a une raison à son soudain mutisme : Maxim. Elle l'a surpris avec une autre fille dans les bras au bar Soultrain. Bien sûr, le fait que le meilleur ami de Raffael se tape presque toute la ville n'est un secret pour personne, à part ma copine qui s'est entichée de lui et qui n'a rien vu venir.

D'après ce que j'ai pu comprendre, ils se sont méchamment disputés à l'extérieur du bar. Elle l'a giflé puis elle est partie en trombe avant d'appeler Adélaïde à la rescousse. Celle-ci a donc proposé de faire une soirée chez elle, profitant que ses parents soient partis voir sa grande-sœur à Paris, pour lui remonter le moral et lui apporter notre soutien. J'ai tout naturellement accepté, la solidarité féminine étant une priorité pour moi.

A l'heure indiquée, je me suis rendue chez mon amie. J'ai fait un gros câlin à Perrine et j'ai essayé de la réconforter alors qu'elle broyait du noir dans son coin. On a ensuite commandé chinois pour le dîner et c'est à ce moment précis que Perrine a ouvert la bouche pour nous demander si on pouvait mettre Danse avec les stars. Ce qu'on a fait après avoir mangé.

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