Sous le feu des projecteurs (2)

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Dès que je croise ses yeux bleus, un énorme sourire barre son visage. Je reste éberluée par son accoutrement, bien extravagant. Mais c'est lui. Tellement lui. Son look n'est que le reflet de sa véritable personnalité : un homme sans complexe, de sa sexualité tout comme de son physique et de son psychisme. Il ne révèle que sa façon d'être dans cette société bien étroite et dévoile sa chaleur comme sa spontanéité dans notre monde. Le petit étudiant mignon et discret laisse place au chanteur. Plus original, plus affirmé, plus beau. Plus lui.

Ce soir, il s'est transformé. Il est devenu un autre homme.

Son haut lui moule parfaitement le torse, aussi limpide que son teint. Quelques coutures bleues lui entourent le col ainsi que la ligne de bouton de sa petite chemisette ; dessus est écrit en grandes lettres de la même carnation : « NY ». Son jeans délavé lui sied à merveille. Il l'a retroussé au-dessus des chevilles de sorte qu'on remarque ses tennis argentés. Une étoile rose décore même l'une d'entre-elles, comme s'il s'était amusé à la crayonner. Mais ce n'est pas tout. Sur son front trône un étrange bandeau rose fuchsia avec une patte de chien d'une coloration plus claire que le reste. Ses cheveux châtains sont relevés, certaines mèches sont mises en arrière pour qu'elles ne viennent pas l'incommoder.

Mais son look n'est nullement l'unique raison de sa métamorphose soudaine. Son regard a quelque peu changé, une lueur d'assurance s'écoule dans ses prunelles azurées. Elle miroite à travers les portes de son âme, elle pétille, vibre et ne démontre que son aisance de monter sur scène. Il est très sûr de lui. Pas comme dimanche dernier où il avait fait une méchante crise. Cet incident, c'est de l'histoire passée. Il a suffisamment confiance en lui pour être sous le feu des projecteurs et se faire acclamer par son public. Il sait qu'il a du talent et le fait savoir par sa présence inopinément charismatique.

Raffael n'est pas mignon cette nuit. Non. Il est absolument divin.

Mon cœur redouble d'intensité, ma respiration devient irrégulière, ma bouche est restée ouverte pendant ma contemplation. Je la referme après m'en être rendue compte. Il ne manquerait plus que j'ai réellement de la bave sur mes lèvres et ça attesterait que je suis bonne pour faire partie de ses groupies.

- Tu es magnifique, p'tit chat ! commente Emilie en sortant de son petit coup de gueule.

Il se tourne vers sa meilleure amie avant de s'incliner élégamment devant elle, posant une main contre son ventre et l'autre roulant vers elle. J'éclate de rire avec Emie avant de renchérir :

- Fait gaffe, Raff, tu rayonnes tellement que tu risques de nous aveugler une fois sur scène !

Il aspire sa lèvre inférieure à mon commentaire, ses joues se colorent brusquement. Il penche la tête à mon égard :

- Tu me flattes, Chrys. Toi aussi, t'es une bombe.

Je secoue la tête. A côté de lui, je suis aussi sombre que la nuit tandis qu'il brille comme le jour. Il est cette belle étoile dans ce ciel obscur, cette douce lumière dans la noirceur. La star en cette veillée, c'est lui. Pas moi.

- Alors, qu'est-ce que tu en dis ? reprend-t-il en levant les bras comme pour montrer sa salle, c'est pas mal, non ?

- Vous êtes gâtés ! Vous avez même un petit coin à votre disposition et des casiers ! Si ce n'est pas trop beau ça ?

Son sourire s'agrandit, il sautille presque jusqu'à moi pour me rejoindre sur le banc. Son bras effleure le mien et je sens qu'il pose une main chaude sur la mienne :

- Tu as vu la scène ? s'enquiert-il, le regard rêveur.

Je hoche le menton.

- Elle est gigantesque.

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