Prunelle des yeux (2) ✔

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Les mains chargées de bouteilles remplies de soda, j'essaie de me frayer un passage jusqu'à la salle à manger. La cuisine est un peu encombrée comme la fête d'anniversaire d'Helena est dans à peine un quart d'heure, et bien évidemment : la principale concernée n'est toujours pas prête. C'est donc moi qui m'occupe de la corvée à savoir : mettre la table, préparer les apéritifs dans un coin de la salle et essayer de faire de la place pour que tout le monde puisse s'y installer sans difficulté.

La maison de maman n'est pas bien grande. Le living-room se trouve entre la cuisine fermée et le petit salon, on est obligé de passer par là pour aller grignoter quelque chose ou faire un tour dans le jardin. Une grande table trône en plein milieu de la pièce avec six chaises, seulement ce soir, les assises de la cuisine ainsi que celles que mon oncle nous a prêtées cet après-midi complètent la salle à manger. Je manque donc de me ramasser la figure en essayant d'éviter tous les obstacles jusqu'au meuble du fond pour poser tout mon bordel dans mes bras.

Je jure entre mes dents en shootant sur le pied d'un tabouret et fusille ce dernier du regard avec l'intime conviction que ma sœur a fait exprès de le mettre dans mon chemin pour que je me casse la gueule. Fabien se précipite vers moi, les yeux écarquillés, je me tends comme un piquet alors qu'il me débarrasse de toutes ces bouteilles qui sont à deux doigts de dire bonjour au carrelage.

— Laisse, je m'en occupe ! me dit-il, un peu stressé. Je crois qu'Angel a mis les alcools dans le garage.

Je l'observe calmement pendant qu'il attrape le bouchon du coca cola et repense à ce midi. Tout compte fait, je crois que je l'aime bien, même si je l'ai totalement ignoré au début du repas. Quand maman et Lena étaient parties chercher leur déjeuner, elles m'ont laissé seul avec lui. Je me suis donc réfugié sur mon téléphone pour empêcher tout contact visuel avec Fabien en passant mon temps à répondre à mon meilleur ami qui me harcelait de textos. Au bout de quelques minutes de silence, le compagnon de ma mère en a eu assez de mon indifférence et m'a pris entre quatre yeux pour me dire :

— Ecoute-moi bien, jeune homme, je sais que je ne suis pas ton père, mais je n'apprécie pas du tout ton comportement envers moi. J'aime beaucoup ta maman et je ne lui ferai jamais de mal. Ce n'est pas en m'ignorant ou en faisant comme si je n'existais pas que je vais disparaître de sa vie. Parce que je compte en faire partie, que tu le veuilles ou non.

Je l'ai regardé avec des grands yeux alors qu'il continuait sur sa lancée :

— Tu peux faire l'insolent avec moi, y'a pas de problème. Des gamins comme toi, j'en gère plus que tu ne le crois. Je sais que vous n'avez pas eu un passé facile, que vous avez affronté des tempêtes ensemble, mais laisse-moi au moins une chance pour te prouver que je tiens beaucoup à ta mère.

J'ai soupiré, mais je n'ai pas détourné mon regard de lui. Il n'a nullement cillé à mon attention pour me démontrer que je ne devais pas me méfier de lui. J'ai bien compris qu'il appréciait beaucoup maman alors j'ai haussé les épaules :

— D'accord...

D'un sourire, il m'a tapoté mon bras. Son geste et sa proximité m'ont fait sursauter tout comme ils m'ont fait raidir sur ma chaise.

— Merci beaucoup, Raffael, je ne te décevrais pas. Tu peux me croire.

— C'est la prunelle de mes yeux, donc vous avez tout intérêt à tenir parole.

C'est à ce moment-là que ma mère et ma sœur ont décidé de faire leur apparition, ce qui a clôturé cette discussion puisque je suis aussitôt parti pour chercher mon propre repas.

Je le laisse alors me prendre les boissons des bras et les reposer sur la table. Je le remercie d'un hochement de tête avant de pivoter les talons. Je passe par le salon et le vestibule avant d'entrer par la porte qui nous mène directement au garage. J'attrape les différents alcools sur les étagères pour les mettre dans une grande caisse, dont plusieurs bouteilles de champagne ainsi que du sirop alcoolisé comme je sais que plusieurs invités raffolent du kir. Je pose la boîte garnie sur la table, une fois revenu dans le séjour.

NOUS Au-delà des enviesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant